LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT : Des actions anthropiques menacent la mare d’Oursi et ses oiseaux

Publié le mercredi 25 janvier 2012 à 00h20min

PARTAGER :                          

La mare d’Oursi, dans la province de l’Oudalan, région du Sahel, au Burkina Faso, joue un rôle capital en termes de tourisme et de conservation de la biodiversité. Les oiseaux migrateurs fuient le climat glacial et viennent se réfugier, durant deux à trois mois, à la mare d’Oursi, avant de repartir vers leur continent d’origine. Malheureusement, ce patrimoine est en proie à de multiples agressions dont certaines proviennent de l’Homme. Pour contrecarrer la destruction, des initiatives ont vu le jour.

Des déchets plastiques, de la bouse de vache, des crottes de chevaux, la pratique de la culture maraîchère sur les berges..., autour d’une vaste étendue d’eau, envahie par une multitude d’oiseaux... Telle est l’image qu’offre, à l’heure actuelle, la mare d’Oursi, dans la province de l’Oudalan, au Burkina Faso. Ces éléments conjugués aux dunes de sable que le vent emporte dans l’eau, sont en passe de détruire complètement ce joyau, gracieusement offert par dame nature. Et à cause de toute cette pollution, on n’y retrouve que deux types de poissons, précisément les anguilles et les silures. Seules, les espèces sans écailles peuvent résister dans ce milieu pollué et survivre, même quand l’eau se retire.

Certains oiseaux migrateurs tels les grues couronnées qui venaient par milliers, il y a une vingtaine d’années n’y viennent plus. Pourtant, la mare d’Oursi fait partie des sites les plus riches et les plus diversifiés en faune aviaire du Burkina Faso. Cette importante zone humide est reconnue comme une Zone d’importance pour la conservation des oiseaux (ZICO) au Burkina. Elle a toujours été une zone de prédilection pour les oiseaux migrateurs, terrestres et inféodés aux zones humides (aquatiques). Au moins cent cinquante (150) espèces d’oiseaux dont une cinquantaine d’espèces du paléarctique y sont recensées.
D’après le directeur de la faune et des chasses, Urbain Belemsobgo, la grande diversité faunique de la mare lui a valu d’être retenue comme un site Ramsar, une ville d’Iran où la convention sur les zones humides a été adoptée. Le Burkina Faso a adhéré à la Convention de Ramsar depuis 1990.

« Le Burkina Faso vient d’adhérer à la convention AIWA pour la conservation des oiseaux migrateurs pour mieux protéger les sites d’accueil et préserver les espèces migrateurs », a-t-il affirmé. De son point de vue, le vent, la température et le stress hydrique jouent sur la trajectoire des oiseaux et sur leur reproduction. Il a souligné que la mare d’Oursi est un cas spécifique qui a fait l’objet d’attention, non seulement au plan national, mais aussi international. Il en résulte que ce site est actuellement une zone de concentration d’activités et l’exploitation de la mare ne se fait pas forcément de façon harmonieuse. Il estime qu’il faut une concertation entre acteurs pour laisser un espace aux oiseaux, d’un côté et la maraîcherculture, de l’autre. Il a précisé que le nombre d’oiseaux diminuent d’année en année et qu’il n’y a pas de chiffres précis, à l’heure actuelle. A l’écouter, il faut suivre les oiseaux de près pendant un certain temps mais le Burkina Faso n’a pas encore développé le système d’observation par satellite.

Les effets du changement climatique

Par ailleurs, en dehors de l’action de l’Homme, le phénomène du changement climatique s’impose et constitue des menaces pour la mare. C’est dans la perspective de constater l’impact du changement climatique sur la mare d’Oursi que nous avons décidé de nous y rendre dans l’après-midi du 13 décembre 2011. A notre arrivée, la mare offrait un spectacle féerique. Plusieurs catégories d’oiseaux de différents plumages regroupés çà et là, semblent être venus à un sommet mondial des oiseaux de la planète Terre. Plus loin, une nuée d’oiseaux s’envole tandis que d’autres se posent sur l’eau. Au cœur de la mare, des pêcheurs s’activent à s’offrir les meilleurs poissons. De part et d’autre, des femmes font la lessive et d’autres s’attellent à assurer la corvée d’eau pour la consommation. Non loin de là, les bergers abreuvent leurs troupeaux et des enfants s’amusent dans l’eau. La population riveraine nous observe.

