LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Editorial de Sidwaya : Test de confiance…

Publié le lundi 30 janvier 2012 à 00h46min

PARTAGER :                          

Dans leur pragmatisme audacieux et lucide, nos Pères avaient déjà affirmé que « celui qui se contente de la natte d’autrui pour la nuit n’a pas de natte du tout, il est couché à terre ». Sous le sceau d’une telle dynamique et d’une telle philosophie qui consistent à compter sur soi avant tout, le Burkina Faso, à travers une délégation conduite par le Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, va « vendre » aux partenaires techniques et financiers, aux investisseurs du monde des affaires, sa nouvelle vision du développement… Et dès lors, rechercher auprès de ses partenaires bilatéraux, multilatéraux et autres, une adhésion forte à cette vision produite par des Femmes et Hommes du pays, sous la houlette du Ministre Lucien Marie Noël Bembamba de l’Economie et des Finances.

Des partenaires et amis du Burkina seront entre autres appelés à accompagner la dynamique nationale pour combler le gap de financement de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) pour la période de 2011-2015. Et ce, d’autant plus que le Burkina compte d’abord sur ses forces pour son développement : mobiliser
63, 3% sur ses propres ressources budgétaires, sur les richesses issues des efforts, de la volonté de travail de la nation elle-même. Le Burkina espère donc mobiliser à Paris les 34,5% de ressources dont elle a besoin, pour une croissance accélérée...

C’est du 1er au 3 février 2012 que Beyon Luc Adolphe Tiao préside les travaux de cette table ronde des bailleurs de fonds à Paris... Il est vrai que le Burkina a toujours placé ce genre de rencontres à un haut niveau. Il en a été ainsi en 1991, en 1993, en 1995, en 1997 et en 2004… Le contexte a beaucoup évolué. Cette rencontre entre le Burkina Faso et ses partenaires financiers se tient dans un contexte particulier, tant au plan national qu’international. Mais surtout, elle marque une forte volonté de se bâtir à partir de ses propres rêves et volontés, avant de compter sur les nécessaires partenariats…

Car, notre conviction s’établit qu’un peuple est la composante d’un certain nombre de besoins, de désirs et de rêves, mais aussi de volontés, d’intelligence et de fierté. Ces deux composantes, quel que soit ce qui arrive, ne devraient jamais être dissociées. C’est pourquoi, quand nous allons exposer nos « plaies » à l’extérieur, c’est aussi, à l’interne, pour en prendre conscience au plus haut point. A Paris, nous n’irons pas par exemple échanger notre dignité contre une poignée d’euros, ni livrer nos rêves pour un peu de pain. De mieux en mieux, les termes comme « donnez-nous » « aidez-nous », disparaissent au profit de ceux de « travaillons ensemble », « venez faire des affaires au Burkina ».

Cela est sans conteste la preuve que nous comprenons mieux aujourd’hui que hier, la réalité de la mondialisation et l’âpreté des relations internationales et que surtout, nous sommes prêts à y entrer pour nous battre sans complexe, sachant très clairement que la coopération internationale n’est pas un lieu de fraternité, mais un terrain de combat pour la survie d’abord, pour la justice ensuite.
Dans ce contexte, des paramètres nationaux seront mis en exergue, aussi bien par le Burkina que par ses partenaires techniques et financiers. Et ces paramètres sont de plusieurs ordres.

Ils pourraient s’enorgueillir des atouts et opportunités de développement, made in Burkina : la stabilité politique, condition sine qua non pour la mise en œuvre d’une stratégie de développement durable. En la matière, sans s’en remettre uniquement au Tout-puissant, il est loisible d’affirmer que suite aux réformes politiques amorcées, le Burkina se met à l’abri du doute… La bonne gestion macroéconomique, la position géographique et géostratégique, la stabilité des politiques fiscales sont également des sources de création de richesses, d’emplois, de revenus, autant d’atouts qui font de la destination Burkina Faso, un cadre hospitalier pour des partenariats gagnants-gagnants.

Il est une réalité que le pays ne s’est pas encore remis des effets des deux inondations : celle, naturelle du 1er septembre 2009 et celle sociale, avec les mutineries du premier semestre de l’année 2011, encore moins de la mauvaise saison pluviométrique de 2011. De même, la stratégie de développement du secteur productif, notamment de l’agriculture va être un sujet de discussions. Quelles mesures le Burkina compte-t-il prendre pour maîtriser l’eau et moderniser son agriculture ? La réponse serait simple si le pays n’était pas demandeur. Même les pays les plus développés sont aussi sujets aux aléas climatiques. De même, l’administration burkinabè traîne ses mammouths, imbus de leurs prérogatives. Des efforts sont sans doute nécessaires pour que notre administration, à l’exemple de ce que nous disons de la diplomatie, soit aussi une administration pour le développement.

