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Vision de L’Express sur… : La chute du niveau de l’encadrement scolaire

Publié le jeudi 2 février 2012 à 00h30min

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Le niveau de l’éducation burkinabè a baissé. Ce qui n’est plus un secret pour personne. « Le niveau actuel des élèves n’est plus comme avant », dit-on fréquemment après des résultats d’examens scolaires. Mais, pourquoi ce niveau est continuellement en baisse ?

Les raisons peuvent s’expliquer à plusieurs niveaux. D’abord l’école burkinabè souffre de problèmes d’infrastructures. Une insuffisance assez importante d’infrastructures d’accueil et d’enseignants qualifiés. L’insuffisance des infrastructures a engendré un surpeuplement des écoles tant au primaire, au secondaire que dans le supérieur. Le ratio élèves par classe au Burkina Faso dans les centres urbains se chiffre de 80 à plus de 100 élèves. Des effectifs qui dépassent largement les infrastructures et les compétences des encadreurs. Dans plusieurs localités de notre pays, des écoles sont toujours sous des paillotes ou abritées sous des arbres. Exposant ainsi les élèves et leurs encadreurs à toutes les intempéries. Au secondaire, on a l’impression que le gouvernement burkinabè ne construit pas assez d’établissements dans les centres urbains.

Laissant la place au privé qui à son tour ne fait pas mieux. Le supérieur, lui non plus n’est pas en reste. Les trois universités (Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou) débordent d’étudiants. Si bien que les premiers responsables sont parfois obligés de faire recours à des bâtiments privés pour servir de salles de cours. L’une des conséquences immédiates de la pléthore des effectifs dans les classes se constate clairement. Tous les élèves ne peuvent pas bénéficier du même encadrement, d’où la baisse du rendement scolaire. Comment peut-on atteindre des résultats positifs avec des effectifs pléthoriques de plus de 100 élèves par classe ? Ensuite, le niveau des enseignants du primaire présente beaucoup de lacunes alors que ce sont eux qui ont la charge d’éduquer et de former les enfants. Une autre difficulté non moins importante, c’est la question de vocation dans l’enseignement. Beaucoup de candidats ne postulent plus par vocation, mais plutôt pour des raisons de survie.

Enfin, on constate de plus en plus la démission des parents de leur rôle de père éducateur ou de mère éducatrice. Certains pensent que l’école formelle à elle seule suffit pour enseigner toutes les valeurs nécessaires à un homme pour qu’il se fasse une place dans la société. Face à une telle situation, où les nouvelles technologies ont envahi le monde, il est plus que jamais urgent pour le Burkina Faso d’opérer des réformes profondes pour un enseignement de qualité ; qui répond aux besoins de nos populations. Pour gagner la bataille, entre autres mesures, l’idée du non-redoublement des élèves dans certaines classes intermédiaires au niveau du primaire doit être écartée. C’est une décision bien contraire à la recherche de l’excellence que tout le monde prône. Les actions entreprises par le gouvernement visant à orienter l’enseignement vers la formation technique et professionnelle sont encourageantes. Mais, les programmes de formation doivent être diversifiés et mis en adéquation avec les réalités socio-économiques et culturelles du Burkina Faso.

Les ministères de l’Education nationale et de l’Alphabétisation et de l’Enseignement secondaire et supérieur veulent aujourd’hui faire de la formation des enseignants et encadreurs une priorité. Pour cela, il faut conjuguer à la fois la qualité et la quantité. Un choix qui pourrait être difficile à mettre tout de suite en œuvre. Mais dans tous les cas, il faut en arriver-là si nous voulons un enseignement de qualité pour le développement.

Zanga Souleymane DAO

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 2 février 2012 à 02:15, par Vagabond En réponse à : Vision de L’Express sur… : La chute du niveau de l’encadrement scolaire

    vous voulez quoi si les enseignants eux sont devenus des "gomboistes" donnant que du to rechauffé aux enfants !! Les enfants eux ennemis du livres tout comme leurs enseignants passant le long de leut temps dans les grains de thé ou à critiquer inutilement !