Nous nous avançons vers elle, en commençant par un groupe d’hommes assis à même le sol et qui nous attendait, prévenus de notre venue par la direction provinciale de l’Environnement. Parmi eux, un représentant du groupe de soutien au site, Ousseni Salou, explique que leur but est de protéger la mare pour une exploitation pérenne. « Ici, à Oursi, c’est un focus d’oiseaux migrateurs. Nous faisons des inventaires, organisons des captures et « baguetages » d’oiseaux et appuyons les différents groupes d’associations intervenant dans la protection de la mare », dit-t-il. Cette association existant depuis 1997 et reconnue officiellement en 2006, mène des activités de sensibilisation à travers des conférences publiques, le théâtre-forum et le porte à porte, à en croire M. Salou. Il affirme que dans les années à avenir, les oiseaux seront totalement en sécurité. Certes, confesse-t-il, au début, cela n’a pas été facile car la plupart des citoyens ne pensaient qu’à leurs casseroles en voyant les oiseaux, mais grâce à la sensibilisation à outrance, le peuple voit maintenant le bien-fondé des oiseaux migrateurs.

A propos de la pollution de la mare par les déchets plastiques, il avoue que l’association avait coutume de les ramasser et de stocker dans des sacs chaquue année jusqu’à leur disparition. Mais l’association, d’après un de ses membres, a dû baisser les bras, ne sachant plus où garder sa collecte de sachets et ne pouvant non plus les bruler de peur de polluer l’atmosphère. « Différentes interventions de Naturama et la direction départementale de l’environnement nous appuient sans faille, mais il faut que les gens se préoccupent de la pollution des eaux par les sachets », dit-t-il, s’inquiétant de la disparition de certaines espèces. Il y a deux décennies, confirme-t-il, quand nous étions encore adolescents, les grues couronnées venaient par milliers, mais actuellement, nous n’en voyons plus.

Un plan d’aménagement pour les oiseaux

D’après un animateur de l’ONG Naturama, Hamidou Mamadou, surnommé Mero, le monde entier a décidé de secourir Oursi depuis 1990. « Cette ONG a suscité la création du groupe de soutien à la mare d’Oursi, en vue de faire connaître et protéger les oiseaux migrateurs et a mis en place des pépinières pour le reboisement afin de préserver le mare ». D’après lui, des conférences publiques ont été organisées et les différents groupes menant des activités autour de la mare ont été identifiés. Les maraîchers ont été appuyés en matériels et des fosses fumières ont été prévues pour les agriculteurs. Un centre d’écoute sera construit au profit des différents acteurs.
Selon le directeur provincial de l’Environnement de l’Oudalan, Emmanuel Dabiré, qui a bien voulu nous servir de guide, il y avait une grande régression de toutes les mares de la région, en 2009. « Ici, à Oursi, il n’y avait même pas une goutte d’eau, d’avril à mai et bizarrement, à la saison pluvieuse de 2010, la mare a débordé et a englouti la mairie construite non loin de là. A entendre les populations, il n’y avait jamais eu autant d’eau depuis 30 ans », souligne-t-il. Il indique, à cet effet, que la mare a subi le phénomène de l’ensablement et n’est plus assez profonde et c’est ce qui a fait que la trop grande quantité d’eau reçue en 2010 a débordé. « Le marché est juste à coté de la mare et tous les déchets qui y proviennent se retrouvent dans l’eau. En dehors du sable, il y a les déchets plastiques.

En plus, les gens y déversent les ordures ménagères qui polluent davantage la mare », a-t-il ajouté. Toutefois, il trouve que la population est assez consciente de l’importance de la mare d’Oursi dont 80% de l’eau sert à la consommation. De son avis, c’est quand il n’y a pas d’eau à la mare que les citoyens vont vers les forages. Il a, par ailleurs, souligné que le ministère de l’Environnement et du développement durable (MEDD), en collaboration avec l’ONG Naturama, a élaboré un plan d’aménagement, en vue de permettre aux oiseaux de se multiplier dans de bonnes conditions. « Ce que nous faisons, c’est la sensibilisation et la surveillance pour que les gens cessent de polluer la mare et de pratiquer le braconnage. Et cette sensibilisation porte fruit, car vous ne verrez pas un habitant de la zone prendre une arme et tirer sur un canard. Mais à cause des brebis galeuses, le braconnage existe, malgré tout », a-t-il révélé. Pour lui, il est question de pouvoir exploiter la mare à long terme car si elle disparait, tout le village d’Oursi disparaîtra. Il en veut pour preuve la disparition de certains villages en saison sèche. « Nous souhaitons voir la mairie s’approprier la bonne gestion de cette mare », a-t-il formulé comme vœu. Mais nous n’avons pas pu avoir la version du premier responsable de la commune que M . Dabiré a tenté de joindre en vain, lors de notre passage à la mare, puis à la mairie, le même jour.

