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Général Zakari Nandja, ministre de l’eau et de l’assainissement du Togo : « Il n’y a pas d’école spécifique pour faire la politique, si l’on exécute les ordres du gouvernement »

Publié le lundi 16 janvier 2012 à 01h30min

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De Zakari Nandja, l’on peut dire qu’il assume assez bien ses nouvelles attributions au sein de l’appareil d’Etat. Général et ancien patron des Forces armées togolaises (FAT), l’homme dirige depuis 2009 le ministère de l’eau, de l’assainissement et de l’hydraulique villageoise du Togo. Il est ainsi passé de Général de l’armée à ‘’Général de l’eau et de l’assainissement’’.

Nous l’avons rencontré le 6 janvier dernier à Lomé dans le cadre du récent Forum national de l’eau et de l’assainissement du Togo. Dans l’interview qu’il nous a accordée, le natif de Kabou, dans la région de Kara au nord, donne sa lecture du processus. Il situe également les enjeux dans le secteur de l’eau potable et de l’assainissement pour le Togo et se prononce sur sa participation au prochain Forum mondial de l’eau, prévu du 12 au 17 mars 2012 à Marseille, en France.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous globalement le déroulement du processus du forum national de l’eau dans votre pays qui vient de s’achever avec la clôture ?

Gal Zakari Nandja : Je suis très heureux que ça soit très bien passé. Vous avez constaté que tous les Togolais sur toute l’étendue du territoire se sont mobilisés pour l’événement. Cela signifie qu’ils s’approprient les problèmes d’accès à l’eau et l’assainissement.
Dans votre pays, l’on a constaté une implication au plus haut niveau. Comment l’expliquez-vous ?

Il est normal que nous soyons intéressés. D’abord, cela découle de la politique du Chef de l’Etat qui a promis pendant sa campagne présidentielle de fournir l’eau potable et l’assainissement à toute la population togolaise. Ensuite, nous sommes au regard des statistiques dans le secteur, les derniers de la classe. Parce que pendant une quinzaine d’années le Togo a été exclu de la communauté internationale. Et nous devons rattraper le retard accusé toutes ces années, puisque les autres, pendant que nous dormions un peu, ont continué à travailler. Ce qui fait qu’actuellement nous partons avec l’un des taux les plus faibles d’accès à l’eau et à l’assainissement. Donc, nous devons travailler plus et nous approprier les processus nécessaires pour avoir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement.

Peut-on avoir des précisions sur vos statistiques dans le secteur de l’eau et de l’assainissement ?

Au jour d’aujourd’hui, nous avons en moyenne 42% d’accès à l’eau potable à travers le pays. Quant au taux d’accès à l’assainissement, il est de 12% environ.

Qu’entendez-vous faire, en tant que premier responsable du département de l’eau et de l’assainissement, des conclusions du forum national ?

Les recommandations qui sont faites seront une sorte de cahier de charges pour notre participation au sixième Forum Mondial de l’Eau de mars 2012. Pour nous le rendez-vous de Marseille est très important. Au-delà de l’appropriation du processus d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, ce sera pour nous l’occasion surtout de plaider la cause du Togo. Nous avons fait en juin 2011 une table ronde qui a abouti à une plateforme de revendications, si on peut les appeler ainsi, et qui nécessitent des investissements très importants. Nous espérons avoir des oreilles attentives au niveau de Marseille pour financer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.

Qu’envisagez-vous au niveau national pour que les financements ne viennent pas que de l’extérieur ? Il y a quelque chose à faire…
Il y a beaucoup de choses à faire au niveau national. La première des choses, c’est que les gens doivent prendre conscience que nous sommes en retard en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Cela signifie que les réalisations que nous faisons dans le secteur doivent être pérennisées par une bonne maintenance et un bon usage.
Au titre de l’année 2011 qui vient de s’achever nous avons réalisé environ 860 forages à motricité humaine à travers le pays. Ce qui n’est pas rien.

Etes-vous confiant pour l’avenir ?

