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Chronique : Le bal d’un malaise régional

Publié le vendredi 10 février 2012 à 00h31min

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Si la situation continue à se dégrader dans la sous-région ; il est fort probable que la bonne parole apportée par la Banque mondiale concernant la croissance de l’Afrique de l’ouest ne se mue en une illusion. Ce qui serait de prime à bord désolant. Car, il est reconnu que la croissance, le progrès, se bâtit et s’acquiert dans un environnement sécurisé et paisible. Or manifestement, c’est loin d’être le cas pour bon nombre de pays de la région, excepté le Ghana et la Côte d’Ivoire, qui se relève d’une guerre civile ayant paralysé son économie en 2011. Il est donc un secret de Polichinelle de dire que la région va mal. Plus que jamais, le risque que la région sombre dans un chaos indescriptible est pesant.

Boko Haram par ci, rébellion touarègue, crises politique et sociale par là, tous les ingrédients semblent réunis pour que ce cocktail explosif déchaîne ses composantes dans l’espace. Pas plus tard qu’avant-hier, c’est la secte Boko Haram qui défrayait la chronique par sa haine viscérale et incompréhensible envers la communauté catholique au Nigeria. Le bilan macabre des affrontements intercommunautaires et religieux dans ce géant d’Afrique a fait des centaines de morts. Des victimes innocentes sacrifiées sur l’autel de l’intolérance et de l’extrémisme religieux. Partout, on a l’impression que les positions se radicalisent. A telle enseigne, qu’on se demande où est passée la tradition de dialogue reconnue aux africains.

Les blessures commises par la secte islamistes sont encore vivaces et douloureuses. Loin d’être pansées, ces plaies se sont propagées comme une trainée de poudre au Sénégal. Et voilà une autre qui crise éclate dans la région. Cette fois, c’est par le truchement de la politique que la pomme de discorde sème sa terreur, laissant ce pays, jadis stable, s’illustrer tristement dans le déclin. Il vient de rejoindre la liste des mauvais élèves de la démocratie. Longtemps cité comme un modèle de démocratie, le Pays de l’éminent poète Senghor sombre dans la violence suite à la validation de la candidature de Me Wade à la présidentielle. Comme d’habitude, c’est toujours le même refrain. Tandis que l’opposition râle de colère, arpente les rues pour se faire entendre ; le pouvoir reste sourd et se prépare allègrement à fêter sa victoire. Qui l’eut cru, le Sénégal qui plonge dans la violence et la contestation !

Il faut dire que ces récents événements ont sérieusement sapé l’image de la démocratie sénégalaise. Et, ce sont des acquis démocratiques engrangés depuis plusieurs décennies qui ont été remis en cause. Alors que la question sénégalaise demeure en suspens, c’est le Mali qui entre à son tour dans la danse avec des combats dans le Nord, depuis le 17 janvier ; entre l’armée malienne et les rebelles du MLNA (le Mouvement national de libération de l’Azawad). Conséquence immédiate : des afflux de réfugiés vers le Burkina qui sort d’une crise aiguë en 2011. Avec des récoltes moyennes et un tiers de communes déclarés en situation de famine, l’arrivée de ces immigrés de guerre va exacerber sans conteste la crise céréalière. Sans oublier qu’au Niger, un scénario à la malienne n’est pas à exclure.

La crise, du moins, la rébellion, y est latente... Au Burkina, il est difficile d’affirmer que l’orage est totalement passé. Il y a un sentiment de radicalisation qui se dégage malheureusement. Pour un rien, des citoyens qui s’estiment lésés choisissent de se rendre justice par le recours excessif à la violence. Sinon comment expliquer qu’un simple meeting suivi de marche qui se voulait pacifique finisse par dégénérer en jets de pierres sur la mairie et finalement l’incendie de la maison d’une députée à Tougan. Des tels comportements sont à proscrire dans la République. D’autant qu’une nouvelle vague de violence ne fera qu’empirer la souffrance des uns et des autres, accentuer la cherté d’une vie déjà chère. Les burkinabé ont plus à gagner en modérant leur ardeur au lieu de laisser libre cours à leur instinct grégaire. C’est dire donc que la situation est instable dans la région. Et les risques sont élevés et multiformes ; dans la mesure où les problèmes sont ondoyants et divers.

Même les situations togolaises et béninoises demeurent précaires et fragiles. Car les changements de générations sont en train de s’opérer avec beaucoup de risques. A tel point que c’est devenu, une équation à géométrie variable, qu’il faudra pourtant, tôt ou tard, résoudre.

Saturnin N Coulibaly

Le Pays

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