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Autant le dire… : Incertaine élection présidentielle au Sénégal ?

Publié le mercredi 8 février 2012 à 01h38min

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L’opposition sénégalaise et le pouvoir de Maître Abdoulaye Wade ne parlent pas du tout le même langage. En cette période électorale assez tendue, à la limite incertaine. Depuis que le Conseil constitutionnel a validé la candidature de Wade et rejeté celle de Youssou N’Dour la tension est suffisamment montée à Dakar. Malgré tout, la campagne électorale a bien été lancée. Pendant que Maître Wade bat véritablement la campagne pour sa réélection, l’opposition quant à elle se retrouve sur deux chantiers : travailler à invalider la candidature de Wade, mais à se faire élire. Une double campagne qui risque de lui être fatale, car visible, le registre de l’invalidation de la candidature de Wade est fermé. Quoi qu’elle fasse, elle n’y pourra plus rien.

Il serait dont beaucoup plus sage pour elle de se focaliser sur la campagne, conscientiser les électeurs en les invitant à ne pas voter Wade. Elle serait également plus inspirée qu’elle mettrait l’accent sur l’organisation, la transparence et l’équité qu’il faut observer dans cette phase de l’élection. En d’autres termes, en se battant sur plusieurs fronts, l’opposition sénégalaise qui compte déjà de nombreux candidats voit ses forces se disperser. Le langage risque même de ne pas être cohérent et contribuera à confondre davantage les électeurs. Car visiblement, il sera très difficile pour elle de faire revenir le Conseil constitutionnel sur sa décision, en même temps qu’elle se bat pour conquérir l’électorat.

En effet, elle est bien tombée dans le piège de l’historique homme politique sénégalais qu’est Abdoulaye Wade. Qui, quoi qu’on dise à un grand potentiel électoral. Qui peut bien le réélire à la tête de l’Etat sénégalais pour un troisième mandat juridiquement légal. A continuer à se focaliser sur cette candidature, l’opposition est en train de préparer la victoire de Maître Wade à l’issue de la présidentielle. L’opposition politique sénégalaise qui est constituée d’hommes de valeur, d’intellectuels bien confirmés sait qu’en droit Wade est fondé à se présenter. Aussi, doit-elle reconnaître que si elle n’a pas réussi à invalider sa candidature, c’est parce que les sages du Conseil constitutionnel ont voulu dire le droit. C’est dans cette même logique qu’ils doivent comprendre l’invalidation de celle du chanteur Youssou N’Dour. De son côté, celui-ci doit comprendre qu’à priori, les membres du Conseil constitutionnel n’ont rien contre lui, encore moins contre sa candidature. S’il y a des candidatures qui devraient faire peur au pouvoir et qu’il fallait invalider si cela était possible, c’est bien celles de Moustapha Niasse, de Macky Sall ou encore d’Idrissa Seck. D’ailleurs le camp présidentiel n’avait-il pas déposé des recours en annulation contre ces candidatures ci-dessus citées ?

Dans tous les cas, la classe politique sénégalaise a une expérience démocratique qu’elle ne doit pas perdre de vue. Le Sénégal ne sera rien d’autre que ce qu’elle aura voulu. Aussi, dépassionner le jeu et réussir l’élection présidentielle est un pari qu’elle doit gagner. A tout point de vue. Le pays jouit d’une telle notoriété que brader tout cela dans le cadre d’une seule élection, serait suicidaire. D’autant plus qu’il fait face à des crises alimentaires, énergiques répétitives et à la lancinante crise en Casamance. Que tous les pouvoirs qui se sont succédé ont résolu en vain. Jusqu’à nos jours.

Le tournant est bien décisif, et le rater serait dangereux pour le Sénégal, pour la sous-région.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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