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POLITIQUE NATIONALE : Le GDR pour une Constitution fédéraliste

Publié le mercredi 18 janvier 2012 à 01h30min

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Du constat de la mal répartition des richesses au Burkina Faso et du hiatus entre la Constitution et les réalités géopolitiques, sociales et culturelles de notre pays, le GDR estime que la solution se trouve dans une nouvelle Constitution qui accorde une plus grande autonomie aux différentes régions. Aussi, il lance un appel "à tous les patriotes et démocrates sincères à se joindre" à leur projet progressiste.

Après les indépendances formelles de 1960, la plupart des Etats africains sont tombés dans des crises politiques et identitaires qui semblent s’exacerber au fil du temps. Les raisons de ces crises se trouvent assurément dans l’immaturité, l’inexpérience, l’hérésie et la duplicité qui ont guidé ces indépendances sans substrats. Le cas de l’ex- Haute-Volta (Burkina Faso) dont les acteurs socio-politiques de l’époque n’étaient pas tous favorables à sa reconstitution de 1947 est très illustratif à ce sujet. Ces crises sont, aussi et surtout, les conséquences de la mal gouvernance, du manque de démocratie, du manque de considération pour les us et coutumes de certaines communautés et du non-respect des valeurs socioculturelles de toutes les composantes ethniques du pays.

Notre pays, le Burkina Faso, n’échappe pas à cette mouvance générale qui caractérise l’évolution des pays d’Afrique noire de ces dernières années. C’est ainsi qu’à ce jour, au plan du développement socio-politique, tous les chiffres montrent que le sous-développement est inégalement reparti à travers le pays. Toutes les communautés ne sont pas logées à la même enseigne quand on compare, par exemple, ceux qui habitent dans le Sahel ou à Takélédougou à ceux qui habitent la Capitale et ses régions environnantes. Cela veut dire en claire que les richesses du pays sont inégalement reparties. Ceux qui produisent le plus ne sont pas du tout ceux qui profitent des fruits de la croissance. Le rapport 2003 de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) sur la pauvreté au Burkina Faso est très illustratif à ce sujet. En effet, les régions les plus frappées par la pauvreté sont la Boucle du Mouhoun (60%), le Nahouri (66%), le Sahel (68%).

Le rapport ajoute plus loin que les régions où le taux d’alphabétisation est le plus bas sont les régions du Sahel (9%), du Nahouri (8%). Les régions qui ont le plus bas taux de fréquentation des services de santé sont les régions du Sahel (3,7%), du Nahouri (2,7%), de l’Est (3,6%) et du Mouhoun (3,5%). Le constat, c’est que le développement passe à côté des régions éloignées de la Capitale et de ses environs. Au plan politique, depuis les années d’indépendance, les élites africaines s’évertuent à mal plagier les Constitutions des ex-colonisateurs, sans aucun esprit imaginatif. Il est même fréquent de voir les textes fondamentaux d’un pays élaborés à l’aune des ambitions des maîtres du jour. Les nombreuses relectures de Constitution, relatives au mandat présidentiel, au Burkina Faso, au Cameroun, au Togo, ... s’inscrivent dans cet ordre.

Ces constitutions ne sont nullement adaptées aux réalités géopolitiques, sociales et culturelles de nos pays ; elles ne sont pas non plus le fruit d’une quelconque expérience interne. De plus, dans aucun Etat on n’a eu le courage ni la volonté politique de se pencher sur nos textes fondamentaux. Quand ces débats ont lieu, ils sont superficiels, tendancieux et ne portent que sur des aspects au demeurant secondaires. Le Burkina Faso ne fait pas exception à cette critique. De fait, outre que le pouvoir politique y est fortement centralisé faisant du même coup ressembler le pays à un royaume féodal, à une monarchie ou à une caserne militaire, toutes les populations ne s’identifient pas à ce genre de pouvoir, notamment ceux du grand Ouest. Or, eux aussi ont le droit de se sentir à l’aise dans leur pays. De même, ils ne trouvent pas toujours leur compte dans le système de gestion centralisée des affaires publiques mis en place par les différents régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat depuis 1960.

Tirant sans doute leçons de ces diverses expériences, les initiateurs du présent Manifeste entendent apporter une alternative crédible à la grave crise qui menace notre société et dont les germes se trouvent dans la forme de l’Etat unitaire. Dans la nécessité de l’instauration d’un développement participatif du pays, toutes les composantes de la nation sont appelées à y apporter leurs parts dans le respect de la diversité culturelle, ethnique, religieuse et coutumière. La réalisation de cet impératif demande la définition urgente d’une nouvelle Constitution qui accorderait une plus grande autonomie aux différentes régions du pays à redimensionner. Dans cet esprit, on ne mettra en commun que ce qui est essentiel, la défense nationale, la politique étrangère et les grands travaux d’infrastructures. Tout le reste pouvant être localement géré, chaque région aura son Assemblée locale avec ses députés élus, son gouvernement local avec un gouverneur élu à la tête, sa police, une autonomie de gestion pour ce qui concerne les affaires régionales.

