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GESTION DES INFRASTRUCTURES MARCHANDES : C’est le dialogue qui manque le plus

Publié le mardi 31 janvier 2012 à 01h01min

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Depuis le déguerpissement du marché de légumes de Léguémalôgô, il ne se passe pas un seul jour sans que les femmes de Bobo-Dioulasso ne fassent parler d’elles. Pour avoir refusé d’intégrer le nouveau marché construit, elles sont à couteaux tirés avec la commune de Bobo, qui a dû bander les muscles pour se faire respecter. Vraisemblablement, la mairie était à court d’arguments dans cette crise. Malheureusement, il faut déplorer que de tels projets sociaux ne fassent pas de consensus comme cela s’est vu pour les infrastructures marchandes à Tenkodogo, à Ouahigouya, à Koudougou et à Bobo-Dioulasso. Que s’est-il passé pour qu’on construise des marchés à coup de dizaines de millions de F CFA et que les premiers bénéficiaires n’en voient pas l’intérêt ou refusent d’accepter les conditions ?

Il n’y a pas de doute, c’est un échec cuisant pour les autorités municipales. A la pratique, elles n’ont certainement pas bien compris les besoins des populations. Dans certaines situations, on se demande si vraiment les populations avaient besoin d’une infrastructure moderne. Dans le cas où le projet est accepté, il reste à conduire le dialogue pour que les règles de gestion soient comprises par tous. Et c’est ce qui a manqué à Bobo et à Tenkodogo où les commerçants ont crié « Nous pas bouger ! » et bravé les autorités locales. Ces dernières ne les ont pas convaincus du bien-fondé de ces infrastructures qui doivent permettre aux communes de s’autofinancer.

Mieux, les bénéficiaires ont mis en avant le fait que le changement de lieu va compromettre leurs affaires. Un argument somme toute compréhensible. Mais il aurait fallu rechercher à tout prix le consensus sur les conditions d’installation avant tout départ sur les nouveaux sites. Dans ces crises, il faut aussi prendre sérieusement en compte la dimension politique. Pendant longtemps, les commerçants ont toujours été considérés comme du bétail électoral et on ne leur refusait rien par crainte de les voir basculer dans le camp des adversaires politiques. A Bobo, les femmes du marché de Léguémalôgô l’ont crié haut et fort, donnant même l’impression que leur déguerpissement n’était plus dans les projets. Sans oublier le clientélisme qui se développe à partir de la gestion des boutiques.

Et si l’on doit accuser une partie, c’est bien d’abord les conseils municipaux qui n’ont pas su anticiper sur de telles situations fâcheuses. Avec de tels évènements, ce sont les élus locaux qui perdent de leur superbe auprès des bailleurs de fonds pour avoir mal négocié de tels projets importants pour le développement socioéconomique. Il faut espérer que ces crises serviront de leçons à tous ceux qui ont des parcelles de pouvoir dans les communes. On ne peut pas se développer dans la confrontation permanente.

SIDZABDA

Le Pyas

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Vos commentaires

  • Le 31 janvier 2012 à 08:26, par Charles En réponse à : GESTION DES INFRASTRUCTURES MARCHANDES : C’est le dialogue qui manque le plus

    Je crois pour ma part qu’il y a une frange partie de la population pour qui il ne doit pas y avoir de règles ! Les boutiques des marchés gérées par les municipalités sont souvent bien moins chers pour la location que celles proposées par les privés.
    La coopération suisse a notamment accompagné les municipalité à Koudougou, Fada et Ouahigouya dans les négociations avec les commerçants ! Du temps et des moyens ont été consacrés à ces dialogues ! La situation se compliquent ensuite par la mauvaise foi des commerçants avec la complicité des politiciens qui sont très très médiocres à côté des étalons !

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