Nous avons tous les éléments pour mener une bonne politique dans le secteur. On a fait une table, beaucoup de séminaires de sensibilisation et adopté de dispositifs législatifs et réglementaires pour mieux gérer le secteur. Nous sommes tout le temps sur le terrain. Ce qui manque, c’est les moyens financiers propres. Nous réfléchissons sur un certain nombre d’idées à même de nous aider à avancer. Nous sommes en train de voir s’il n’y a pas lieu de faire une journée nationale de l’assainissement. Cela permettra de collecter des fonds et d’initier des actions d’hygiène à travers tout le pays. Si on arrive à faire des latrines témoins dans tous les villages, les gens vont pouvoir continuer eux-mêmes. Les populations commencent à prendre conscience des inconvénients des défécations à l’air libre. Ç’a commencé à prendre.

Pensez-vous que le secteur privé peut vous aider dans ce domaine ?
Pour accrocher les acteurs du secteur privé, il faut arriver les intéresser. Il y a eu des expériences, je ne sais plus si c’est au Viet Nam ou en Birmanie, où ils ont commencé à faire des latrines mais en impliquant le secteur privé par la vente de matériaux et ça l’air de marcher. Nous espérons vraiment nous inspirer de cette expérience. Sur ce plan là, ça peut être intéressant. Mais, si c’est s’attendre à des bonnes œuvres de la part du privé, je ne pense pas que ça puisse les intéresser.

Peut-on par exemple s’attendre à des entreprises togolaises évoluant dans le secteur de l’eau et de l’assainissement ?

Bien sûr. C’est pourquoi, d’ailleurs, je dis qu’il faut intéresser dans les circuits économiques de ce qui va se développer. Là, ça peut être intéressant.

Vous êtes apparemment bien parti. Le Togo a l’air de bouger de l’extérieur …

Notre chance, c’est que le Président et le Premier ministre nous appuient. Ensuite, il y a une équipe très dynamique. Avec le secrétaire général, le directeur général, les directeurs régionaux, nous ne cessons de redoubler d’efforts. Vous avez vu les travaux d’assainissement dans la ville de Lomé. Cela traduit justement des attentes au niveau des rues. Notre objectif, c’est d’atteindre 64% d’accès à l’eau potable en 2015. Allons-nous y parvenir ? Je n’en sais rien mais nous allons tout faire pour approcher cet objectif.
Que pensez-vous de l’initiative ‘’A l’Eau l’Afrique, A l’Eau le Monde’’ qui soutient les fora nationaux dans six pays d’Afrique dont le vôtre ?
C’est une très bonne initiative. Nous profitons de l’occasion pour remercier l’ONG Eau Vive qui a été très présente sur tout le processus à travers les cinq régions du pays. Vous avez pu voir l’engouement et surtout l’espoir suscité chez les gens par cette initiative. Nous espérons que ce sera vraiment payant.

On vous sait Général de l’armée togolaise. Comment vous sentez-vous dans le domaine de l’eau et de l’assainissement où vous officiez depuis quelques années maintenant ?

Oh ! (Sourire).Vous savez… il n’y a pas une école spécifique pour faire la politique surtout si l’on exécute les ordres du gouvernement. Moi, plus je suis sur le terrain, mieux ça vaut. Pour moi être sur le terrain signifie faire l’eau et l’assainissement. Et c’est le contact avec la population démunie.

Vous êtes originaire de Kabou. Quelle est la situation de votre village en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement ?

Jusque- là, ça n’a pas été facile. Kabou est un village d’environ 10 000 habitants. Et nous venons, grâce au gouvernement, au Premier ministre et naturellement, au Chef de l’Etat, d’inaugurer une mini adduction d’eau pour cette population qui en était très contente. Il y a eu un bon château d’eau, un forage et surtout une dizaine de bornes fontaines qui vont donner de l’eau en plus des forages à motricité humaine qu’il y avait dans le village.

Interview réalisée à Lomé par Grégoire B. BAZIE

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