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Alternance et article 37 : Le Blaiso à la croisée des chemins

Publié le vendredi 27 janvier 2012 à 01h41min

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Alors que l’année politique 2011 s’est achevée sur la cuisante note d’échec du fameux CCRP (Conseil consultatif sur les réformes politiques) et l’incapacité de ses initiateurs à déverrouiller l’article 37, voici que la gaffe de Guiro met le Blaiso dans de mauvais draps en ce début d’année. On s’imagine aisément que l’enfant terrible de Ziniaré doit être très mal à l’aise par rapport à cette affaire qui montre très bien qu’il ne faisait pas grand-chose pour bouter la corruption hors de l’administration publique. Que va-t-il faire, maintenant que tout semble l’avoir lâché dans sa croisée pour s’éterniser au pouvoir ?

La question mérite d’être posée, surtout que le dossier de l’alternance qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive est toujours d’actualité. On est en droit de se demander comment un président qui totalise un quart de siècle de pouvoir peut-il légitimement s’y maintenir lorsque tout s’écroule autour de lui. Comment peut encore avoir le courage de vouloir prolonger son bail alors que les socles de son long règne se révèlent faits de branches pourries par la corruption et l’enrichissement illicite ?

Incontestablement, il fallait sanctionner l’ex-DG de la douane à la hauteur de son forfait. Mais force est de reconnaître que c’est le hasard qui fait que celui-là a été pris en flagrant délit, les mains dans des cantines. Aussi, le purgatoire que subit ce dernier depuis le début de l’année n’est nullement l’aboutissement d’une enquête initiée par le régime Compaoré. Si le Blaiso national n’a pas été capable, jusque-là, d’engager cette opération main propre que l’on voit ailleurs, c’est peut-être qu’il ne veut pas scier une branche sur laquelle son régime est assis. Le pouvoir ne serait pas prêt à se faire hara-kiri. Et ça, tout le monde le sait. Car, Guiro n’est nullement un mouton de sacrifice, mais un mouton qui s’est offert en sacrifice. Des mauvaises langues disent même que « C’est Dieu qui l’a lâché ».

Il est donc à parier que le gouvernement ne s’amusera pas à saisir l’occasion pour faire un ménage en bonne et due forme au risque d’ouvrir la boîte de Pandore. Aussi, sans présager de l’issue du procès de l’affaire Guiro, tout porte à croire qu’on n’ira pas plus loin que la douane. Cette affaire pour laquelle la justice burkinabè se targue maladroitement d’avoir enfin attrapé un « gros poisson » risque fort d’accoucher d’une souris. Du reste, les chefs d’accusation paraissent tellement vagues que certains pensent déjà que le ministère public manquera d’arguments contre l’ex-patron des gabelous.

Il suffit que Ousmane Guiro et son collectif d’avocats se décident à charger le pouvoir, et donc « à mettre son c... dehors » pour que l’accusation se retourne contre le régime. Du moins, contre tous ces gros n’opérateurs n’économiques qui ont contribué à remplir les cantines compromettantes qui accusent l’ex-DG de la douane. Il suffirait que le célèbre prisonnier décide de révéler les noms de ceux qui l’ont foutu dans cette megd pour que le procès prenne une autre tournure. Va-t-il se décider ainsi à donner un coup de pied dans la fourmilière ?

En revanche, c’est le système Compaoré qui semble devancer les choses en forçant son giga-parti au pouvoir à la mutation. Certainement avant qu’il ne soit tard. Du moins, il est difficile de ne pas croire qu’en voulant tenir en mars son congrès initialement prévu pour juillet, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) voulait simplement répondre à des soucis d’adaptation au calendrier des élections municipales et législatives couplées de novembre prochain. Mieux, en prévoyant, d’ores et déjà, de provoquer l’alternance à la tête du parti, le roczilla et ses camardes du bureau politique national semblent plutôt répondre à un ordre venu d’en haut.

