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France – Burkina : Bientôt partenaires touristiques privilégiés ?

Publié le jeudi 9 février 2012 à 02h59min

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La France prévoirait de développer la coopération en matière de tourisme avec le Burkina Faso. Si cette initiative doit être saluée, on peut néanmoins douter de sa prochaine concrétisation.

Dans une démarche de coopération, Baba Hama, ministre de la Culture et du Tourisme du Burkina Faso a rencontré son homologue français, Frédéric Lefebvre à Paris le vendredi 3 février. A l’issue de cette entrevue, ce dernier a indiqué que l’ADETEF, opérateur de la coopération économique et financière de la France, devrait évoquer prochainement avec les autorités burkinabè les pistes de coopération concrètes à envisager entre les deux pays en matière de développement touristique.

Une annonce qui laisse donc à penser que les deux gouvernements se situent dans une démarche de bonne volonté, qui pourrait devenir, si elle se concrétisait, une véritable source de développement pour le Burkina Faso. Baba Hama a d’ailleurs rappelé que le tourisme est l’un des piliers de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) que son gouvernement a présentée aux bailleurs de fonds réunis à Paris le 1er février. Mais peut-on croire que la France va réellement décider de s’engager dans une coopération digne de ce nom ? A voir son attitude à l’égard des touristes en partance pour le Burkina Faso depuis quelques années, on peut en douter.

« La France, a indiqué Frédéric Lefebvre, est le premier marché émetteur de l’activité touristique vers ce pays avec une présence notable d’opérateurs du tourisme équitable et solidaire ». Ce que le Ministre oublie de signaler en revanche, c’est que si les Français sont les plus nombreux à venir visiter le Burkina Faso, ce n’est sûrement pas grâce au gouvernement de leur pays. Il faut en effet savoir que le site internet du ministère des Affaires étrangères français, qui répertorie les pays du monde en fonction de leur dangerosité supposée, déconseille depuis des mois à ses concitoyens de se rendre dans certaines régions du Burkina. Raisons invoquées : les enlèvements perpétrés au Sahel par AQMI. Si bien que ces mises en garde font parfois fuir les potentiels touristes.

Dans le Nord du pays, des Burkinabè n’ont pas vu de Blancs depuis plusieurs années. Un touriste français rencontré hier me racontait d’ailleurs avoir fait pleurer les jeunes enfants d’un village de cette région par sa simple présence, du fait de sa couleur de peau si inhabituelle pour eux. Pire, l’appauvrissement des populations du Sahel qui vivaient jusqu’ici du tourisme est considérable : certaines d’entre elles meurent même de faim aujourd’hui.
Il est vrai qu’un ministre se doit de protéger sa population, et ainsi la mettre en garde face aux éventuels dangers auxquels elle s’expose peut encourir lorsqu’il lui prend l’envie de voyager. En Europe, on appelle ça le « principe de précaution ». Mais pour autant que je sache, ce fameux site internet ne fait pas état des risques encourus en visitant les Etats-Unis, où le nombre de tués par balles est l’un des plus élevés du monde.

Ni même du Japon, où les séismes sont extrêmement fréquents. Quant aux actes de terrorisme, la folie meurtrière d’un Norvégien extrémiste a prouvé l’an dernier qu’ils ne sont pas le seul fait d’Al Qu’Aïda, et peuvent également survenir dans les pays les plus « calmes » de la planète. Les Français qui se lancent dans la visite du Burkina n’en reviennent jamais déçus. Jamais ils ne mettent en évidence son insécurité. Au contraire, ils soulignent généralement sa sérénité. Alors, s’il veut promouvoir le tourisme français au pays des hommes intègres, Frédéric Lefebvre a tout intérêt à relativiser d’abord les informations diffusées par le gouvernement auquel il appartient. Ainsi seulement la coopération pourra être véritablement cohérente.

Cerise ASSADI-ROCHET/stagiaire

L’Express du Faso

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