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Alfred Sanou, député : " Ceux qui pensent que je suis derrière ces femmes de Léguémalôgô, n’ont qu’à m’en parler en face "

Publié le jeudi 9 février 2012 à 02h56min

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En cette année commémorative des vingt ans d’existence de la législature burkinabè, nous avons rencontré l’honorable député Alfred Sanou, un des élus à l’Assemblée nationale de la province du Houet. Il nous parle du fonctionnement du Parlement, du rôle d’un député et surtout de l’affaire dite de " Léguémalôgô " dans la commune de Bobo-Dioulasso.

Notre Parlement aura 20 ans en juin 2012. En tant qu’élu à l’Assemblée nationale, comment appréciez-vous la législature burkinabè ?

Merci ! Disons que le Parlement burkinabè a fait un très grand progrès. Il est vrai que je suis allé au Parlement en 2002 et j’ai fait un demi mandat, car à l’époque, j’ai remplacé un député. Actuellement je suis à la fin de mon deuxième mandat. Ceci pour dire que j’ai une expérience du Parlement. Il faut reconnaître que notre Parlement a un très haut niveau. Tous ceux qui écoutent la radio du Parlement pensent que c’est dommage qu’on ne puisse pas écouter de Bobo cette radio-là. Tous ces auditeurs disent qu’ils ne savaient pas que les débats avaient un tel niveau à l’Assemblée nationale. Ils apprennent plein de choses sur l’Assemblée. C’est pourquoi, ils souhaitent qu’on puisse écouter cette radio partout au Burkina. Tous les problèmes du Burkina se discutent à l’Assemblée nationale. En tout cas, je suis satisfait du travail de notre Parlement.

Tous les problèmes du Burkina se discutent à l’Assemblée nationale, avez-vous dit. Quels sont les problèmes du pays dont vous discutez le plus ?

Bon, disons que le député vote la loi, consent l’impôt et contrôle le gouvernement. Mais il y a des propositions de lois qui émanent de la population. Bien attendu quand l’Assemblée entreprend l’initiative, ça devient une proposition. Sinon nous recevons beaucoup de projets de la part du gouvernement. Il y a aussi le fait que chaque année on vote le Budget de l’Etat. A cette occasion, tous les ministères passent devant l’Assemblée nationale. Il y a les travaux en commission, qui passent ensuite en plénière. Ensuite il y a le contrôle de l’Etat qui se fait en questions orales et écrites. Il y a aussi les enquêtes parlementaires. Bref, l’Assemblée nationale est très sollicitée par la population. Et elle joue un rôle d’intermédiaire entre la population et le gouvernement. Les gens croient de plus en plus qu’il faut passer par les députés qui posent le problème dans un cadre normal au gouvernement. Et cela va nous éviter les combats dans les rues et les casses inutiles à travers le pays en cas de problème. Car les problèmes de routes, de santé, d’éducation, d’eau…, tout ce qu’il y a comme préoccupations peut se poser à l’Assemblée nationale.

Vous avez fait presque deux mandats à cette Assemblée. Pouvez-vous nous dire comment vous les avez vécus ?

Je dirais que j’ai d’abord appris à connaître l’Assemblée. Il faut y aller pour la connaître. J’ai compris que pour un sujet donné, le travail se fait en commission. Ensuite les différents ministres concernés font leur exposé pour expliquer pourquoi ils souhaitent qu’on adopte telle ou telle loi. Une fois en commission, le gouvernement arrive à bien expliquer aux députés l’objet de la loi. Et une fois la loi adoptée, il y a un rapport que les membres de la commission rédigent et c’est ce rapport qui est lu en plénière, suivi de son adoption par l’ensemble des députés. J’ai donc appris comment une loi est adoptée à l’Assemblée, j’ai également appris pas mal de choses sur le fonctionnement du gouvernement. Même concernant le Budget de l’Etat, je ne savais pas que les choses se passaient comme cela ! On apprend donc beaucoup de choses à l’Assemblée. Et en même temps on sait ce que c’est que l’Etat et ses démembrements.

Vous êtes élu d’une province où les populations vous sollicitent beaucoup. Quels sont les projets réalisés dans la province grâce à votre intervention ?