Le Blaiso a besoin d’avoir de nouvelles têtes au gouvernail de cette formation politique plus passive, voire impuissante, que jamais dans le grand débat sur l’alternance. Elle a même suffisamment prouvé son incapacité à tenir la dragée haute à la société civile et l’opposition -même réduite à sa plus simple expression. Le CDP manque cruellement d’arguments. Et Blaise a fini par comprendre que son salut ne viendra pas de conglomérat de gens visiblement plus préoccupés à préserver leurs privilèges et leurs positions qu’à lutter pour qu’il demeure président ad vitam aeternam. La « bêtise » de Guiro et de tous ceux qui l’y ont poussé en est une illustration parfaite. Mais la solution est-elle seulement de changer le président du CDP ? Rien n’est moins sûr.

Le régime a probablement repris du poil de la bête en remplaçant, au plus fort de la crise sociale et militaire, le gouvernement du pasteur Testicus Zorro par celui actuel de Lucky Luc. Plusieurs ministres et DG invétérés ont été balayés au profit de personnes plus jeunes et moins endurcies dans le système. Mais la question de l’alternance demeure entière. Cela a certainement fait baisser la tension de la rue mais n’a pas fait oublier la nécessité de continuer à pousser le Blaiso lui-même à renoncer définitivement à l’intention qu’on lui prête -à tort ou à raison- de vouloir s’éterniser au pouvoir.

Ce n’est donc pas parce qu’il changera de Premier ministre, de DG, ou provoquera l’alternance à la tête du CDP que ses pourfendeurs lui colleront la paix par rapport à la question de l’alternance. C’est vrai qu’il gagne du temps. Plus il prouve qu’il est capable de sacrifier même les plus fidèles parmi les fidèles pour éviter d’affronter le problème de son départ ou non en 2015, mieux on se rend compte qu’il est vraiment à la croisée des chemins. Est-ce le signe qu’il est prêt ou qu’il s’apprête à préparer sa sortie ? Difficile de le dire. Même si les supputations vont bon train.

F. Quophy

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier 2012 à 08:16 En réponse à : Alternance et article 37 : Le Blaiso à la croisée des chemins

    Le peuple attend la suite de la longue liste des Guiro à arrêter. c’est une oeuvre de salubrité publique que le peuple demande à Blaise. Si au moins, il fait cela maintenant, on pourra lui pardonner une bonne partie des erreurs de son trop long règne à la tête de ce pays

    • Le 27 janvier 2012 à 13:16, par Le WINNIEN En réponse à : Alternance et article 37 : Le Blaiso à la croisée des chemins

      J’ose comprendre par "pardonner une bonne partie des erreurs de son trop long règne" parlant de Blaise sur le plan de la justice des hommes et non lui accorder une seconde de plus après 2015 ? Si c’est cela, erreur ! Puisque, tout le monde du système est guiro voire guiro plus. Donc,même si le CCRP venait à sauter le verrou de l’article 37, rassurez vous le peuple,le vrai peuple a son article 37 et qui ne peut être modifié que par le départ de Blaise et tout son système. Que Dieu donne la sagesse à nos dirigeants d’ici 2015. AMEN ! Le WINNIEN

  • Le 27 janvier 2012 à 13:30, par Pierros En réponse à : Alternance et article 37 : Le Blaiso à la croisée des chemins

    Vieille génération, jeune génération et future génération. Il faut qu’on se respecte, hein.
    On a qu’à se respecter, dhè. Et le respect passe par l’alternance, la succession à tous les niveaux sans restriction aucune. C’est l’unique, le seul gage d’une paix sociale durable.

  • Le 27 janvier 2012 à 13:35, par yasida En réponse à : Alternance et article 37 : Le Blaiso à la croisée des chemins

    Les débats sur l’article 37 sont un non événement. Y’a aucune supputation à faire, y’a aucun calcul à élaborer.
    Blaise est libre de choisir de partir ou de ne pas partir. Il assumera entièrement les responsabilités de son choix ; point-final.

  • Le 27 janvier 2012 à 16:20, par Franki En réponse à : Alternance et article 37 : Le Blaiso à la croisée des chemins

    Le coup d’état électoral qui se prépare, lisez et faites passer, pour que la bataille de la non candidature de wade soit accentuée : Merci et courage.
    il serait aussi intéressant de méditer sur l’option de la biométrie comme panacée à la fraude électorale.
    SOYEZ VIGILANT !