En tant que directeur provincial de l’Oudalan, il reconnaît que le programme de lutte contre l’ensablement dans le Bassin du fleuve Niger a formé et sensibilisé la population à la fixation des dunes mais que la période de fixation de ces dunes, se fait pendant la chaleur (mars-avril) où les bras valides préfèrent consacrer leur temps à la corvée d’eau pour abreuver leurs troupeaux. De plus, la pauvreté contraint les habitants à mener des activités qu’ils jugent plus rentables, telles que la confection des briques etc.
A côté de ce groupe qui a répondu présent au rendez-vous de M . Dabiré, quelques femmes des concessions voisines nous regardent, certaines par-dessus le mur, d’autres, assises devant leur porte. Interpellés par leur regard interrogateur, nous nous dirigeons vers deux d’entre elles, l’une après l’autre. C’est avec un large sourire que Mme Maïrama Yanoussi nous accueille, tout en manipulant sa longue chevelure « Cette mare est toute ma vie, depuis que je suis venue au monde il y a 27 ans. J’en bois l’eau depuis toujours, sans avoir jamais eu de maux de ventre ; je me lave avec et je m’en sers pour la cuisine et la lessive mais nous n’avons pas les moyens de lutter contre l’ensablement », nous confie-t-elle. Et Mme Awa Souaibou /Maïga d’ajouter que la mare s’était asséchée et que ce sont les inondations qui ont ramené l’eau à sa place initiale. Elle se souvient qu’autrefois, il y avait beaucoup d’arbres tout autour de la mare, mais de nos jours, il n’y a plus rien à cause de la coupe abusive du bois. « Nous reboisons chaque mois d’août pour redonner à la mare sa splendeur d’antant », espère-t-elle.

Forages et puits pastoraux pour une meilleure protection

Le président du groupement des pêcheurs, Moumouni Hamidou déplore l’ensablement rapide de la mare. Il y a dix à quinze ans, rappelle-t-il, il n’y avait pas de sachets dans la mare. On en voyait seulement aux alentours du marché. « L’ensablement a détruit le bas-fond qui entourait notre point d’eau. Toutefois, grâce au reboisement qui freine l’ensablement et surtout avec les inondations, il y a toujours de l’eau à la mare depuis 2009 ; nous empêchons la coupe abusive du bois et exhortons la population à protéger la mare, parce que chacun y gagne », a-t-il souligné. Le président du groupement des maraîchers, Boukary Seydou, abonde dans le même sens : « L’ensablement joue sur notre production de fruits et légumes. Il y a une décennie, l’eau restait pratiquement au même niveau toute l’année et nous avions permanemment des choux, de la salade, des aubergines, de la pomme de terre, des carottes, des tomates, des jujubes greffés, etc.

Mais actuellement, même pendant l’hivernage, l’eau de la mare se retire au fur et à mesure que le temps passe. De plus, lorsque les sachets s’entassent sur la berge, cela peut bloquer le passage de l’eau », a-t-il-déploré. Il révèle que leurs activités s’étendent de novembre à avril et que les meilleures récoltes s’obtiennent de janvier à février. « Dans notre groupement, nous sommes vingt et un membres actifs et chacun peut empocher au moins soixante mille (60 000) franc CFA, en dehors de la consommation familiale. En ce qui concerne les jujubes greffés, chacun peut avoir cent mille (100 000) de bénéfice par moments », illustre-t-il. Le directeur régional de l’Environnement et du développement durable à Dori, dans le Séno, Hamadé Barry, confirme que la mare est une zone de transit et de migration d’espèces et que le village d’Oursi est menacé, non seulement par le sable, mais aussi par la bouse de vaches et les crottes de chevaux, déchets plastiques et autres.

Cet état de fait, souligne-t-il, joue sur l’écosystème de la mare. « Il faut des forages et des puits pastoraux pour une meilleure protection de la mare », préconise-t-il, avant de poursuivre qu’il faut que la population prenne conscience que la mare est d’abord, leur patrimoine avant d’être celui de l’humanité. « Il faut donc trouver de façon concertée, une exploitation pérenne. Il faut que les autorités y mettent plus de moyens pour une gestion durable.
Nous sommes tous invités à écrire des projets », a-t-il ajouté. Par ailleurs, il sollicite le concours des associations œuvrant dans le domaine du recyclage des déchets plastiques pour que la mare en soit débarrassée.

A propos de l’application de la réglementation piscicole et pour ce qui est des années précédentes, M. Barry a révélé qu’il était difficile de situer les responsabilités, tant que la pêche était rattachée à l’agriculture. « Avec le retour de la pêche à notre ministère, nous allons reprendre la sensibilisation et la conscientisation des pêcheurs aux meilleures méthodes, car il vaut mieux faire une pêche durable que de racler tout le poisson en un seul jour », promet-il, d’un ton ferme.