D’abord il faut éviter cette confusion qui est de penser que les députés réalisent les projets pour leurs populations. C’est le gouvernement qui exécute les projets et non les députés. Le député peut cependant interpeller un ministre si un projet adopté par le gouvernement n’est pas exécuté. Au niveau du Houet, nous essayons d’appuyer le développement voulu par l’Etat dans tous les domaines. Ce n’est pas par notre intervention que tel ou tel projet a été réalisé. Là n’est pas notre rôle. Nous soutenons donc tout ce qu’il y a comme développement. C’est ainsi que nous avons soutenu les projets de bitumage des routes dans la province. Même au niveau de la commune, nous soutenons. Quand il y a des problèmes avec la population, nous intervenons. C’est ainsi que dans l’histoire dite de " Léguémalôgô " avec les vendeuses de légumes, nous les avons rencontrées pour leur faire comprendre la nécessité du déménagement du site.

Avant de revenir sur cette affaire du marché de légumes ; que diriez-vous à ceux qui pensent que le Houet est délaissé en matière de projets de développement ?

Je ne pense pas que la province du Houet soit délaissée. Vous savez, le Burkina est très grand et toutes les provinces se valent. Vous savez, j’ai été maire de la commune de Bobo-Dioulasso de 1995-2000. En ce moment-là, on disait partout que Bobo se meurt, Bobo se meurt ! A l’époque, on avait effectivement l’impression que la ville est délaissée. Alors qu’en réalité ce n’était pas le cas. Disons qu’il y a eu un programme de réhabilitation de la ville, soutenu au plus haut niveau de l’Etat à savoir le président du Faso. Un programme grâce auquel on peut dire que Bobo-Dioulasso et partant le Houet est sur une pente pour son développement. La preuve, nous avons l’un des plus gros barrages du pays qui est en réalisation. Je veux dire le barrage de Samandéni qui sera un pôle de développement pour la province, voire le pays entier. Donc je dirais que la province n’est pas délaissée.

Reparlons du marché de légumes. Concrètement, qu’est-ce que vous avez fait, dans la gestion de cette crise ?

Disons que nous avons été interpellés par les vendeuses elles-mêmes. Et en tant qu’élus de la province, c’est normal qu’elles nous approchent. Nous avons donc essayé de comprendre. Quand on réalisait ce marché en 96 ou 97 par-là, ce sont les vendeuses qui ont nettoyé le site. Et la coopération française a bien voulu nous réaliser ce marché qui nous a coûté 89 millions de francs CFA, si mes souvenirs sont exacts. Elles n’étaient pas si nombreuses au début et ne dérangeaient donc pas la circulation. Vers la fin de mon mandat, leur nombre a augmenté et c’est ce qui a fait que j’ai été contraint à faire de la circulation un sens unique à cet endroit. Malheureusement, mon successeur a voulu déplacer le marché. Il n’a pas pu le faire et le problème a demeuré jusqu’à nos jours. Et comme il fallait obligatoirement gérer cette affaire, le maire actuel a pris ses responsabilités pour faire déguerpir des lieux.

D’aucuns pensent que les femmes révoltées contre le maire actuel sont soutenues par des politiciens. Il y a des gens qui n’hésitent pas à vous citer. Qu’en est-il exactement ?

Bon, ceux qui pensent que je suis derrière ces femmes, n’ont qu’à venir m’en parler en face ! Il n’y a pas de gêne à discuter sur cette affaire. C’est comme je l’ai déjà dit, tout ce qui est comme problème, surtout social dans la province du Houet doit m’interpeller. C’est ainsi que l’ensemble des députés de la province ont été approchés par les femmes dudit marché. Aussi bien les députés de la majorité que ceux de l’opposition. Ensemble nous avons essayé de voir ce qui pouvait être proposé, car ces femmes sont des citoyennes qui mènent une activité vitale de la commune sinon de l’Etat.

Nous sommes dans une année électorale. Il semble que vous voulez rebelotter soit à la mairie ou à l’Assemblée ?

Seule la population peut décider d’élire tel ou tel candidat. Moi je suis dans un parti. Au niveau du Burkina comme vous le savez, les candidatures se font par les partis. Si mon parti décide que je rebelote, je suis disponible pour lui et pour le Burkina Faso. Je souhaite que tous les problèmes soient résolus au niveau de ma province pour que les populations puissent vivre dans l’harmonie, la paix.

Entretien réalisé par Souro DAO

L’Express du Faso

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