    Comment Me Wade compte-t-il gagner en 2012 ?

    La stratégie de la fraude, les moyens techniques (logiciel informatique) du système ainsi que les hommes qui doivent l’animer sont en place...depuis quelques jours.
    Sont au courant des détails de la fraude informatique : Me Wade, Me Ousmane Ngom (Ministre d’Etat, Ministre de l’intérieur), Cheikh Tidiane Sy (Ministre d’Etat, Ministre de la Justice), Me Madicke Niang (Ministre d’Etat, Ministre des affaires étrangères), Karim Wade (Ministre d’Etat, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Énergie)… Pape Ousmane Sy fils du Ministre de la Justice, conseiller en informatique du Président de la République, trois fonctionnaires ingénieurs informaticiens du ministère de l’intérieur .Le logiciel en question a été conçue par une firme indienne, via une autre société russe très connue ...( Poutine a-t-il utilise ce système de fraude pour gagner les législatives très contestées en Russie ?)

    Le montant de la transaction avoisine les 5 milliards de francs Cfa, payé par l’argent provenant tenez-vous bien des 20 milliards de Sudatel. Eh oui...Latif Coulibaly journaliste d’investigation de l’hebdomadaire aujourd’hui candidat de la coalition > avait bien raison...Karim Wade et Pape Ousmane Sy ont mené toutes les négociations financières, et ceci dans le plus grand secret.

    Le Président Wade était bien entendu au courant de toutes les démarches pour l’acquisition de ce "logiciel magique"... Le problème, aujourd’hui , ne se situe pas au niveau du fichier électoral, qui selon tous les experts et représentants de partis politiques, est bon...L’UE et les Américains l’ont confirmé…Wade a été très satisfait de cette confirmation sur la qualité de notre fichier électoral car personne ne pourra contester les résultats au soir du 26 Février 2012 en incriminant ce ficher ... Au moment des fêtes de Noel et de nouvel an ( semaines de 24 décembre 2011 au 1 Janvier 2012), pendant que tous les Sénégalais et Sénégalaises se focaliseront sur ces fêtes, au moment ou seront envoyés en congé tous les agents susceptibles de relever des soupçons au niveau du processus de fraude, le fameux logiciel conçu spécialement pour truquer des élections présidentielles sera mis en place... Le Ministre charge des élections n’y pourra rien car ne dispose aucun levier de la fraude. Le Ministre d’Etat, ministre de l’intérieur Me Ousmane Ngom a même parait-il fait venir son frère qui s’appellerait, selon mes sources, Oumar Ngom des Usa car il a besoin des hommes de confiance pour ce « boulot » … Ce logiciel va s’appuyer sur 3 points essentiels qui sont :

    1-Le détournement du vote massif des hommes de tenue (militaires et gendarmes en particulier) .Ce vote reste flou et non transparent. Ces hommes de tenue auront reçu auparavant des consignes fermes pour aller tous voter pour le candidat de leur choix...Peu importe pour qui ils voteront, le "logiciel magique" se chargera ’’d’arranger" toutes ces voix en faveur du candidat Abdoulaye Wade...et personne dans l’opposition ne saura ce qui est devenu le "vote militaire" comme se fut le cas en 2007.Amath Dansokho tente d’attiré l’attention sur la destination et la clarté du vote des militaires...sans succès.

    2-La crise en Casamance : l’Etat s’arrangera à faire attiser la violence sur l’étendue de la région de Casamance en laissant pourrir une situation d’insécurité avec les attaques des rebelles ….comme cela plus de 70 % des inscrits ne pourront pas voter par la faute des violences qui vont déstabiliser le scrutin et tenez-vous bien le > se chargera du reste. Ainsi personne ne pourra être sur le terrain pour vérifier les résultats sortis des urnes dans beaucoup de localités du sud du pays Aujourd’hui la Casamance est à feu et à sang en attendant l’élection présidentielle du 26 Février 2012…

