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Egypte : Quand foot rime avec violences meurtrières

Publié le vendredi 3 février 2012 à 01h07min

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Le football, ce n’est pas la guerre, mais il y a des moments où on se demande si cette assertion est vraie, tant ce qui devait être une fête tourne de plus en plus au cauchemar. L’histoire du ballon rond est souvent jalonnée de faits horribles. Le plus marquant, jusqu’à très récemment, est sans conteste le drame de Heysel, en 1985, à Bruxelles, à l’occasion de la finale de la coupe d’Europe des clubs qui opposait Liverpool au Juventus de Turin. On se rappelle que cette tragédie, qui a fait 39 morts, a été retransmise en direct par les télévisions du monde et suivie par des millions de téléspectateurs. Plus près de nous, au Mali, une défaite des Aigles face aux Eperviers du Togo, en éliminatoires de la Coupe d’Afrique 2006, avait engendré une émeute dévastatrice à Bamako où de nombreux commerces avaient été mis à sac.

Le mercredi 1er février, des Guinéens, furieux d’une coupure d’électricité pendant le match de leur onze national contre le Ghana, ont incendié la centrale énergétique de la localité. Ce qui s’explique difficilement car ce n’est pas en brûlant tout que le courant va se rétablir afin qu’ils puissent suivre la rencontre. Cela montre combien le football est une véritable passion. Mais le plus grave dans l’échelle de la violence, c’est le drame de Port-Saïd, en Egypte.

En effet, des affrontements y ont opposé des supporters d’Al-Masry et d’Al-Ahly à l’issue d’un match comptant pour la 17e journée du championnat, joué le mercredi. Bilan : 73 morts et des centaines de blessés. Des images apocalyptiques qu’on ne souhaite pas voir dans le temple du football comme du temps des gladiateurs où les gens s’étripaient. C’est malheureux, car le football est devenu, dans de nombreux pays, une religion dont les adeptes croissent au rythme de l’indice de pauvreté, car on trouve dans les stades des instants pour noyer ses soucis.

A l’incurie policière de la catastrophe de Port-Saïd viennent se greffer des problèmes politiques, et le cocktail devient détonant.
En effet, on comprend difficilement que des fans d’une équipe qui vient de remporter une victoire se mettent à battre les joueurs de l’équipe vaincue et qu’au même moment la lumière s’éteigne au stade, livrant ainsi les visiteurs à la furie de la horde qui avait mûri son coup. Du coup, les soupçons et les accusations vont bon train dans la mesure où l’Assemblée du peuple discutait, ces jours-ci, du maintien de la levée de l’état d’urgence. Pour certains, susciter les troubles est la meilleure façon pour l’armée et le maréchal Tantaoui de rester au pouvoir.

Il faut compatir à la douleur de l’Egypte qui, depuis un an, est engluée dans une grave crise. Aux martyrs de la place Tahrir viennent s’ajouter les suppliciés du stade de Port-Said. Peut-être aurait-on pu éviter cette hécatombe si les Pharaons, dont l’ossature est composée des joueurs locaux, majoritairement ceux d’Al-Ahly, s’étaient qualifiés à la CAN et que le championnat national s’était arrêté. Mais comme on dit, avec des “Si”, on peut mettre Paris dans une bouteille. Maintenant que le mal est fait, il reste à situer les responsabilités et à prononcer les peines qui en découlent.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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