LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “La prudence et l’amour ne sont pas faits l’un pour l’autre : à mesure que l’amour croit, la prudence diminue. ” François de La Rochefoucauld

15 millions de Burkinabè - Mohamed Doumi : Un Algérien prêt à se sacrifier pour le Burkina Faso

Publié le vendredi 13 janvier 2012 à 01h01min

PARTAGER :                          

On pourrait le surnommer le plus Burkinabè des Algériens. Il est arrivé au «  pays des Hommes intègres  » depuis 1994 et y vit, libre, comme un poisson dans l’eau. Lui, c’est Mohamed Doumi, Ambassadeur pour la paix universelle et président de la Fédération Asalam internationale. Il se laisse découvrir aisément.
« Je suis Algérien, marié à une burkinabè et père de deux enfants (des jumeaux). Je suis au Burkina Faso depuis 1994. Mon arrivée ici (moment de silence, de méditation et de colère), je ne veux pas l’évoquer, parce que c’est quelque chose qui a été fabriqué par les Français. Ça me fait mal. C’est une injustice. C’est dur, mais je sais qu’un jour, le Seigneur va me réparer cette injustice  ». A entendre Mohamed Doumi parler ainsi, l’on comprend pourquoi il a décidé de lutter pour la paix, le dialogue et la réconciliation. Après tout, dit-il, «  je me suis dit que je suis là, il faut que je sois, au moins, utile à quelque chose. J’ai étudié toutes les religions  : le Coran, la Bible, Moïse et la culture de la paix  ».

Avec insistance, M. Doumi finit par s’ouvrir :« Non, je ne veux pas parler de ça ! Que Dieu pardonne aux gens qui m’ont mis dans cette situation. C’est l’arbitraire et c’est ce qui me galvanise à travailler pour prouver l’innocence des gens. Il y a des gens qui croupissent dans les prisons, qui sont en l’exil forcé, etc. Cela me blesse. J’ai fait partie du Front de libération de l’Algérie (FLN) et j’ai combattu les Français. Chose qu’ils ne peuvent pas accepter… » A quelle que chose, malheur est bon, dit-on. En tous les cas, Mohamed Doumi veut aller au-delà de son passé, mieux, il veut l’utiliser pour construire un avenir serein dans la paix.

Et à l’écouter, il ne pouvait pas trouver meilleur pays que le Burkina Faso : « J’ai été membre du FLN. Mon père est un martyr de la guerre. On est issus d’une famille révolutionnaire et cette éducation coranique, multireligieuse et les rencontres avec tous les gens en Algérie, en France… m’ont forgé. Mais ce qui m’a le plus forgé, c’est quand je vois les Burkinabè. C’est un peuple qui n’est pas raciste. C’est un peuple qui est très ouvert ». L’ouverture du peuple burkinabè a permis à Mohamed Doumi de s’intégrer facilement dans son pays d’accueil et d’exercer dans de nombreux domaines de la vie active. Il dit avoir exercé dans le transport, le bâtiment, etc., mais il fallait de grands moyens pour émerger dans ces secteurs. Par la suite, il s’est investi dans la restauration et semble y tirer son épingle du jeu, en employant une vingtaine de personnes.

M. Doumi ne tarit pas d’éloges à l’endroit des Burkinabè :« Je suis convaincu que ce peuple est formidable. J’ai vu des gens m’offrir l’hospitalité. Ils m’ont invité partout. » Ceci pourrait-il expliquer l’amour que l’homme qui est né, le 9 février 1947, à une trentaine de kilomètres d’Alger, manifeste pour le Burkina Faso.

Fier du Burkina et de son président

Mohamed Doumi est fier d’être Burkinabè et il a les mots pour l’exprimer : « Je suis Burkinabè et je défends le Burkina Faso, même si cela va me coûter ma tête. Je veux défendre le Burkina Faso, coûte que coûte. Défendre ses frontières, ses principes, sa démocratie et ses responsables. » Après 18 ans de vie au Burkina, notamment à Ouagadougou, M. Doumi est bien placé pour parler des progrès du pays. Selon lui, on ne peut pas comparer le Burkina Faso de 1994 à celui de nos jours : « c’est inimaginable ! En 1994, c’était des routes en terre, quelques boulevards et des anciennes maisons. Il y a un changement radical dans la vie quotidienne ». M. Doumi pense que ces progrès ont été acquis, grâce au travail abattu par les premiers responsables de l’Etat , preuve qu’il y a des hommes qui veulent améliorer la vie quotidienne des citoyens.

Il souligne que le Burkina Faso doit être encouragé et soutenu, car le peuple se bat. Et selon sa philosophie, il faut se mettre du côté de ceux qui se battent. « Je soutiens le peuple. Et quand tu soutiens le peuple, cela veut dire que tu soutiens son chef. C’est-à-dire son programme », confie M. Doumi. En tous les cas, Mohamed Doumi recommande ceci :« Je demande à tous nos enfants, nos frères et sœurs d’être fiers de notre président, parce qu’il est sollicité partout. C’est un homme de dialogue. Il parle à toutes les couches sociales, ce n’est pas un homme arrogant et qui fait la sourde oreille… » Quand vous évoquez la crise que le Burkina Faso a traversée en 2011 avec M. Doumi, celui-ci vous dira qu’il voyait venir les choses.

