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AFFRONTEMENTS DANS LE NORD-MALI : Une recrudescence de la rébellion touarègue ?

Publié le mercredi 18 janvier 2012 à 01h29min

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Le Nord-Mali est à nouveau en ébullition. L’armée malienne y est aux prises avec un groupe armé de rebelles touaregs autour de la ville de Meneka. Le Mali qui se prépare à des élections serrées en juin prochain, fait face à cette insécurité persistante dans la partie nord du pays, où l’autorité de l’Etat est complètement bafouée. Cette fois-ci, c’est en tentant de sécuriser les alentours de Meneka que les rebelles ont décidé de contrer les forces de sécurité maliennes. L’enjeu reste le contrôle de la ville dont les communications ont été coupées par les rebelles qui, finalement, ont fui les bombardements aériens imposés par les hélicoptères de l’armée. Tout laisse croire que ce n’est qu’un répit.

Et les informations ne sont pas très rassurantes car des groupes armés, anciens combattants du régime défunt de Kadhafi, essaiment la zone et personne ne connaît jusque-là leurs vraies intentions. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) dit compter sur un millier de combattants aguerris et disposant d’un arsenal prélevé sur celui du défunt guide libyen. On connaît désormais les accointances qui existent entre les rebelles touaregs et le groupe terroriste AQMI. Et cette jonction entre ces deux organisations rend la situation plus difficile et plus délicate.

Entre des Touaregs qui réclament une autonomie ou un Etat qui remettrait en cause l’unité nationale et un AQMI spécialisé dans le rapt de touristes étrangers, les Etats comme le Mali doivent choisir entre la peste et le choléra à défaut d’opter pour une solution radicale. Le Mali a déjà négocié et signé un accord de paix avec la rébellion touarègue en 2006. Mais de ce côté-là, les promesses n’ont pas toujours été tenues dans un camp comme dans l’autre et il faudra à nouveau retourner à la table de négociation. Le président ATT, lors de la chute du régime Kadhafi, a bien tenté de rallier ces anciens combattants à la cause républicaine en leur demandant de déposer les armes. Le succès de cette opération de charme n’a pas été total et il fallait s’attendre, tôt ou tard, à des incidents de ce genre.

La menace est plus grande depuis la fin de la guerre en Libye et l’armée malienne s’y est d’ailleurs préparée puisqu’elle a renforcé sa présence dans le Nord du pays. Une fois n’est pas coutume. L’armée malienne a pris les devants, elle qui nous avait habitués à des ripostes plus qu’à des actions commando, bien ciblées pour déstabiliser, voire désorganiser ces renards du désert qui ont transformé progressivement la bande Sahélo-saharienne en une zone de non-droit, depuis les années 90, où terroristes et trafiquants de drogue règnent en maîtres absolus. Si cette escalade venait à perdurer, et tout laisse croire qu’il n’en sera pas autrement, ce sera au détriment de la cause touarègue, confondue, à tort ou à raison, avec celle des terroristes de AQMI.

Les seigneurs du désert, ces « hommes au sang bleu", jadis en quête d’un espace vital à cheval sur cinq pays de la bande Sahélo-saharienne, seront alors réduits à de simples "terroristes" vivant du commerce des otages et de la drogue.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2012 à 02:56, par tango En réponse à : AFFRONTEMENTS DANS LE NORD-MALI : Une recrudescence de la rébellion touarègue ?

    Les Touareg ne font que revendiquer leur territoire delaissé par le pouvoir malien et l’ensemble de l’Afrique et des européens au detriment d’Aqmi et des trafiquants de cocaïne latino.Relevez le niveau de vos investigations Mr ou demandez a des burkinabés les details de la resistance Touaregue elle n’a rien a voir avec Aqmi ou autres groupes extremistes.Les Touareg veulent leur état comme vous Mr c’est pas un crime !!

  • Le 18 janvier 2012 à 07:45, par Farid Mnebhi En réponse à : Peut-on raisonnablement faire confiance aux capacités de l’Algérie dans la lutte anti-terroriste dans la région sahélo-saharienne ?

