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Cet homme qui a inventé l’eau solide

Publié le vendredi 20 janvier 2012 à 00h25min

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Sergio Rico, ingénieur chimiste mexicain, est l’inventeur de la pluie solide, un procédé très simple qui pourrait révolutionner l’agriculture. Cette technologie relève de l’irrigation agricole. Elle consiste à optimiser l’usage de l’eau de pluie. Depuis une dizaine d’années, le Mexique subit des sécheresses terribles dans le nord du pays. Sergio Rico, sensible aux problèmes de pauvreté, de famine et de migration, a cherché comment mieux utiliser les faibles pluies qui tombent malgré tout sur ces zones arides.

"En travaillant sur la récupération de l’eau de pluie, déclare Sergio Rico au Point.fr, nous avons trouvé le moyen de la solidifier pour lui donner une autre valeur. Je me suis inspiré des couches pour bébés qui permettent d’absorber un liquide dans un minimum d’espace, et c’est à partir de là que j’ai eu l’idée de transformer l’eau de pluie en la gardant sous forme moléculaire dans un acrylate très absorbant dont la caractéristique est d’emmagasiner jusqu’à 500 fois son poids en eau sans en modifier la structure chimique."

L’eau de pluie, captée des toits, est canalisée vers un réservoir dans lequel il suffit de verser une dose de 1,5 gramme de polyacrylate de potassium pour 1 litre d’eau. En 15 minutes, on assiste au processus de solidification de l’eau. Se produisent alors une ionisation et une précipitation qui permettent aux molécules d’eau de se coller aux polymères, ce qui donne de l’eau en grains, à l’état solide. Avec ce procédé, plus besoin de pompes, de tuyaux, d’énergie électrique, de camions-citernes pour transporter le liquide. L’eau solidifiée peut se mettre dans des sacs en plastique que l’on peut stocker facilement jusqu’à en avoir besoin.

Les plantes n’ont aucun stress

Le polyacrylate de potassium permet de gélifier les liquides et de les réhydrater autant de fois que l’on veut pendant huit à dix ans. C’est une sorte de poudre blanche qui ressemble à du sucre. Pour le mélange, le chimiste mexicain, qui connaît bien son pays, utilise comme unité de mesure la capsule de n’importe quelle bouteille de boisson gazeuse, car il sait que les paysans des hameaux ou des petits villages auxquels s’adresse en priorité cette technologie ne possèdent pas une balance précise permettant de peser 1,60 gramme de polyacrylate.

Une capsule pleine à ras bord est, par exemple, la dose nécessaire pour solidifier l’eau que réclament trois plants de tomates. Pour un champ de maïs, un sac de 25 kilos permet d’irriguer environ 1 hectare. Pour démontrer la fiabilité de son invention, Sergio Rico a comparé dans l’État du Sonora, où le thermomètre monte facilement au-dessus de 45 degrés, deux systèmes d’irrigation. Avec le système traditionnel, où le paysan attend la saison des pluies pour arroser son champ, le rendement est de 600 kilos de maïs pour un hectare. Dans le champ d’à côté, la même culture avec de la pluie solide a permis une récolte de 10 tonnes par hectare !

Ce système d’irrigation, à la différence des autres comme l’arrosage par aspersion ou le goutte-à-goutte, est le seul qui emploie de l’eau à l’état solide. Les résultats sont incroyables, car la racine des plantes est maintenue humide pendant plusieurs mois et se réhydrate chaque fois qu’il y a une ondée ou un petit arrosage. La plante n’a, d’autre part, aucun stress, car elle sait qu’elle peut compter sur l’exacte quantité d’eau qui lui est nécessaire sans qu’il y ait de déperdition, car l’eau solide ne s’infiltre pas dans la terre ni ne s’évapore. Sur son bureau, Sergio Rico nous montre une magnifique plante verte qui n’a pas été arrosée depuis 176 jours.

Nul n’est prophète en son pays

Sergio Rico améliore sa technique depuis cinq ans. Il a déposé un brevet dans le monde entier sous le nom de "Silos de Agua". Sa technique est déjà employée avec succès en Inde pour les cultures de fruits, de cacahuètes, de coton, de blé et palmes. Avec un système traditionnel, ces cultures requièrent une irrigation de 80 litres d’eau par semaine, avec l’utilisation de l’eau solide, il ne faut que 50 litres tous les 3 mois. Un même succès en Colombie, en Équateur, en Espagne et au Portugal où son procédé est utilisé pour les cultures en serres ou dans les programmes de reforestation. "Les agriculteurs, qui connaissent les coûts de production, sont les plus intéressés, car ils voient immédiatement les économies d’eau qu’ils vont faire avec notre produit." Silos de Agua est très bon marché puisque le sac de 25 kilos pour un hectare ne coûte que 400 euros et dure 10 ans.