    • Le 6 février 2012 à 19:29, par INSTITUTEUR En réponse à : Vision de L’Express sur… : La chute du niveau de l’encadrement scolaire

      IL NE FAUT PAS EN VOULOIR AUX ENSEIGNANTS, COMMENT VOULEZ-VOUS MAINTENIR LE NIVEAU DE L’ENCADREMENT AVEC DE L’INJUSTICE.PRENEZ LE CAS DE LA CONFÉRENCE PÉDAGOGIQUE DES ENSEIGNANTS LEUR PRISE EN CHARGE POUR RÉSIDENT 2500FCFA ET POURTANT LES ENCADREURS ONT 15000FCFA ALORS QUE CES MEME ENCADREURS ONT LEUR CONFÉRENCE PERDIEMÉE. MEME LE GESTIONNAIRE TOUCHE 10000FCFA PAR JOUR SON DOMAINE D’INTERVENTION N’EST PAS PÉDAGOGIQUE IL Y’A DE L’INJUSTICE DANS LA FAÇON DE GÉRER LE PERSONNEL ENSEIGNANT.

  • Le 2 février 2012 à 18:09, par Priorité En réponse à : Vision de L’Express sur… : La chute du niveau de l’encadrement scolaire

    Reflexion à méditer par Vagabond :
    Amartya Sen exposant sa théorie de la « capabilité » dit :
    "l’objectif primordial d’une politique de développement doit être de renforcer les capacités humaines plutôt que de
    simplement stimuler le développement
    économique. Cette approche englobe,au-delà de la dimension économique et de la seule poursuite du bonheur, les aspects
    liés à la sociabilité (affiliation), comme la« capabilité » de participer à l’échange social et à la vie politique.

    Rapport Mondial sur l’apprentissage
    et de l’éducation des adultes ; Unesco,2010

    • Le 7 février 2012 à 12:33 En réponse à : Vision de L’Express sur… : La chute du niveau de l’encadrement scolaire

      C’est normal que le niveau baisse. Le régime et les élites au pouvoir contrairement à l’idéal de Thomas Sankara et des forces du progressisme burkinabè, ont privatisé le système scolaire à tour de bras, affaissé la conscience patriotique de service publique, idéalisé la réussite facile et ostentatoire par les moyens de la corruption et des trafics illégaux ; et cerise sur le gâteau, le néocolonialisme offensif actuel du régime, ont achevé la liquidation du système éducatif burkinabè plus que jamais générateur d’inégalités sociales et de distorsions culturelles. Bref, le contrôle d’un pays passe aussi par le contrôle ou le saccage orchestré de son système éducatif et scolaire ; avec la complicité consciente ou non de ses propres fils au pouvoir.

  • Le 7 février 2012 à 07:59, par kersal En réponse à : Vision de L’Express sur… : La chute du niveau de l’encadrement scolaire

    Le niveau de l’Enseignement baisse pour des raisons diverses
    dont la plus importante est le niveau de recrutement et les conditions de celui-ci. La plupart des recrutements se font sur la base de connaissances non en relation avec le métier pour lequel on postule, ainsi des enseignants qui ne peuvent composer une bonne dictée sont affectés à l’enseignement. Certains font appel à des amis pour rédiger leur demande. Comment voulez-vous que quelqu’un qui ne peut faire une bonne rédaction puisse enseigner cela.

    dernièrement, pour le recrutement pour les mesures nouvelles, le MESS a engagé des enseignants qui n’avaient que le CAP comme enseignants du secondaire. Tout le monde sait que le CAP est l’équivalent du BEPC, comment voulez-vous que ces enseignants puissent encadrer des élèves ayant le même niveau qu’eux ? Des enseignants dont le niveau réel est à prendre avec des pincettes. Est-ce une affaire de personnes ou de texte ? Allez-y comprendre quelque chose. C’est le lieu d’interpeller les syndicats de l’enseignement dont le rôle est également d’être associé à ces recrutement sinon cela conduit à des dérives préjudiciables à notre système. Il y a matière à réflexion ici.

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