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Une lettre pour Laye : 1 Guiro désormais synonyme de milliard

Publié le lundi 16 janvier 2012 à 00h51min

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Cher Wambi,
Nos compatriotes ont vraiment de l’imagination : le milliard vient d’être baptisé "Le guiro" sur les rives du Kadiogo. Et nous voilà ainsi replongés dans cette sale affaire de cantines d’argent qui a emporté l’ancien directeur général des Douanes, Ousmane Guiro, le 2 janvier dernier, lequel séjourne depuis le 5 janvier à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Mais, alors que la procédure judiciaire suit son cours, le Conseil des ministres, réuni en session ordinaire le mercredi 11 janvier 2012, lui a déjà trouvé un successeur en la personne de Kuilbila Jean Sylvestre Sam, inspecteur divisionnaire des Douanes. En tous les cas, nombreux sont les Burkinabè qui n’en reviennent toujours pas qu’Ousmane Guiro ait eu une telle audace.

Est de ceux-là le premier des Burkinabè, Blaise Compaoré himself qui, s’adressant à un de ses proches conseillers, lui aurait à peu près lancé ceci : "Voilà dans quel pétrin vous m’avez encore embourbé..."
A quelques centaines de kilomètres de la capitale, dans son village natal, un oncle du douanier Guiro a confié au journal "Le Pays" avoir été obligé de vendre son âne, la veille même de son arrestation, afin de s’acheter des vivres, tant les greniers sont vides ; et pourtant les cantines du neveu vomissaient des CFA, des dollars, des euros, des objets de valeur et que sais-je encore.

Maintenant que va-t-il se passer, cher cousin ?
Question des plus sensibles quand on apprend que certaines enveloppes entassées dans les cantines portaient les noms des "généreux" donateurs, dont certains seraient des chefs de bureau des Douanes disséminés à travers le territoire national, mais aussi des opérateurs économiques et pas des moindres.
D’où cette peur-panique qui s’est emparée du royaume des gabelous et des milieux d’affaires.
Mais en attendant d’en savoir davantage, cher Wambi, Guiro va-t-il porter seul sa croix ?

La justice n’a pas encore dit son dernier mot.

Cher Wambi, pour terminer aujourd’hui sur cette affaire, il m’est revenu que le ministre de l’Economie et des Finances, Lucien Marie Noël Bembamba, a reçu le mercredi 11 janvier 2012 à 7h30, soit avant le Conseil des ministres, les premiers responsables des services centraux et régionaux de la Direction générale des Douanes pour leur signifier sa décision de renouveler l’équipe dirigeante en nommant des jeunes n’ayant pas plus de quinze (15) ans de service. Il aurait proposé aux anciens le choix entre deux options : la retraite anticipée ou un redéploiement en dehors de la douane. La nomination du nouveau Directeur général, Kuilbila Jean Sylvestre Sam, âgé de seulement 43 ans, intervenue le jour même, semble confirmer cette option. Ils seraient ainsi une bonne quinzaine à être frappés par cette fatwa ministérielle, parmi lesquels certains des plus gradés et expérimentés. Il est vrai qu’expérience ne rime pas avec vertu, pas plus que jeunesse avec honnêteté. Reste maintenant à savoir comment cette purge sera accueillie d’abord par les intéressés puis par l’ensemble de la corporation, considérée aujourd’hui comme le mouton noir de la République.

Cher cousin, ce week-end sera déterminant pour la Commission électorale nationale indépendante (CENI) : en effet, c’est ce samedi 14 janvier 2012 qu’il sera procédé à l’ouverture des plis des sept sociétés en compétition pour l’identification et l’enrôlement biométrique des électeurs dans le cadre des élections couplées (législatives et municipales) de 2012.
Dans le souci d’une grande transparence, la CENI a voulu un dispositif élargi dans la conduite de cette opération très sensible et délicate. C’est pourquoi il a été créé une commission ad hoc chargée de l’examen des demandes de proposition et d’attribution du marché. La commission comprend des représentants du ministère de l’Economie et des Finances, du ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, du ministère des Transports, des Postes et de l’Economie numérique et bien sûr de la Commission électorale nationale indépendante. Le Premier ministère et la Commission de l’Informatique et des Libertés y ont des membres observateurs. Une sous-commission technique comprenant des experts en identification, en système réseau informatique, en base de données et en développement d’application informatique, en sécurité informatique ainsi que des représentants de la CENI et des trois ministères cités plus haut procédera à l’analyse des offres.
L’opération se déroulera en trois temps forts : il y aura d’abord l’ouverture des plis et des offres techniques. Ensuite, chacun des soumissionnaires procédera pendant 30 minutes à la démonstration de sa solution technique.