    3- Enfin sur le récent redécoupage de 17 collectivités locales dans 6 régions du Sénégal. Le ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales, le Dr Aliou Sow, a eu par les arrêtés n°6151 à 6155 du 24 mai 2011, à procéder à la nomination des membres des délégations spéciales chargés de faire fonctionner les collectivités locales issues du dernier découpage administratif…Tous les hommes du dispositif de la fraude ( « gouverneurs Wadistes » y compris ) sont en place … (Dans le département de Rufisque, ce sont les communes de Sendou, de Jaxaay-Parcelles-Niacoul Rab, Sangalkam et les Communautés rurales de Bambilor et de Tivaouane Peulh Niaga qui sont concernées. Dans le département de Guinguinéo, il s’agit des communes de Fass et de Mboss et les Communautés rurales de Ourour, Panal Wolof et de Dara Mboss. Pour le département de Malem Hoddar, il y a les Communautés rurales de Ndiobène Samba Lamo et de Ndioum Ngainth. Dans le département de Linguère, il s’agit des Communautés rurales d’Affé Djoloff, de Sagatta Djoloff et Yang Yang. Dans le département de Matam, il s’agit de la commune de Nguidjilone et la Communauté rurale de Bokidiawé.... ou beaucoup d’électeurs du fait des difficultés liées à l’obtention de nouvelles cartes d’identité et cartes d’électeurs ne pourront pas voter...).On n’entend plus le Dr Aliou Sow…Il a fini le travail pour lequel un grand ministère lui sera confié après la victoire de son mentor en 2012.

    Le "logiciel de la fraude" va ratisser toutes les voix des militaires, gendarmes, des électeurs inscrits sur le fichier et provenant de ces localités découpées mais n’ayant pas pu voter, des fraudes opérées dans des zones d’insécurité en Casamance pour faire la différence en faveur du candidat Abdoulaye Wade...
    Ce sont ces 3 points qui constituent ce qu’un journaliste-analyste appelle comme pouvant être >.

    La surprise sera grande encore une fois parmi des Sénégalais et Sénégalaises... Personne ne comprendra et n’osera contester les résultats...Et il sera trop tard...pour agir...

    Voila le plan diabolique qui a déjà permis à Ali Bongo du Gabon et à Faure Ngassimbe du Togo de gagner largement les élections présidentielles au nez et à la barbe de leurs opposants qui n’y avaient vu que du feu...La clé de la fraude passe par le vote des militaires, gendarmes et policiers...ainsi que par le découpage de collectivités locales pour perturber l’électorat et frauder !!! Le résultat du candidat Wade étant fixé par ses génies informaticiens ( 53,46% c’est le chiffre retenu qui a même été confirmé sur TFM-le-grand-jury par le ministre directeur de cabinet du président Wade, Me Sall… à la question combien estimez-vous le score de Wade au second tour si jamais il se présente ?), le logiciel se chargera d’allouer aux autres candidats un résultat plus ou moins cohérant basé sur des chiffres recueillis au niveau des bureaux de vote dans toutes les régions du Sénégal et de la diaspora...Encore une fois, seuls le vote des hommes de tenue, les fraudes opérées en Casamance et sur les 17 collectivités locales citées plus haut feront la différence...Je rappelle quece système de fraude n’avait pas été utilisé lors des élections municipales de 2009 mais avait bel et bien permis partiellement à Wade de gagner les présidentielles de 2007.

    La seule chose qui empêche aujourd’hui le Président Wade de dormir c’est que le conseil constitutionnel sous la pression virtuelle de l’opinion publique, en particulier du M23 et de certaines personnalités ( Koffi Anan, Jimmy Carter…et autres ) décide de jouer la carte « respect de la constitution et de la légalité républicaine » et rejette la candidature de Me Wade !!! Scenario catastrophe que le clan Wade ne peut admettre. C’est la raison pour laquelle sous les conseils de Djibo Ka, Wade décide de relever les salaires des magistrats à 5 millions de francs Cfa…Il ne veut courir aucun risque à ce niveau. Corruption douce ? La seule bataille qui vaille est celle qui consiste faire respecter la constitution…Wade le sait il ne peut et ne doit pas se présenter à un 3 eme mandat. Les Sénégalais doivent donc se mobiliser autour du M23 et de son leadeur Alioune Tine pour gagner ce combat. Si la candidature de Wade passe, c’est Karim Wade qui se frottera les mains…

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