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Crise en milieu scolaire : Plus jamais ça à Dédougou

Publié le mercredi 8 février 2012 à 01h39min

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Une mission du ministère des Enseignements secondaire et supérieur a séjourné le 3 février dernier à Dédougou. L’objectif était d’échanger avec les différents acteurs de l’éducation en vue d’une résolution définitive de la crise qui sévit depuis plus d’une décennie dans les établissements secondaires de la place.

Pour mémoire, le mouvement de grève des 23 et 24 janvier 2012 fait suite à la situation d’instabilité et d’insécurité qui règne dans les établissements secondaires de la ville de Dédougou et dont les enseignants disent être victimes depuis un certain temps. A l’issue de cette grève de 48 heures, on se rappelle toujours que les enseignants avaient pris un certain nombre de décisions relatives à la non-tenue des cours de rattrapage et à l’arrêt immédiat de travail en cas d’agression d’un enseignant dans l’exercice de ses fonctions. C’est pour mieux appréhender la situation qu’une mission du MESS a séjourné dans la localité, le 3 février 2012.

Cette mission qui était conduite par le Secrétaire général du MESS avait pour but de rencontrer les différents acteurs de l’éducation de la zone pour une résolution définitive de la crise qui affecte le milieu scolaire depuis plus d’une décennie. Luc Yé et sa délégation ont ainsi rencontré au même moment les délégués syndicaux des enseignants, l’administration scolaire, le bureau des parents d’élèves, et les délégués des élèves pendant leur séjour. Juste après le mot introductif du préfet du département représentant le gouverneur de région, la parole a été donnée à toutes les parties pour faire des propositions de sortie crise. D’abord, ce sont les délégués syndicaux des enseignants qui vont se prononcer sur la question des menaces et des injures qui sont régulièrement proférées à l’endroit de plusieurs enseignants de la ville.

Certains d’entre eux ont même failli se retrouver sur une civière du fait de projectiles lancés dans l’enceinte de leur établissement. « L’heure est grave et il faut donc agir vite pour éviter le pire », lancent-ils comme cri de cœur à l’endroit de la mission à qui ils n’ont pas manqué de rappeler ces mots, « Si l’enseignement doit aller sur de bons rails, c’est parce qu’il y a enseignants ». Pour les parents d’élèves, l’origine de cette crise scolaire remonte surtout aux années 1998 avec l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. C’est pourquoi, saluant la démarche du MESS qui vise à identifier les vrais mobiles de cette crise, ils ont traduit leur entière disponibilité pour une résolution définitive. Ces propos seront corroborés à la fois par les administrations scolaire et publique qui n’ont de cesse exprimé leur inquiétude face à l’ampleur de la situation.

L’administration a toutefois regretté le mouvement de grève décrété par le Collectif des enseignants et souhaité que le dialogue soit désormais le moyen de résolution en de pareille situation. En guise de solution à la crise, l’administration a proposé l’organisation de conférences ciblées à l’endroit des élèves, la mise sur pied d’un cadre permanent de concertation à même de gérer les crises, la poursuite des actions de sensibilisation sur le civisme. Pour le représentant du directeur régional des Enseignements secondaire et supérieur, les relations entre élèves, professeurs, parents d’élèves et l’administration est comparable aux cases de deux voisins où l’herbe ne doit pousser du fait des nombreux va et vient entre eux. C’est pourquoi, au nom du directeur empêché, il a simplement proposé l’organisation de compétitions sportives facteur de rapprochement et de cohésion.

D’ailleurs, annonce-t-il qu’à cet effet, des démarches sont en cours en collaboration avec la direction régionale des Sports pour l’ouverture d’une compétition sportive. Invités à se prononcer à leur tour sur la question, les délégués des élèves ont présenté officiellement leurs excuses au corps enseignant qui pour eux reste à la fois leurs éducateurs et leurs parents. Ils les ont rassurés de leur sagesse pour la réussite de l’année scolaire et leur ont demandé de surseoir à leur décision de la non-tenue des cours de rattrapage. Tout en saluant l’esprit de dialogue dont ont fait montre les enseignants depuis le début de la crise, Luc Yé a rappelé que les violences qu’elles soient physiques ou morales sont fréquentes de façon générale dans le milieu scolaire au Burkina, mais pas seulement à Dédougou. Prenant toutes les parties impliquées dans la résolution de la crise au mot, le Secrétaire général du MESS a recommandé à chacun de jouer sa partition pour combattre les violences dans le milieu scolaire. « Aujourd’hui ce sont les professeurs de Dédougou qui tirent sur la sonnette d’alarme, demain ça peut être ailleurs.

Nous allons saisir cette opportunité », a rassuré l’émissaire du ministre Albert Ouédraogo. Parlant du dispositif sécuritaire dans les établissements dont a fait cas le Collectif des enseignants dans ses revendications, Luc Yé a indiqué que le contexte actuel rend la tâche difficile, mais d’autres propositions pourront être examinées pour parer à la situation.

Ousmane TRAORE

L’Express du faso

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