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INSECURITE AU BURKINA : Un débat national s’impose

Publié le jeudi 9 février 2012 à 02h59min

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Le Burkina Faso fait face à une recrudescence de braquages. Plus aucune région n’est aujourd’hui épargnée. Comme au bon vieux temps du « Far West » américain où les diligences échappaient difficilement aux « hold up », l’insécurité frappe sans distinction.

Les attaques survenues récemment dans le Mouhoun, montrent que les bandits n’ont peur de personne. Simples citoyens ou députés, fonctionnaires, travailleurs du privé, particuliers ou paysans, fortunés ou démunis, toutes les cibles conviennent aux bandits. Ils les dépouillent de tout, indifférents au statut des uns et des autres. En tout cas, ça rapporte aux agresseurs, même s’il faut que des victimes y laissent la…peau ! Or, des « sheriffs » intrépides et soutenus, ça n’existe pas dans nos contrées !

Le malaise qui va, grandissant est à situer dans le contexte de notre société en transition au triple plan démocratique, démographique et technologique, avec de sérieux défis à relever ! L’audace des bandits peut s’expliquer dans le contexte du Burkina marqué du sceau de l’impunité généralisée, d’un abandon de valeurs ayant pourtant fait naguère la fierté de ce pays. Celui-ci fait, à présent, face à des fuites de responsabilité, au culte aveugle de la médiocrité au détriment de celui de l’excellence officiellement célébrée. Un contexte d’ostentation au point de prendre en otage la vie dans les familles et dans bien d’autres institutions. Ce contexte, les bandits le connaissent, et ils l’exploitent à leurs fins.

Combien de parents sont-ils recommandables aujourd’hui ? Combien constituent-ils encore des modèles aux yeux de leur progéniture ? Quelle image les acteurs politiques et économiques donnent-ils d’eux-mêmes de nos jours ? Le Faso souffre depuis des années de mal gouvernance qu’on croit pouvoir gérer par des réformettes à la petite semaine. Ce pays manque atrocement de transparence dans la gestion des fonds publics, et les injustices sociales y sont flagrantes. Du fait de la mauvaise répartition des fameux fruits de la croissance, les disparités sont devenues criardes entre les régions, les villes et les campagnes. L’enrichissement illicite sur fond de corruption révolte, tant le clientélisme, la concurrence déloyale, le laissez aller, la courte échelle, la médiocrité ont pignon sur rue. Qu’attendre alors des jeunes sans emplois, après des années d’études sans débouchés, des licenciements abusifs de parents tout aussi désemparés ? Que dire de ces familles affamées parce que les champs ont été hâtivement transformés en parcelles, fermes et domaines pour plus riches. Des années ont passé, mais l’on se souvient toujours des équipements et des moyens technologiques « new look » et performants, présentés à l’opinion à grand renfort de publicité. Quel bilan donc, longtemps après les démonstrations ? A-t-on fait une évaluation des stratégies adoptées ? Mystère et boule de gomme ! Il est vrai qu’on avait avancé que leur coût d’utilisation était exorbitant. Mais alors, pourquoi les avoir commandés ?

Il est vrai que les frontières sont poreuses entre les Etats africains, et que les armes circulent librement d’une zone à l’autre. Ceci, à la faveur de l’excroissance des conflits armés, notamment en Côte d’Ivoire, en Libye, et récemment au Mali, etc. Les trafiquants d’armes ne chôment certainement pas durant les périodes troubles. Les bandits qui écument nos régions, semblent avoir également profité des mutineries au Burkina, lesquelles ont entraîné des licenciements de militaires. Or, il apparaît que d’un bout à l’autre du territoire, les armes légères autant que les armes de guerre circulent sans crainte ! Quel contrôle des armes, lourdes ou pas, exerce-t-on ?

L’inquiétude est grande car le professionnalisme des braqueurs est déroutant. Ils semblent bénéficier d’un réseau d’informateurs bien organisé et suffisamment avisé pour leur assurer de bonnes prises, les faire disparaître rapidement dans la nature, sans laisser de traces. Ils n’ont peur de rien car, ils disposent de moyens plus puissants que les services officiels. Ces derniers sont toujours aussi démunis que les agents commis à la tâche d’assurer la protection des personnes et des biens !

Certes, il y a eu des acquis avec notamment l’avènement de la police de proximité. De nombreux délinquants ont été pris. On a, maintes fois, renforcé les capacités au niveau du personnel et des structures de défense et de sécurité. Mais les actes déplorables n’ont pas cessé. Par ailleurs, le recours au numéro vert (1010) pour les appels d’urgence, rencontre des difficultés. La ligne n’est pas toujours aussi fonctionnelle. L’infortuné qui l’utilise, court aussi le risque de se faire buter avant que les forces d’intervention n’agissent, démunies qu’elles sont, comparativement aux malfrats. A l’évidence, à part les opérations coups de poing, on ne sent pas bouger grand-chose. On ne parvient toujours pas à protéger le contribuable des forces du mal. Que fait-on donc de son argent ? Quelle est cette politique de sécurité dont le contribuable peine à voir les résultats ? Le ministère de la Sécurité a-t-il les moyens de sa politique ? Sans conteste, il y a des choses à revoir.

En particulier, une concertation paraît urgente entre pays voisins, le mal n’étant plus local, provincial, régional ou national ! Il est transfrontalier ! Et il y a des enjeux au plan économique, financier et politique, des bandits pouvant tenter de faire disparaître un jour des cargaisons entières de marchandises et du carburant, etc. De quoi alors décourager les importateurs et les exportateurs ! Or, enclavé, le Burkina Faso se veut pays de transit et de services ! Et le mal y dépasse l’entendement, en étendue comme en rapidité d’action, et aucun axe n’est épargné ! La sécurité, a-t-on coutume de dire, n’a pas de prix. Pourquoi ne pas prendre le taureau par les cornes et revoir les stratégies mises en œuvre ? Il faut se donner les moyens de faire face à l’épidémie d’attaques armées qui menace le présent et l’avenir du Faso. Pourquoi ne pas associer les populations à la définition, à la planification, à l’exécution et à l’évaluation de toute politique nationale de sécurité ? Il faut le répéter : le Burkina Faso se meurt du fait de l’égoïsme, de l’indifférence et de l’intolérance de quelques individus. La vie est devenue précaire, avec la situation d’insécurité qui y prévaut. Or, les politiques nationales de sécurité en vigueur, ne semblent pas convenir. En raison des drames qui surviennent de temps à autre, l’efficacité des stratégies adoptées mérite d’être requestionnée ! Un débat national s’impose alors pour sortir du chemin sans issue qui a été emprunté.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 9 février 2012 à 16:10, par Adolphe En réponse à : INSECURITE AU BURKINA : Un débat national s’impose

    L’insécurité est un phénomène sociale ayant des origines endogènes et exogènes.De ce qui précède,l’insécurité ne saurait être éradiquée mais bien entendu avec l’apport de chaque citoyen partout qu’il se trouve, nos vaillants policiers au Burkina peuvent nous apporter la quiétude.
    Nous nous rappelons toujours des bandits qui ont été inquiété par les CRS à Fada dans les années 2003. Au sahel en appelant au 1010 les gendarmes et les policiers ont inquiétés d’autres malfrats.
    Donc à mon avis,il faut que l’Etat donne les moyens aux policiers et gendarmes mais il faut aussi que la population participe à cette lutte en denonçant les bandits à travers le 17,le 1010,le 80000145 si je ne me trompe pas ce sont des numeros de police et de gendarmes. Good luck

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