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REVOLUTION LIBYENNE : La grande désillusion

Publié le lundi 23 janvier 2012 à 23h36min

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"Qui tue par l’épée, périra par l’épée", dit l’adage. Cette sagesse a failli avoir raison du président du Conseil national de la transition (CNT), Mustapha Abdeljalil. En visite officielle à Benghazi, du nom de cette ville frondeuse qui a fait basculer le pouvoir du guide libyen Mouammar Kadhafi, il a été pris dans une souricière. Pour avoir la vie sauve, l’homme a dû se replier dans le siège du conseil avant d’être rapidement exfiltré par des ex-rebelles, puisque les manifestants, dans leur furie vengeresse, l’ont hué et lapidé avant de prendre d’assaut les locaux dudit conseil, qu’ils ont complètement saccagés. C’est une énorme épreuve pour le président Abdeljalil qui a à peine six mois d’exercice du pouvoir d’Etat.

Et, il en aurait fallu de peu pour que l’homme passe subrepticement de vie à trépas. D’autant que les protestataires, à ce qu’on dit, étaient armés de pierres et de barres de fer. Au fait, ces derniers réclament la mise en place d’un nouveau régime débarrassé de tous les caciques de l’ère Kadhafi et une gestion transparente des ressources du pays par les autorités de la transition. Autant dire que l’après-Kadhafi est loin d’être une partie de plaisir pour les nouvelles autorités, comme le laissaient croire les scènes de liesse qui ont fait le tour du monde au lendemain de la chute de l’ancien régime. Les autorités de la transition doivent donc savoir raison garder et éviter toute réaction passionnelle susceptible de plonger le pays dans une situation chaotique où, bien des Libyens en arriveront à regretter Kadhafi.

Pour cela, elles doivent se montrer conciliantes en s’ouvrant davantage aux manifestants plutôt que de s’enfermer dans un mutisme méprisant et scélérat. Gouverner, c’est savoir souvent se surpasser. Dans tous les cas, ce qui se passe actuellement en Libye entre dans l’ordre normal des choses. Car, en revisitant l’histoire du printemps arabe, on se rend compte que toutes les révolutions, à l’instar des secousses telluriques que l’humanité a connues, sont généralement suivies de répliques qui, très souvent, permettent d’aplanir les difficultés, de crever les abcès pour in fine instaurer un nouvel Etat. La Tunisie qui a été la pionnière du printemps arabe a connu des remous sociaux après le départ de Ben Ali. Mais, aujourd’hui, tout y semble marcher sur des roulettes.

L’Egypte, la cadette de la révolution, a vécu une apoplexie sociopolitique lorsque des manifestants, dénonçant la mainmise de l’armée sur toutes les affaires de l’Etat, avaient pris d’assaut la place Tahrir qu’ils refusaient de quitter. Les nouvelles autorités libyennes se doivent aussi de comprendre que la gestion du pouvoir d’Etat est une dure épreuve qui requiert sagesse et pondération. C’est le seul moyen pour elles de réussir la transition et éviter que le peuple ne regrette Kadhafi. Ce serait alors une grande désillusion.

Boundi OUOBA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2012 à 23:56, par leila En réponse à : REVOLUTION LIBYENNE : La grande désillusion

    je me demande comment vous pouvez affirmer "qu’en tunisie ca marche comme sur des roulettes" ?
    la déconfiture est totale et pas un jour sans manifs, sit in blocage agression, pendant que le gouvernement provisoire ne fait a part se plaindre de la situation en se prenant aux autres partis de cette nouvelle democratie et n’agit pas pour retablr un minimum de securite dans le pays livré lui meme

  • Le 24 janvier 2012 à 07:35 En réponse à : REVOLUTION LIBYENNE : La grande désillusion

    c’est le drapeau d’al quaida sur la photo ! mais c’est bien les rebelles qui ont fait appel à eux pour renverser kadhafi...minable..ne l oublions pas !

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