Des progrès énormes ont été d’ailleurs faits, mais le combat doit continuer pour faire évoluer les mentalités administratives et briser les forteresses pour construire une synergie des actions dans la mise en œuvre de la Stratégie de développement durable.
Les partenaires techniques et financiers du Burkina, qu’ils soient bilatéraux, multilatéraux et autres connaissent également des contraintes.

C’est vrai, le Burkina Faso n’est pas le seul à solliciter la contribution des partenaires techniques et financiers. Souvent les mêmes. Beaucoup de pays africains sont dans ce cas. Les pays donateurs et l’économie mondiale sont dans le tourbillon des crises successives depuis 2008 : crise alimentaire, crise énergétique, crise financière, crise de la dette, en somme la plus grave crise économique depuis l’après-guerre. Les icônes de l’économie mondiale, les Etats-Unis en tête subissent la décote sans précédent de leur notation par les agences compétentes, les titres de leur dette passant du triple A au double A.

Ce qui a et aura des répercussions sur la gestion des ressources internes. Bien que son pays, l’Allemagne soit l’une des rares grandes économies épargnées pour le moment par les agences de notation, la Chancelière Angela Merkel a affirmé devant le Bundestag (parlement allemand) qu’il ne faut pas s’attendre à sortir de cette crise de sitôt. Les engagements des uns et des autres dépendront des priorités nationales de chaque pays.

Les pays émergents, nouveaux investisseurs, sont autant sollicités par les pays développés que les pays en quête de développement. Faut-il y ajouter les « révolutions » que vivent certains pays du Proche et Moyen-Orient, nouveaux riches et bailleurs de fonds potentiels ?

La Banque mondiale dans les perspectives mondiales du mois de janvier 2012 écrit que : « l’économie mondiale traverse une passe dangereuse. Les turbulences financières qui secouent l’Europe se sont en partie propagées à des pays en développement ainsi qu’à d’autres pays à revenu élevé qui en avaient été jusqu’alors épargnés. Cette contagion a entrainé la hausse des coûts d’emprunt dans des nombreuses régions du monde et tiré vers le bas de nombreux marchés boursiers tandis que les flux des capitaux vers les pays en développement accusaient une chute sévère ».

Dans un tel contexte, le discours sur l’aide publique au développement et les engagements du millénaire deviennent une réelle gageure. Conscient de cet environnement difficile, le gouvernement du Burkina Faso a fait appel fortement aux investisseurs privés nationaux et internationaux pour investir massivement dans les secteurs structurants et émergents de l’économie nationale, à travers des partenariats public-privé et privé-privé, dans le cadre d’un climat des affaires assaini et attractif.
Voilà pourquoi, la rencontre de Paris, au regard de sa localisation et son originalité, permettra au Premier ministre et à sa délégation de promouvoir non seulement la traditionnelle coopération bilatérale et multilatérale mais aussi d’envoyer un signal très fort au privé international comme pour dire : « le Burkina Faso est un pays ouvert et hospitalier, le Burkina est prêt pour les affaires, venez investir en toute sécurité ».

Confiant du potentiel et en l’avenir de son économie, le Premier ministre exhortera les amis du Burkina Faso à accompagner sans faille sa détermination à bâtir une économie forte et prospère comme le socle essentiel pour élever durablement les conditions de vie de ses populations et éloigner définitivement la précarité. La pertinence de la vision de son développement constitue le projecteur qui éclairera les sentiers escarpés de son cheminement vers une économie émergente. Car, comme le souligne avec autorité le philosophe Sénèque, « il n’y a point de vent favorable pour celui qui ne sait pas la direction du port ».

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 30 janvier 2012 à 07:03, par Beurk En réponse à : Editorial de Sidwaya : Test de confiance…

    Monsieur le journaliste,sachez que dans les pays developpés,on travaille beaucoup au developpement sans trop en parler alors que dans notre pays appauvri par les mêmes individus,suivez mon regard,on parle beaucoup de developpemrnt sans trop y travailler.Une boutade me direz-vous mais c’est pour vous faire comprendre qu’aucun pays au monde ne peut se developper tant que la justice qui est le premier facteur de developpement est corrompue car convenez qu’il faut une justice saine pour que les investisseurs aient confiance alors que toutes les tares dont nous souffrons sont en rapport avec la justice à savoir la corruption,l’impunité,les détournements,l’indiscipline etc.Alors inutile de nous citer le philosophe Seneque car vous avez a vu que le Costa Concordia,ce navire de croisière a sombré et pourtant le vent était très favorable alors que le port était à quelques mètres.En fait le naufrage du navire est causé par le commandant de l’équipage par son laxisme

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance