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Il faut le dire : Arrêtons les licenciements abusifs !

Publié le mercredi 11 janvier 2012 à 00h41min

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Le vendredi 6 janvier 2011, la Filature du Sahel (FILSAH) mettait à la rue, 7 agents, tandis que 23 autres écopaient d’une mise à pied, sous prétexte de « faute lourde », une semaine seulement après un « malentendu » qui avait occasionné un arrêt d’environ une heure de travail. Cet incident est consécutif à une assemblée générale, tenue par le bureau du personnel, pour dévoiler aux travailleurs, leur plate-forme revendicative. Chose gênante pour les responsables de la société, la presse a relayé, à les entendre, des « déclarations péremptoires », ce qui a valu des lettres d’explications nourries de soupçons de licenciement.

Que ce soit un arrêt de travail concerté occasionné par ces tensions (ce que contestent fortement les agents), il est difficile, voire impensable d’imaginer qu’en si peu de temps, on puisse suivre normalement les procédures et aboutir à un licenciement. Si les choses ont été faites dans les règles de l’art, cette « facilité » de licenciement trouve-t-elle son origine dans la politique nationale d’attraction des investisseurs privés et d’amélioration du climat des affaires ? A ce propos, les Burkinabè ont applaudi à tout rompre, le rapport 2008 de Doing Business qui classait le pays des hommes intègres, 148e sur les 181 pays évalués, et au 6e rang du cercle très convoité des 10 meilleurs pays réformateurs au monde en matière d’amélioration du climat des affaires.

Quatre facteurs principaux cités par ledit rapport ont milité en faveur du progrès de notre pays, notamment la mise en place d’un guichet unique (le Centre de facilitation des actes de construire) de délivrance des permis de construire, le transfert de propriété, la réforme de la loi fiscale et la réglementation du marché du travail avec le nouveau code du travail, assouplissant les règles d’embauche et de licenciement. Si ce bond qualitatif en avant ramène le pays de très loin, le relevant de son rang d’avant-dernier en 2005, force est de reconnaître qu’elle semble avoir ouvert un gouffre, du fait d’avoir fragilisé les textes qui régissent le milieu de l’emploi. En la matière, le prix à payer ne se fait pas attendre et le revers de la médaille se dévoile au fil des agissements de certains employeurs.

Si le Code du travail adopté en 2004 était connu protecteur des travailleurs, celui de 2008 qui se veut être moderne et adapté à l’évolution du monde des affaires les livre, poings et pieds liés, à des patrons d’entreprises qui voient leur pouvoir renforcé. Sinon comment comprendre que la grève, pourtant reconnue au travailleur comme un droit, puisse lui coûter son gagne-pain ? La manière, la forme et les procédures n’ont pas été respectées, dira-t-on. Soit ? ! Du reste, qui est en règle vis-à-vis de la loi ? A-t-on toujours sacrifié, en pareilles circonstances (arrêt de travail concerté) aux recommandations de l’Article 370 du nouveau code du travail qui stipule que « L’inspecteur du travail ou le directeur du travail convoque les parties et procède sans délai, à la tentative de conciliation » ?

Etre patron d’entreprise ne donne donc pas droit d’embaucher et de renvoyer un employé, de façon arbitraire. Les patrons en veulent surtout aux travailleurs de dévoiler, au moyen de la presse à l’opinion nationale, se qui se trame, s’applique et se vit en réalité, à l’intérieur de leur société. L’exemple d’un agent licencié dans une entreprise de Bobo-Dioulasso parce qu’ atteint du VIH/Sida, en est une illustration parfaite. Le licenciement très contesté du délégué général du personnel d’une autre société de commercialisation de carburant à Ouagadougou en 2009 et bien d’autres cas anonymes ramènent à l’ordre du jour la nécessité d’un regard plus pointilleux des services étatiques compétents en la matière. Les inspecteurs de travail ne serviront à rien, s’ils ne sont pas consultés dans le licenciement des travailleurs.

En tous les cas, ce serait inconcevable qu’ils aient pu donner leur quitus dans des litiges où les travailleurs ont visiblement droit à une repentance ou tout au moins, aux droits les plus élémentaires d’un employé ? : réclamer de meilleures conditions de vie et de travail. Le contraire assimilera l’employeur à un maître et non à un partenaire des travailleurs qui sait pertinemment qu’un climat apaisé au travail est l’un des facteurs, ou même le premier, d’un rendement et d’une productivité optimale d’une entreprise. Ceux qui l’ont compris tôt avec un management de qualité du personnel s’en sortent à bon compte. Mais de grâce, il faut qu’on se le dise, arrêtez les licenciements abusifs.

Jean-Marie TOE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 janvier 2012 à 11:15, par KASS En réponse à : Il faut le dire : Arrêtons les licenciements abusifs !

    avez-vous pris le soin de bien lire le code du travail ???
    quel est l’article qui fait obligation à un chef d’entreprise de consulter l’inspection du travail avant tout licenciement ?
    c’est cette façon cavalière d’écrire et d’affirmer des choses qui font que la pénalisation du délit de presse devrait demeurer.
    un journaliste informe, mais lorsqu’il est amené à prendre position ou à commenter un évènement, il se donne la peine de la démonstration documenter. c’est en cela que l’on reconnaît les grandes plumes !
    SOYEZ PLUS PROFESSIONNEL !

    • Le 12 janvier 2012 à 11:17 En réponse à : Il faut le dire : Arrêtons les licenciements abusifs !

      Bien dit kass.
      Notre cher journaliste qualifie d’abusifs les licenciements. L’abus veut bien dire à l’encours de la loi. Donc qu’il n’accuse pas le code du travail. La loi offre à celui qui se sent abusé des voies de recours (soutenu par des preuves bien sûr).
      Généralement celui qui manque de preuves et d’arguments est animés d’un instinct de "fauteur de trouble".
      Monsieur le journaliste, je t’invite à plus d’analyses !

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