Les critères définissant les régions devront être une identité culturelle, ethnique et/ou religieuse, linguistique et coutumière commune pour plus de 50% de la population concernée en dehors de toutes considérations politiciennes. Le présent Manifeste a pour but de fédérer l’ensemble des démocrates et patriotes autour d’un objectif commun, à savoir le développement du Burkina Faso. Nous lançons un vibrant appel à tous les patriotes et démocrates sincères à se joindre à notre projet progressiste autour du développement du Burkina Faso. Une des conditions étant la participation active de toutes les communautés vivant sur le territoire national au processus de développement socioéconomique du pays.

Enfin, vu du Groupe des démocrates-républicains, les récentes assises dites nationales sur les réformes politiques et leur devancier de CCRP (Conseil consultatif sur les réformes politiques) ne sont rien d’autres qu’une sorte de révolution de palais visant à consolider la dictature au pouvoir depuis 1987 et, notre coalition n’entend pas s’associer à cette entreprise de banalisation du passif criminel (économique, politique et humain) du régime en place.

Pour le Directoire, Ibrahima Ouattara Premier secrétaire du GDR

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2012 à 05:21 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Le GDR pour une Constitution fédéraliste

    GDR, ca existe encore ? Le Youtoo ont valu la chose, ouias. Arretez de nous masturber en plein marche de 21 de Reo. Si vous ne connaissez pas la ho0nter, ce qui vous voient pnt peur d ela honte qu’ ils connaissent.

  • Le 18 janvier 2012 à 14:01 En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Le GDR pour une Constitution fédéraliste

    Je pense que la réflexion de ce Monsieur est honnête. Prenons - le au sérieux au lieu de ruer dans les brancards. C’est visiblement la manifestation d’une frustration, qui est certainement la résultante de la gouvernance crapuleuse. En effet ; le développement du népotisme ajouté à la corruption ; aux détournements restés impunis et à la pratique irresponsable de la politique, conduit inévitablement à des frustrations, d’abord d’individus, puis chez de groupes d’individus, puis de communautés, voire de régions entières. Il faut que cela s’arrête ; sinon il faut effectivement un système fédéral pour conjurer certaines tragédies vécues dans d’autres pays. Imaginons un peu s’il n’y avait pas eu la décentralisation et que les gestionnaires des ressources des communes étaient nommés dans le népotisme tel qu’il est vécu aujourd’hui, la situation allait être grave pour la paix sociale. Observez si tous les burkinabè ont les mêmes chance d’être nommés dans les postes à milliards. Malheureusement on dirait que ces postes ne sont réservés qu’à des familles bien précises. Si ces gestionnaires ne géraient pas en pensant plus à eux-mêmes qu’à l’ensemble de la société, on n’aurait rien à redire. Mais il se remplissent les poches en toute insouciance. Danger pour la cohésion sociale.

  • Le 18 janvier 2012 à 17:46, par yeral dicko En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Le GDR pour une Constitution fédéraliste

    ni été le dernier paragraphe du texte j’allais entièrement souscrire à l’appel du GDR avec armes et bagages !
    Quand je pense à la quantité du métal jaune qui sort des entrailles de la province du soum et que djibo ériger en cercle en 1947 n’a toujours pas de goudron ce que sa pose problème.

  • Le 18 janvier 2012 à 20:14, par novykos En réponse à : POLITIQUE NATIONALE : Le GDR pour une Constitution fédéraliste

    Pas simple de réagir à un tel écrit, mais les dangers qu’il contient m’obligent à le faire.
    Signalons en passant que les données chiffrées dudit article sont dépassées sinon erronées (il n’y a qu’à aller sur www.insd.bf pour avoir de meilleures infos.
    Ex : Alphabétisation - La majorité des régions (10 sur 13) a un taux d’alphabétisation inférieur à la
    moyenne nationale...quatre régions sont largement en deçà d’un taux de 20% : le Sud‐Ouest (18,1%), le Sahel (18,0%), le Centre‐Nord (16,6%) et le Centre‐Sud (15,9%) - extrait de : Analyse des résultats de l’enquête annuelle sur les conditions de vie des ménages EA – QUIBB 2007)

    "Oui", on peut mieux faire pour un développement plus homogène de notre pays (une meilleure répartition des richesses si vous préférez) non pas seulement sur le plan espace (milieux urbain et rural / les régions) mais aussi sur les plans sexe, catégorie sociale etc. Toutes choses qui pour ma part, pourraient trouver des solutions dans le cadre de notre système actuel (surtt avec la communalisation) si chacun faisait correctement son boulot.
    "Non" je ne crois pas que le système que vous proposez apporterait des solutions miracles et même que certains de vos arguments pour y aller me font peur.
    Parlant de critères pour définir une région vous soulignez « identité culturelle, ethnique et/ou religieuse, linguistique et coutumière commune pour plus de 50% de la population concernée ».
    1. Sans prêter des intentions, le caractère ethnique et/ou religieux est une porte ouverte à des dérives graves (ces futurs états pourraient donc si leurs élus le décident, être des états non laïques ou dirigés suivant les us d’une ethnie majoritaire). Que fait-on des 50% restants ? Plus généralement que fait-on de l’unité et de l’intégration de nos peuples ?
    2. De plus vos critères n’évoquent même pas les aspects « potentiels de développement économique ». Déjà notre petit Etat du Burkina peine à trouver les ressources pour booster son développement alors qu’en sera-t-il de vos minuscules états autonomes ?
    Au vu de tout cela, je pense que pour une meilleure répartition des richesses, faisons fonctionner correctement le système qu’on a, avant d’aller à l’aventure.

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