Après la démonstration, la séance sera suspendue. Les prestataires se retireront et le travail se poursuivra avec la sous- commission technique, qui travaillera sans désemparer et remettra un rapport sur ses appréciations. Immédiatement après, le président de la CENI convoquera la commission ad hoc pour l’examen et l’adoption du rapport de la sous-commission technique, et la délibération sur la possibilité pour les soumissionnaires de poursuivre la compétition. Un minimum de 80 points est exigé pour la poursuite de cette compétition, à savoir l’examen des offres financières.
A l’issue de ce travail marathon, l’on saura enfin qui de MULTIMEDIA GLORY SDN BHD (Malaisie), CODE INCORPORATED (Canada), GEMALTO (France), PALMARES TECHNOLOGIES (Bénin), WA YMARK (Afrique du Sud), CBN (Canada) ou de SAFRAN MORPHO (France) aura la lourde tâche d’identifier et d’enrôler de manière biométrique, et dans les meilleurs délais, les électeurs burkinabè qui devront se rendre aux urnes en novembre 2012.

Dommage que la société de ton neveu, qui est une référence dans le monde des TIC, ne soit pas encore d’envergure à pouvoir soumissionner à ce genre de marché qui t’aurait certainement permis de passer, pendant un bon moment, du dolo à la bière.

Eh oui, cher Wambi, ainsi Luc Adolphe Tiao ne plaisantait pas. Des vœux nationaux secs ; c’est en effet ce qu’il m’a été donné d’observer dans l’administration publique en ce début d’année 2012.
La décision du gouvernement d’affecter des fonds réservés aux ripailles de fin d’année aux populations vulnérables aurait donc valeur de loi. Si à Kosyam, en tout cas, le grand Sachem a reçu les vœux des corps constitués et du corps diplomatique en live, même si l’intendance a été revue à la baisse, au premier ministère, c’est plutôt après le troisième chant du coq et à 7h00 que le maître des lieux a reçu les siens ce mardi 10 janvier.
S’en souviendront en tout cas les personnes âgées, invitées à se tenir debout durant deux longues heures.

Je ne t’en dirai pas plus, cher cousin, mais ton neveu à la bouche fendue au mauvais endroit aurait, lui, souhaité qu’on mît plutôt les drapeaux en berne s’il faillait tant serrer la vis. Car, se convainc-t-il, le pactole versé aux 1500 participants aux assises nationales sur les réformes politiques aurait pu tout aussi sauver Nobili, Béré et Saagkuilga de la famine.
Vrai ou faux ?

165, c’est le nombre de partis politiques que compte le pays dit des hommes intègres. Mais combien d’entre eux sont en règle vis-à-vis de la loi ? Même pas la moitié !
A moins d’un an des élections législatives et municipales couplées, le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité a pris une fatwa salvatrice, contraignant les fautifs à se mettre à jour avant le 1er février 2012 ; une fatwa qui a sonné la résurrection des partis morts et enterrés depuis les dernières subventions et consultations.
Tu comprends aisément pourquoi, cher cousin, ce printemps des congrès qui a sonné depuis une semaine, car sait-on jamais !
Mais, entre le seigneur et nous, cher Wambi, a-t-on besoin de tant de partis pour sauver le Faso ?

En tout cas, si ma voix pouvait compter, j’aurais plaidé pour une loi qui balaierait tout parti qui n’aurait pas engrangé au minimum 5% des suffrages aux élections.
Y a-t-il un mal en effet à assainir la scène politique burkinabè, encombrée par bien des farceurs et des oisifs ?

Oui, cher cousin, deux semaines après la Nativité, l’Eglise famille du Burkina sacrifie ce week-end à la tradition des funérailles chrétiennes. J’imagine déjà toutes ces colonnes humaines qui envahiront les familles ayant décidé de célébrer leurs morts.
Bien sûr, tu sais qu’il y a la messe-funérailles de "Karansaamba", Emmanuel Zongo, le centenaire de Laye décédé en 2010, mais il convient de retenir aussi celles des confrères de Passek-Taalé : j’ai nommé Sissao Nongma René (décédé le 21 février 2010) et son épouse Sissao/Ouédraogo Marie Madeleine (décédée le 12 octobre 2008).

