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« Ces frustrés » des partis politiques

Publié le jeudi 26 janvier 2012 à 00h00min

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Dans un parti politique, il y a au moins deux catégories de militants. D’abord ceux qu’on appelle communément les "cadres" et ensuite ceux qu’on qualifie de "militants de base" ou "militants à la base". A voir fonctionner les partis politiques au Burkina, on pense à tort ou à raison que  les "cadres", ce sont les intellectuels, ceux qui ont fait «  l’école du blanc  » et qui maîtrisent bien les grandes théories politiques. Ce sont donc eux qui réfléchissent et qui veillent au maintien et à la bonne orientation de la ligne des partis politiques. Ils indiquent la voie. De l’autre côté, les militants de base. Dans cette catégorie, le constat qui est fait est qu’on y regroupe «  les petites gens  ».

Il s’agit des petits commerçants des « yaars » et marchés, des acteurs du secteur informel, des vendeuses de fruits et légumes, des buveurs professionnels de thé dans les quartiers, des musiciens et autres artistes acquis, etc. Tout fonctionne à merveille dans un parti ou une formation politique si chacun de ces deux groupes d’acteurs comprennent, avant tout, son rôle. Ensuite, il règne un beau temps dans un parti politique si chacun de ces agents joue bien sa partition. Enfin, tout roule comme sur des roulettes, dans une formation politique, si les cadres et les militants de base se respectent et savent, chacun, en ce qui leur concerne, que sans cadres, il n’y a pas de parti politique et que sans militants de base, il n’y a pas non plus de parti politique ! Les frustrations surgissent quand un camp donne l’impression qu’il est au-dessus de l’autre !

Les uns et les autres ont-ils compris cet état des choses ? Apparemment pas ! Conséquence, il transparaît que les militants de base, pour ne pas dire « les ?petites gens des partis politiques burkinabè » se montrent de plus en plus frustrés. Ils ont commencé à comprendre qu’on les utilise lorsqu’on a besoin d’eux et qu’on les jette comme des oranges presser qu’on a fini de sucer, lorsqu’on n’a plus besoin d’eux. Et pourtant ! Les cadres des partis politiques savent très bien ce que valent les militants de base. Ce sont ceux, qui exécutent, le plus souvent, les basses besognes. Ce sont eux qu’on envoie mobiliser, faire la propagande pour faire passer les idées des partis dans des endroits insoupçonnés où l’on ne saurait voir « un cadre » d’un parti politique s’y avanturer.

Et quand il y a péril en la demeure, ce sont encore eux qu’on envoie jouer les sapeurs-pompiers, pour éteindre, parfois l’incendie que les cadres ont provoqué avec leurs idées lumineuses. Sans oublier que les militants de base sont parfois utilisée comme des ......... Imaginons donc que ces éboueurs de la république se mettent à parler, à dire ne serait-ce que le tiers de ce qu’ils savent ou ont contribué à faire de bien comme de mal ! Attention donc ! Un militant de base d’un parti politique de la place, voyant passer un député dans sa grosse voiture, n’a pas pu contenir sa colère.

Et de dire, « ce monsieur est député grâce à nous. Personne ne le connaît. Nous, nous faisons le boulot. Nous mobilisons les gens alors qu’au moment de constituer les listes de candidature, on nous écarte sous prétexte qu’on n’a pas de niveau, qu’on n’a pas de diplômes… » En réalité, en échangeant avec « ce frustré de la politique » petit commerçant de son état, l’on se rend compte que sa complainte a une autre source. « Ce qui nous fait mal », dit-il, « même si on ne nous positionne pas sur les listes électorales, au moins, qu’on pense à nous après les élections à travers des marchés. Mais on se rend compte qu’on nous oublie. Dès les élections passées, on nous abandonne à notre propre sort. On donne les marchés et autres avantages à des gens qui n’ont souvent rien à avoir avec le parti politique ». Telle est sa vision de la politique ! Rien d’étonnant si les maîtres-mots sont découragement et démobilisation.

Il y a lieu donc que nos partis politiques sachent faire la part des choses. Qu’un cadre sache qu’il n’est rien s’il n’a pas de soutien dans le petit peuple. Le petit peuple aussi devrait savoir que ses émotions et autres excès ont besoin d’être canalisés par des gens qui ont de la vision. Le tout, en réalité, devrait être chapoté par une bonne dose d’engagement politique. Chacun, dans une formation politique, devrait savoir pourquoi il y ait. Ce qui manque le plus souvent ! Le lucre et la panse guidant la plupart du temps, la majorité des militants. Rien de surprenant donc s’ils sont frustrés au bout du compte.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2012 à 09:42, par win En réponse à : « Ces frustrés » des partis politiques

    Belle article ! Mais il ne faut pas perdre de vue cette myopie des partis politiques qui se dérobent de leur rôle de formation de leur militant et surtout ceux de la base. C’est une honte pour les cadres politiques assoiffés de pouvoir et partisans du moindre effort. Ne pensant qu’à leur panse et le gain facile. Honte à vous.

  • Le 26 janvier 2012 à 13:56, par Pierros En réponse à : « Ces frustrés » des partis politiques

    Disons que les militants convaincus sont rarement, oui. Si non, militer ne veut pas dire se faire des forfaitures. Si on a gagné une élection, on ne l’a pas eu pour ne travailler que pour son parti mais pour tout le pays entier. Si le militant est compétant et représente bien sa candidature pour un marché, il n’y aurait pas de raison qu’on ne le choisisse s’il est le meilleur. Cessons de faire les favoritismes car c’est cela qui provoque les incendies. Les soit disant « autres » sont également des burkinabè même s’ils ne sont pas du parti.

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