Ce qui attire les touristes

Le directeur régional de la Culture et du tourisme, Boureima Sawadogo, affirme que les touristes viennent du monde entier, non seulement grâce à la mare, mais aussi des dunes mouvantes et extrêmement attractives. Néanmoins, « en 2011, leur nombre a été réduit, du fait que certaines ambassades ont ordonné à leurs ressortissants de ne plus s’y rendre, à cause d’une rumeur disant que la zone était très dangereuse. Mais ce n’était qu’une frayeur créée par une rumeur qui a fait plus de peur que de mal, parce que jusqu’ici, nous n’avons pas enregistré de cas malheureux. Le Sahel est libre et sans danger. Les touristes peuvent donc venir sans aucun problème », insiste M .Sawadogo. Il est d’avis que les lieux touristiques sont une richesse offerte par la nature et qu’il faut bien les entretenir pour plus d’apport et que la population doit jouer son rôle pour ne pas accélérer la dégradation des lieux touristiques.

« Les mosquées de Bani tombent en ruines, parce qu’il n’y a pas d’eau pour les réfectionner. La digue a cédé et l’eau n’y stagne plus », regrete-t-il. La direction régionale de la Culture et du tourisme du Sahel entend jouer sa partition pour la valorisation de la diversité culturelle de la localité. « Imaginez plusieurs ethnies dont personne ne veut laisser tomber sa culture au profit de celle de l’autre mais qui arrivent à vivre harmonieusement…Entre autres, les Peulhs, les Touaregs, les Tamachèques, les Sonraii, les Kouroumba, les Foulsés, les Mossis, les Kibsi et bien d’autres ethnies des pays frontaliers. Le festival dingué-dingué n’est qu’un échantillon de cette richesse culturelle », a-t-il clamé fièrement.

Aimée Florentine KABORE


La Convention de Ramsar

La Convention de Ramsar est relative aux zones humides d’importance internationale, particulièrement reconnues comme habitats des oiseaux d’eau. Couramment appelée convention sur les zones humides, c’est un traité international adopté le 2 février 1971 pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides, qui vise à enrayer leur dégradation ou disparition, aujourd’hui et demain, en reconnaissant leurs fonctions écologiques, ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative.

La convention a été élaborée et adoptée par les nations participantes à une réunion à Ramsar, en Iran, le 2 février 1971. Elle est entrée en vigueur le 21 décembre 1975.
La liste des zones humides d’importance internationale contenait, début 2009, 1828 sites (dont 931 en Europe, soit 51 % du total en nombre et 14 % de la surface totale), représentant une surface de plus de 1,6 million de km2, alors qu’en 2000, il n’y en avait que 1021. Le pays comprenant le plus de sites est le Royaume Uni avec 169, tandis que le pays ayant la plus grande surface de zones humides listées est le Canada avec plus de 130 000 km2, dont le Golfe Queen Maud avec 62 800 km2.
Les parties se réunissent tous les 3 ans et votent des résolutions et chaque année, en commémoration de la signature de la convention, les Journées mondiales des zones humides sont organisées par différentes associations, collectivités ou organismes d’Etat pour sensibiliser le grand public à ces milieux.
Le siège de cette convention se trouve à Gland (Suisse), avec celui de l’UICN.

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 25 janvier 2012 à 12:26, par Nebyida En réponse à : PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT : Des actions anthropiques menacent la mare d’Oursi et ses oiseaux

    Chapeau aux initiateurs de cette visite sur la Mare d’Oursi reconnue comme site Ramsar au Burkina Faso.
    Je me réjoui de la façon dont votre récit dépeint l’état des lieux qui prévaut sur le site. Cela n’est qu’un échantillon de l’état de gouvernance qui prévaut sur l’ensemble des Aires Protégées du pays. La sonnette d’alarme est donc tirée, nous autorités (gouvernement et collectivités locales) sont interpellées à susciter des réflexions sur la gouvernance des Aires Protégées du pays en général et singulièrement des zones humides en l’occurrence Oursi. Et ce dans la perspective de mieux orienter les actions d’aménagement de façon à ce que les populations bénéficient des retombées de la gestion durable de ces écosystèmes particuliers.

  • Le 31 janvier 2012 à 16:14 En réponse à : PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT : Des actions anthropiques menacent la mare d’Oursi et ses oiseaux

    ce qui se passe à Oursi est révélateur de tous les maux de ce pays dont la conséquence est la destruction de l’environnement. Des actions sont menées depuis 20 ans sur cette mare mais sans réel résultat car la malgouvernance est aussi là qui fait son oeuvre.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Déchets plastiques : Ces « voisins » qui nous envahissent