    Peut-on raisonnablement faire confiance aux capacités de l’Algérie dans la lutte anti-terroriste dans la région sahélo-saharienne ?
    Pour répondre à cette question triviale, je baserai mon propos sur trois évènements.
    A/ Le premier est relatif aux combats qui ont éclaté, le 17 janvier 2012 au matin, entre l’armée malienne et un groupe rebelle touareg à la frontière algéro-nigéro-malienne, dans la ville de Mekana.
    Cette attaque fait suite à un renforcement militaire malien dans la région, à Tinzawaten, proche de la frontière algérienne.
    Sachant que la zone nord du Mali et du Niger est confrontée aux opérations terroristes de l’AQMI et mafieux du polisario, qui opèrent depuis leurs bases installées en territoire algérien, il n’est pas exclu que les services algériens soient derrière cette opération, une marque d’appellation d’origine.
    En effet, les services de sécurité algériens n’auraient pas apprécié que les autorités maliennes aient pris des contacts avec les ravisseurs des 05 occidentaux mais aussi d’avoir engagé tous les moyens pour assurer la sécurité des biens et des personnes dans cette zone. Aussi, Alger a pris la décision de leur en faire payer le prix, à savoir déstabiliser le Mali en réactivant ses réseaux subversifs touaregs à sa solde.
    A noter que cette instabilité a été renforcée par le retour de Libye de centaines de touaregs maliens avec armes et bagages, via l’Algérie et avec l’aval des services sécuritaires algériens. Une carte maîtresse aux mains d’Alger pour pouvoir dicter ses ordres à Bamako.
    A rappeler que le chef militaire des Touaregs Maliens, essentiellement basés à Kidal et aux abords de la frontière algérienne, Ibrahim Ag Bahanga, avait été assassiné, le 26 août 2011, dans une zone comprise entre la Libye et l’Algérie.
    Cet assassinat avait été interprété par nombre de spécialistes comme la conséquence de sa prise de position en faveur l’opposition libyenne contre l’avis du régime algérien et de sa participation active et importante à l’acheminement d’armes à la rébellion notamment dans l’ouest de la Libye.
    Ceux sont ces hommes, avec ceux du polisario, qui ont récupéré une très importante quantité d’armes et de munitions, dont des missiles sol-air. Une partie de ces armes ont, d’ailleurs, été remises ou vendues aux terroristes d’AQMI.
    De plus, la complicité entre les services de sécurité algériens et les notables touaregs, de notoriété publique, a été rompue en raison de ce trafic d’armes s’opérant sur et à partir de son territoire et échappant à son contrôle sans rétro commission pour leurs parrains et protecteurs d’Alger.
    B/ Le second, tout aussi récent, constitue la preuve flagrante de l’incompétence des services sécuritaires algériens en matière de lutte anti-terroriste et de protection.
    Dans le sud-est algérien, dans la wilaya d’Illizi, c’est tout simplement son préfet et son staff qui ont été enlevés, le 16 janvier 2012 au soir, par des membres d’AQMI.
    Ce responsable était parti calmer une manifestation de jeunes dans la ville de Debdeb, à la frontière libyenne.
    A signaler que ces jeunes protestataires appartiennent à la famille d’Abdelhamid Abou Zeid, un des chefs les plus radicaux d’AQMI et ce sont eux qui ont kidnappé le Péfet Il aurait ensuite été emmené en territoire libyen pour être livré au groupe d’Abou Zeid.
    Cet acte n’est en fait qu’une réponse des terroristes d’AQMI à la condamnation à perpétuité par contumace le 02 janvier 2012 à Alger d’Abou Zeid et de 05membres de sa famille pour délit de terrorisme.
    C/ Enfin, le troisième est également révélateur de l’impuissance des sécuritaires algériens à juguler le terrorisme et de sa débandade sur le terrain.
    Sans rappeler les nombreux cas d’actes terroristes, d’enlèvements, de meurtres, et d’attentats perpétrés dans le nord du pays, seul celui du 16 janvier 2012 est assez parlant.
    En ce dimanche 16 janvier 2012, les terroristes d’AQMI ont réussi le tour de force de faire exploser une bombe au passage d’un train de marchandise entre Bouira et Bou Arreridji à l’Est d’Alger.
    Suite à cet attentat, la circulation de tous les trains a été suspendue, isolant la région est du pays. Ces mêmes pratiques sont notablement courantes sur le tronçon séparant Bouira de Lakhdaria.
    Au final et au regard de ces trois éléments, la réponse à ma question, objet du titre de ce papier, ne peut être que négative.
    L’Algérie ne peut ni protéger son territoire contre toute atteinte terroriste, ni anéantir les bases arrières d’AQMI sur sol, ni sécuriser ses frontières pour empêcher toute incursion d’éléments terroristes, ni lutter efficacement contre ce fléau. Elle ne fait que l’encourager et l’utilise même à des fins de politique intérieure et extérieure. C’est pourquoi, les autorités algériennes ont perdu toute crédibilité auprès leur peuple, de leurs voisins, mais aussi auprès de la communauté internationale.
    En vous demandant de bien vouloir publier et diffuser ce papier. Une réponse par courriel à cette demande serait appréciée. Cordialement. Farid Mnebhi.

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