« Je voyais venir la crise. Je suis un homme de courage. J’appelle un chat, un chat. Nous avons un problème d’éducation et il faut réformer l’école. Quand je vois l’école d’aujourd’hui, je constate qu’on est en train de former, parfois des citoyens qui n’ont pas grande concidération pour leurs pays... » Très prudent, M. Doumi invite à la vigilance :« Je sais qu’il y a des contraintes politiques, mais il y a aussi la jalousie ? ! Quand on voit un homme qui recherche l’intérêt de son peuple, on cherche à lui mettre les bâtons dans les roues. Dernièrement, dans les mutineries, j’ai suivi le scénario des médias occidentaux et ça ne m’a pas plu. Certaines radios et journaux ont allumé le feu. Pourquoi ? Parce que Blaise Compaoré est allé vers l’Amérique et Taïwan (…) »

Et M. Doumi de continuer, en ces termes :« Quand le président du Faso avait fait son voyage sur Israël, les gens disaient dans la ville qu’il a vendu le Burkina Faso. Moi, je leur réponds simplement pour dire que le président Compaoré est un homme de paix. La dernière preuve en date, c’est le président de l’Union africaine, Jean Ping, qui est venu le solliciter. C’est un grand honneur pour les Burkinabè et on devrait en être fier ».

« Inch Allah, il n’y aura pas de printemps arabe en Algérie »

Mohamed Doumi ne cache pas sa colère contre les révoltes dans les pays arabes que d’aucuns qualifient de printemps arabe. Et il donne ses raisons : « c’est un complot préparé par l’Occident et c’est encore un complot qui veut diviser le Nigéria en deux, la RDC, le Soudan… L’Occident est en faillite et veut diviser l’Afrique pour en tirer profit. » M. Doumi ne comprend pas pourquoi dans un pays comme le Nigéria, riche en pétrole, on incite les dirigeants à augmenter le prix du pétrole à la pompe. Celui qui tente de justifier le printemps arabe par le manque de liberté dans les pays arabes trouvera M. Doumi sur son chemin. « Quelle liberté ? Si tu te mets nu devant moi, c’est cela la liberté ? Il y a un problème de culture ! Il n’y a plus de pudeur. Nos filles sont dans les rues, il n’y a plus de mariage. On assiste à des concubinages, aux grossesses non désirées, un relâchement dans l’éducation… » Et M. Doumi de s’interroger : « C’est cela la liberté » Anecdote à l’appui, Mohamed Doumi démontre pourquoi il est contre les méthodes de l’Occident :

« Nous étions à un séminaire continental au Bénin. Les organisateurs sont venus nous voir avec des documents en nous demandant de tout faire pour que les recommandations soient appliquées en Afrique. Savez-vous ce qu’ils souhaitaient Ils nous demandaient d’accepter les associations de gays et de lesbiennes dans nos pays. Moi, j’ai dit non ? ! C’est quelle liberté ça ? On déforme la nature de Dieu (…) Je suis Africain, j’ai ma culture, je ne peux pas accepter ces déviances ». Quoiqu’il advienne, Mohamed Doumi dit être serein et ne désespère pas pour son pays d’origine, l’Algérie :

« Inch Allah, il n’y aura ni conflit, ni printemps arabe en Algérie. Je pense que la jeunesse algérienne est éveillée. Elle n’écoute pas Face book et Twitter ».Mohamed Doumi appelle la jeunesse africaine à la vigilance ? : ?« larguer des armes dans un pays, on n’appelle pas cela la démocratie. C’est une agression contre l’Afrique et sa dignité. Ils ont dit qu’il y avait des armes nucléaires chez Saddam Hussein et voilà, la bouillabaise que l’Occident a créée ». S’il y a une chose qui saute à l’œil chez Mohamed Doumi, c’est le courage, la bonne humeur et la capacité à relativiser les situations de la vie. Cet homme qui a l’esprit ouvert sur les choses de la vie dit tenir au respect de l’autre. Aussi, dit-il, « j’aime quelqu’un qui est franc, qui est avec toi, quelle que soit la situation ». Et de poursuivre : « Je ne suis plus jeune. J’ai vécu dans la Révolution, les guerres, le mal, le bien ». Sans détour, Mohamed Doumi souligne qu’il n’aime pas le mensonge.

Et s’il doit dire quelque chose, il le dit avec respect et humilité. C’est pour cela qu’il en veut aux utilisateurs du concept « dégage », lors des révoltes arabes ; Il s’explique : « le mot dégage, c’est un mot vulgaire. Quand tu dis dégage à quelqu’un, c’est une humiliation. C’est un mot de voyous que les Tunisiens ont ramené chez eux, du bordel de Marseille… ». Enfin, en ce début d’année, Mohamed Doumi souhaite au peuple burkinabè, la santé et la paix en 2012. « Je souhaite aussi que Dieu éloigne Satan et les démons qui cherchent à détruire le Burkina. Je souhaite que Dieu donne la clairvoyance à tous les dirigeants d’Afrique. Qu’il donne longue vie, la paix et la santé au président du Faso, pour qu’il fasse du Burkina, un pays émergent, d’amour et de prospérité ? ».

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique