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Lettre ouverte à Madame la Présidente du Conseil supérieur de la communication : Images de presse, droit à l’image et présomption d’innocence : Quelle est la conduite à tenir au Burkina Faso ?

Publié le vendredi 13 janvier 2012 à 00h59min

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Madame la Présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC), la presse burkinabé ainsi que les médias audiovisuels (télévision) donnent souvent à voir des personnes prises en flagrant délit de tel ou tel forfait, ou des personnes interpelées par les forces de l’ordre pour fautes diverses. Ces images de presse sont généralement soit des photographies ou des images filmées. Les médias ont-ils le droit de publier les images d’individus présumés innocents de sorte à ce qu’ils soient reconnaissables sur lesdites images, ou doivent-ils s’interdire de publier toute représentation visuelle sur laquelle ceux-ci sont reconnaissables ? Au nom de la présomption d’innocence et du droit à l’image.

Madame la Présidente, « Le droit à l’information fait partie des droits fondamentaux du citoyen burkinabé », c’est ainsi qu’est stipulé l’Art.1 du Code de l’information en vigueur au Burkina Faso depuis son adoption par la loi N° 56/93/ADP du 30 décembre 1993 – les propositions de relecture de ce Code sont intervenues les 10 et 11 mai 2011 et sont en attente d’adoption par l’Assemblée Nationale. Et des experts du monde des médias d’ajouter que le droit à l’information, c’est le droit d’informer, cela veut dire de transmettre l’information au public, et le droit de recevoir l’information, d’être informé.

Madame la Présidente, le droit de l’information pose très souvent une limite au droit à l’image, entendu comme étant le droit de chaque personne sur son image qui sous-entend le pouvoir à s’opposer à sa réalisation, reproduction et publication, y compris dans la presse. Ce droit concernant l’apparence physique des personnes, non seulement le visage. Mais pour que le droit à l’image soit applicable, la personne doit être reconnaissable sur l’image concernée. A bien considérer ce qui précède, on comprend mal les habitudes de nos forces de l’ordre (police et gendarmerie) qui n’hésitent pas à présenter à la presse leurs « trophées » de « guerre ». Cette même presse se faisant l’obligation de rendre compte publie à son tour les informations reçues. L’aspect qui nous préoccupe est l’attitude que doivent adopter les médias au Burkina Faso. Jusqu’à ces étapes, on est en droit de se poser un certain nombre de questions.

Madame la Présidente, pensez-vous que les forces de l’ordre ont le droit de présenter physiquement, même à la presse, les présumés délinquants qui tombent dans leurs filets (au risque d’entraver toute procédure judiciaire à leur encontre et au nom du droit à l’image dont ils jouissent) ? Madame la Présidente, les médias ont-ils le droit de publier non seulement nommément mais surtout les traits physiques reconnaissables des individus que leur présentent la police et la gendarmerie ? Madame la Présidente, vous convenez avec nous que même en cas de flagrant délit, un individu interpellé et poursuivi par la justice bénéficie de la présomption d’innocence jusqu’à ce que la justice en décide autrement.

A ce sujet, un flou règne au niveau des médias burkinabé qui se répartissent entre ceux qui montrent purement et simplement les visages des présumés innocents et ceux qui en plus de les publier se font l’obligation d’en masquer les visages. Il est dit que le droit à l’image et le droit à l’information ont la même valeur juridique, ce qui fait qu’il est toujours très difficile d’établir la limite entre la réalisation par la presse de sa fonction d’informer et la violation du droit à l’image des personnes présumées innocentes et poursuivies par la justice.
Dans l’attente d’une réponse de votre part et dans l’espoir d’un prochain échange sur ces questions, nous vous prions, Madame la Présidente, de bien vouloir croire en l’expression de nos respectueuses salutations. »

Christophe TAPSOBA, Journaliste – Reporter à : www.wikiburkina.info

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