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Autant le dire… : Le Sénégal dans la zone rouge

Publié le mardi 31 janvier 2012 à 00h50min

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Le pays de la Teranga est dans la zone rouge. Après la publication et la confirmation des candidatures à l’élection présidentielle de février prochain par les cinq sages du Conseil constitutionnel. Dakar, la capitale et bien d’autres villes de l’intérieur se sont embrasées. Les militants et sympathisants des partis de l’opposition, regroupés au sein du mouvement M23 sont descendus dans les rues et se sont affrontés avec les forces de l’ordre. Le bilan, annoncé par certains médias étrangers fait état d’un policier tué.

En effet, cette situation du Sénégal était bien prévisible. L’opposition s’est tellement braquée contre la candidature du président sortant Abdoulaye Wade qu’il ne pouvait en être autrement. Alors qu’en réalité juridiquement la candidature de Wade est recevable. Tout simplement parce que la révision de la Constitution est intervenue en 2008, après sa réélection (Il l’a été en 2007). Ce qui veut bien dire que la révision ne s’applique pas à son mandat en cours. Du coup, cela lui donne la possibilité de se présenter. La classe politique sénégalaise est suffisamment intelligente et juridiquement bien compétente pour le savoir.

Mais politiquement, moralement et sur le plan éthique, la candidature de Wade pose problème. Pour deux raisons essentielles. La première est que le président Sénégalais est âgé de 86 ans. Avec l’une des carrières politiques les plus remplies et riches de son pays. Ainsi, Wade a tout donné pour et à son pays. A un âge si respectable, plein de sagesse, il mérite bien d’aller à la retraite. Car, autant le dire, qu’est-ce que Wade peut-il encore apporter à son pays qu’il n’a pas encore pu faire ?
Deuxièmement, Abdoulaye Wade doit reconnaitre qu’il a été porté au pouvoir par tous ceux qui sont aujourd’hui ses opposants. Ce qui traduit la mauvaise conduite des affaires et la difficile collaboration avec lui. Si bien que les Sénégalais qui avaient fondé beaucoup d’espoir en lui ne lui font plus confiance. Pire, ils ne croient pas en ses capacités à diriger durant un autre mandat leur pays.

A ce titre, il aurait été plus sage pour lui de passer tranquillement la main. Dans son propre camp politique et devenir le sage, l’incontournable dans l’ombre par qui tout devrait passer. A l’image d’un Henri Konan Bédié en Côte d’Ivoire qui a vite compris que la sagesse, c’est aussi savoir se retirer à temps et mériter la confiance de ses concitoyens. Car, le plus important dans ce genre de situation n’est pas forcément ce qu’on peut apporter à son pays, mais ce qu’on est en mesure de faire, souvent contre sa propre volonté pour sauver la nation. C’est en cela qu’on connait les grands hommes.

Le rejet définitif de la candidature de l’artiste musicien Youssou N’Dour n’est pas non plus pour arranger les choses. Celui qui disait que Wade a fait de grandes choses et doit partir dignement dit désormais qu’il n’est plus en mesure de contrôler ses militants. Et qu’il se battra par tous les moyens pour rester candidat à la présidentielle. Comme on le voit à Dakar, chaque candidat défend sa cause en même temps qu’il dénonce la candidature des autres. Si les choses devraient rester en l’état, conformément à la dernière décision du Conseil constitutionnel, les candidats à l’élection présidentielle sénégalaise devront régler leurs litiges dans les urnes. Et cela passe par une élection transparente, équitable et apaisée.

Seulement, il faut craindre qu’Abdoulaye Wade qui a tout donné pour son pays ne sorte par la petite porte. Parce que si brûler le Sénégal et tout ce qu’il a fait pendant dix ans doit passer par lui, il se serait fourvoyé lui-même. Et pourtant, on n’y est pas loin.

Séri Aymard BOGNINI

L’Express du Faso

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