Pour ces trois disparus, la messe sera dite ce samedi 14 janvier 2012 à partir de 8h à la paroisse Notre-Dame de Kologh-Naaba.
Maintenant, cher cousin, direction la paroisse Notre-Dame des Apôtres de la Patte-d’Oie, où sera célébrée le même jour et à la même heure celle de Kazoni Doumbiré Pierre (décédé le 7 juin 2010).

Voilà, c’est sur cette page du souvenir que je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, en route pour le village, où elle doit offrir en sacrifice un coq noir aux fétiches pour l’année nouvelle.

• Moustapha Chaffi, c’est assurément depuis ces derniers mois la vedette de la lutte contre les preneurs d’otages au Sahel ; mais aussi et surtout le conseiller le plus écouté du président Blaise Compaoré.
En rupture de ban avec les autorités de son pays, la Mauritanie, cet opposant-né, qui s’est établi au Faso depuis une vingtaine d’années, vient d’être frappé par un mandat d’arrêt lancé par les maîtres de Nouakchott, qui l’accusent "d’appuyer financièrement le terrorisme ; de coopérer avec des chefs terroristes et de soutenir matériellement des réseaux terroristes dans le Sahel".
Et comme le malheur ne vient jamais seul, c’est le vendredi 5 janvier 2012 que son géniteur, l’imam Chafi, l’un des hommes d’affaires les plus connus de la Mauritanie, est décédé.
Hélas, c’est donc à des milliers de kilomètres de Nouakchott que le conseiller de Blaise Compaoré pleurera la mort de son père, au milieu d’une foule nombreuse accourue à sa résidence de Ouaga 2000 pour le soutenir, et pour cause !

• Décidément, la nouvelle année n’aura pas ramené la paix dans les cœurs des populations de Pissila et de Boussouma dans le Sanmatenga. On se rappelle qu’en 2011, ces deux localités avaient vécu des heures chaudes du fait de la politique, leurs maires respectifs ayant subi le courroux d’une frange de la population.
Celui de Pissila vit d’ailleurs, depuis, en exil à Kaya malgré le procès qu’il a gagné contre les croquants d’alors. On s’attendait à une accalmie de part et d’autre quand, hier jeudi 12 janvier dans la journée, on a appris que la situation était houleuse à Boussouma et qu’il y aurait même eu incendie d’immeuble et blocage de la circulation par les mécontents. Pendant ce temps, dans l’autre zone de fronde, une mission de contrôle est sur place depuis quelques jours par suite de l’appel interjeté par les condamnés du premier jugement.
A quand le retour de la concorde dans ces communes ? Bien difficile d’y répondre.

• Jusqu’où peut mener la foi, surtout si elle est aveugle ? Ainsi pourrait-on s’interroger après ce qui est survenu le lundi 9 janvier 2012 au cimetière de Sandogo, secteur 17 de la capitale : ce jour-là, dans l’après-midi, des gens étaient attroupés autour d’une tombe dans laquelle avait été enseveli un des leurs la veille. Le disparu, selon le "chef de file", serait ressuscité et il fallait l’extraire de sa dernière demeure. Quel miracle ! serait-on tenté de dire. Revenir à la vie après qu’on a constaté son décès, qu’on a été inhumé avec une dalle et un bon tas de terre sur soi, sans aération, il faut vraiment le faire. Comme il en fut du Christ !

• Pour la 3e fois, l’évangéliste allemand résidant aux Etats-Unis Reinhard Bonnké foulera le sol burkinabè pour une campagne d’évangélisation du 25 au 29 janvier 2012. Il sera cette fois-ci accompagné d’un autre évangéliste de nationalité américaine, Daniel Kolenda. Les soirées d’évangélisation se tiendront tous les soirs à partir de 17h dans un quartier périphérique de Ouagadougou, notamment à Bissighin/Kilwin, route de Ouahigouya. Les journées seront consacrées aux enseignements pour les leaders (pasteurs, diacres...). On se le rappelle, sa première visite date de 1990 et la deuxième de 1993.

• Une fois encore, le quartier de la Patte-d’Oie, au secteur 15 de la capitale, s’est invité dans l’actualité, mais en mal : par le décès d’une dame dans une chambre de passe ; voilà qui suffit à tenir la chronique depuis le début de la semaine. Alors que les enquêtes se poursuivent pour retrouver son "oiseau" d’une heure, disparu depuis la survenue du drame, les travailleurs des lieux, eux, auraient été interpellés.
Affaire à suivre.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie.
Au revoir.

Ton cousin
Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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