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Autant le dire… : Ça ne regarde pas seulement le Mali

Publié le mercredi 8 février 2012 à 01h41min

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Le conflit qui a lieu actuellement sur le territoire frère du Mali entre forces armées nationales et des rebelles touaregs, ne concerne pas seulement le Mali. En d’autres termes, la région sahélo-saharienne doit tout de suite mettre en place un mécanisme afin de se pencher sérieusement sur la situation. Si on peut bien comprendre que c’est la suite logique de ce conflit touareg par moments latent ou ouvert qu’on connaît au Mali, il faut tout de même admettre qu’il s’est accéléré cette année après la chute du Guide Mouammar Kadhafi. Autrement, on peut croire qu’avec la prolifération des armes dans cette partie désertique de l’Afrique, berceau de trafics de tout genre, les rebelles ont trouvé du renfort, tant en termes d’armements qu’en termes de combattants.

C’est pourquoi, il ne sied pas du tout qu’on regarde le Mali se « démerder » avec ces « hommes aux yeux bleus ».
En effet, que ce soit le Burkina, le Niger, l’Algérie, le Sénégal, la Mauritanie, tous ces pays sont potentiellement exposés à la même rébellion. Avec toutes ses conséquences tant humanitaires, économiques que politiques. Pour preuve dès que le conflit a éclaté au Mali, le Niger a pris sa part de réfugiés. La Mauritanie aussi ; de même que le Burkina. Quand on y ajoute la situation alimentaire qui est déjà assez difficile dans la région, on est enclin à dire que tout cela n’est pas fait pour arranger les choses.

C’est pourquoi, dans le cadre des organisations sous-régionales, ou même au niveau continental, cette situation doit être regardée avec la plus grande attention. Quoi qu’on dise, c’est un moment crucial pour l’Afrique de prendre ses responsabilités. La situation en Syrie doit nous enseigner cela. Mieux, les grands de ce moment qui font et défont les querelles qui accourent quand ça chauffe ont d’autres chats électoraux à fouetter.

En France, Nicolas Sarkozy, le « gendarme » de l’Afrique n’a pas la tête à une quelconque rébellion touareg. Naturel, car les sondages au bord de la Seine ne lui prédisent pas du tout une réélection. Ce n’est donc pas à un président qui est pratiquement en sursis qu’il faut demander d’intervenir là où il n’a pas de priorité. Barak Obama est pratiquement dans la même situation. Quand bien même les sondages ne le classent pas derrière un candidat républicain, il faut admettre qu’il a lui aussi d’autres choses à faire. En tout cas, pour l’instant. Alors qu’à voir de près, ce sont eux, à travers l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) avec la complicité des Nations unies qui ont créé la situation que tout le monde connait en Libye. Ce qui est, incontestablement à l’origine de cette situation que vivent le Mali, la Mauritanie et même le Niger.

Seulement, ce qu’il faut craindre, c’est l’incapacité du continent et des organisations sous-régionales à faire face à la situation. La preuve est que depuis que ces « insurgés » font fuir les Maliens de leur territoire pour se refugier dans des pays voisins, aucune voix africaine n’est véritablement venue condamner cette stupide guerre. Ni l’Union africaine, ni la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ; encore moins l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Les Maliens, n’en pouvant plus, se règlent malheureusement les comptes à Bamako à travers des destructions de biens appartenant à des supposés touaregs. Faut-il attendre que les « choses se gâtent » davantage pour réagir ?

Amadou Toumani Touré qui se préparait une sortie honorable dans deux mois se trouve confronté et obligé à imaginer d’autres scénarii pour restaurer la paix et la tranquillité dans son pays. Même s’il privilégie le dialogue, il va falloir qu’il bande un tout petit peu les muscles. Pour cela, il a besoin d’un peu d’assurance. D’où qu’elle vienne.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du faso

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