Autre avantage, l’eau solide se transporte facilement, ce qui est très pratique pour les lieux difficiles d’accès, que ce soit à dos de mule ou en hélicoptère. Les grandes sociétés agricoles mexicaines commencent à s’habituer à cette nouvelle technologie et ont de plus en plus souvent un stock d’eau solide au cas où les pluies cesseraient avant la récolte. C’est également un produit idéal pour arrêter les incendies. En déposant à même le sol des sacs d’eau solide, les feux rencontrent une masse d’humidité qui ne s’évapore pas, ils s’éteignent d’eux-mêmes sans mettre en danger la vie des pompiers.

Le rêve de Sergio Rico serait bien sûr de convaincre le ministre de l’Agriculture du Mexique de lancer une campagne d’information et d’assistance technique pour permettre aux zones les plus touchées par le changement climatique d’optimiser l’usage de l’eau de pluie. Il aimerait voir sa technologie au service des paysans mexicains les plus démunis. Pour l’heure, il ne recueille que des applaudissements, des diplômes et de bonnes paroles. Nominé pour le Prix mondial de l’eau en 2011 par le Stockholm International Water Institute, Silos de Agua espère bien remporter la palme en 2012. Ce serait alors le coup de pouce nécessaire pour une application mondiale.

PATRICE GOUY

Lepoint.fr

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Vos commentaires

  • Le 20 janvier 2012 à 17:25 En réponse à : Cet homme qui a inventé l’eau solide

    Une très bonne technologie à expérimenter chez nous au Faso pour nous éviter la famine ! N´est ce pas !

  • Le 20 janvier 2012 à 18:18, par un agroécologiste averti En réponse à : Cet homme qui a inventé l’eau solide

    Ce procédé n’est pas nouveau et existe depuis longtemps en Europe pour les fleurs en pôts.
    Ce n’est d’ailleurs pas forcément la solution miracle ni nouveau. Voici la réaction d’un monsieur sur lepoint.fr. Lisez plutôt :
    yanndruet le 19/01/2012 à 19:07
    Ce brevet est un brevet français qui a été volé, et qui est maintenant dépassé

    Je vous informe que j’ai déposé, en 1996, à l’INPI, ce brevet en utilisant du polyacrylamide de sodium. Ce brevet a été volé par la société Probio SA au Portugal et je n’ai pu en récupérer la propriété malgré un procès en bonne et due forme, cela parce que j’étais un particulier et que j’avais signé en droit français un contrat de cession de brevet à une entreprise domiciliée au Portugal.
    Cette solution est maintenant obsolète, car le polyacrylamide, en cas de sécheresse intense, va collecter l’eau présente dans la racine des plantes qui, alors, subissent un stress encore plus important qu’en situation de sécheresse simple.
    Ce produit, additionné de produits de traitement et de fertilisation, a été breveté et vendu sous le nom d’Hydrosorb.
    J’en ai maintenant arrêté la fabrication car c’est un procédé non biologique et non écologique qui finit par détruire la masse de matière organique des sols qui sont déjà pauvres. Le polyacrylamide se fragmente dans le sol, mais ne disparaît pas, ce qui entraîne un accroissement de la rétention en eau dans les horizons superficiels, mais sans que cela soit mobilisable par la plante, les structures alvéolaires étant alors trop petites pour libérer de l’eau au niveau des méristèmes.
    J’ai maintenant développé d’autres produits aussi performants, mais totalement bio et totalement digestibles par les plantes.
    Donc, attention avec cette information. Il ne faut pas donner de faux espoirs à des populations en déficit d’eau et qui souffrent de la sécheresse. Le produit est cher et ne pourrait être utilisé dans les zones saheliennes, car trop onéreux. Il reste utile dans les serres d’Arabie saoudite ou dans les Emirats où ils ont les moyens de payer ça.
    Il faut aussi savoir que la société française Floerger a développé un produit équivalent appelé Aquasorb, et que l’on a trouvé çà dans les jardineries françaises sous le nom de "grain d’eau". On le trouve aujourd’hui sous forme de gels colorés qui sont présentés pour le "fun" dans des jardineries et dans des fleuristeries.
    Donc attention, il ne s’agit absolument pas d’une innovation. C’est un pillage du savoir-faire français...
    Yann DRUET.

    En conclusion, pillage ou pas du savoir faire français, cela ne change pas grand chose au problème du manque d’eau sous nos tropiques. Surtout, ne pas croire que c’est miraculeux !!! il vaut mieux avoir les bonnes pratiques en agroécologie qui donnent de bons résultats durables que d’utiliser des produits fabriqués à base de pétrole source de pollution des sols pour des centaines d’années. Comme le problème des sachets noirs au Burkina qui stérilise nos sols par pollution et empêche l’infiltration de l’eau dans le sol.
    .

    • Le 25 janvier 2012 à 13:35 En réponse à : Cet homme qui a inventé l’eau solide

      merci pour ton post c’est cela l’entraide et l’information des uns et des autres. Notre journaliste a -til seulement pris sle soin de faire un minimum de recherches avant de reprendre cet article et d’y ajouter son analyse a lui ? Non ! A quoi sert-il ?
      SOME

  • Le 26 janvier 2012 à 23:27 En réponse à : Cet homme qui a inventé l’eau solide

    La glace a existe bien avant. Donc l’ eau solide, on connait depuis. Nouvelle pas si neuve que ca.

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