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ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : "Réformer c’est changer en mieux"

Publié le dimanche 8 janvier 2012 à 23h42min

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Le président de l’UDD, Toubé Clément Dakio, dresse un bilan des assises nationales sur les réformes politiques tenues les 7, 8 et 9 décembre 2011 à Ouagadougou.
Les assises sur les réformes politiques des 7, 8 et 9 décembre 2011 sont la dernière étape du processus de réformes politiques amorcé il y a quelques mois et dont le Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) est la deuxième étape. Les assises ont permis de réunir, au Palais des sports de Ouaga 2000, 1510 participants. Il y a eu là un brassage social fécond qui a rapproché les divers délégués et couches sociales à travers les échanges sur les quatre axes des propositions de réformes émanant des acteurs de la vie nationale.

Comme le CCRP, les assises nationales ont un caractère consultatif et sont aussi une réponse à l’appel lancé, le 10 décembre 2009 par le chef de l’Etat aux citoyens à une réflexion sur l’approfondissement de la démocratie au Faso en vue de la paix et du développement.

Il faut dire qu’à cette occasion, le chef de l’Etat s’est départi de sa certitude immuable que tout allait pour le mieux au Burkina qu’il voyait éminemment émergent. Il a aussi admis que tout est perfectible, même sa propre gouvernance.

La crise socio-politique qui a secoué le Faso en février et mars 2011 a montré l’urgence qu’il y a à procéder à des réformes politiques, économiques et sociales. Mais en raison de la crise de confiance entre gouvernés et gouvernants, il est logique de faire appel à la démocratie directe en faisant asseoir tout le monde ensemble pour dialoguer et non pas à la démocratie représentative à travers l’Assemblée nationale. C’est justement ce qu’a fait le président du Faso en faisant tenir les assises nationales.

Une volonté commune de contribuer à la paix et au développement du Faso

Les assises nationales, comme le CCRP, ont été un cadre de débats démocratiques où les délégués des différentes couches sociales ont exprimé les principales préoccupations de leurs catégories. C’est ainsi que :

la diaspora s’est intéressée à l’effectivité du vote des Burkinabè à l’étranger et aux modalités d’acquisition des pièces qui leur sont nécessaires dans leurs activités ;

les personnes vivant avec un handicap ont insisté sur les difficultés rencontrées dans leurs efforts pour s’intégrer à la vie professionnelle et cela pour leur indépendance.

les chefs traditionnels adhèrent à l’idée de la constitutionnalisation de la chefferie coutumière et traditionnelle et de son statut pour qu’ils soient les gardiens neutres et respectueux des traditions et respectés par leurs populations.

Mais les chefs traditionnels étant des citoyens à part entière, certains d’entre eux hésitent quand il s’agit de se mettre en marge de la politique en échange d’un statut à eux accordé. La constitutionnalisation de la chefferie est le fait d’inscrire cette chefferie dans la constitution ;

Le délégué de la Boucle du Mouhoun a souligné avec force et conviction que la région de la Boucle du Mouhoun est totalement délaissée par les pouvoirs publics. La preuve, toutes les autres régions sont reliées à Ouaga par des routes bitumées. Le bitumage de la route Dédougou, capitale régionale de la Boucle du Mouhoun, n’avance pas de façon satisfaisante. Il est à souligner que tous les délégués ci-dessus énumérés ont demandé, avec instance, que les difficultés que leurs structures rencontrent soient levées. Ils ont exprimé clairement leur volonté de contribuer à la paix et au développement du Faso.

L’opposition politique a souligné que si le chef de l’Etat a fait appel aux assises nationales pour débattre des propositions de réformes politiques, c’est que les gouvernés ont perdu confiance aux gouvernants, c’est-à-dire qu’il y a crise de confiance entre gouvernés et gouvernants. C’est pourquoi, il importe que les réformes politiques permettent de donner un contenu réel à la démocratie au Burkina, c’est-à-dire qu’elles doivent répondre aux aspirations profondes d’égalité, de justice et d’indépendance des Fasodé. Elles doivent donc se traduire par une transformation profonde du mode de gouvernance politique et économique. L’attention des assises a été attirée sur l’urgence qu’il y a à mettre en œuvre des réformes si l’on veut éviter d’éventuels troubles en raison de la montée irrésistible des jeunes générations. Toutes les autres couches sociales, présentes aux assises, ont, tour à tour et à travers leurs délégués, exposé leurs préoccupations qu’elles soient d’ordre professionnel ou tout simplement existentiel et demandé que ces difficultés soient levées.

La consolidation des propositions de réformes politiques et la crédibilité du processus des réformes politiques

Les assises nationales ont atteint leur objectif général en consolidant les propositions de réformes issues des travaux régionaux en vue du renforcement de la paix, de la démocratie et d’une citoyenneté responsable favorable au développement du Burkina. En raison de cette consolidation, le processus des réformes politiques (CCRP, rencontres régionales et assises nationales) n’a pas été un instrument docile, une boîte à lettres du pouvoir pour faire passer facilement la révision de l’article 37 de la loi fondamentale du Faso contrairement à ce que pensaient ceux que nous avons appelés dans l’un de nos écrits les contestataires du CCRP. Ils n’avaient qu’à faire une analyse dynamique de la situation du Burkina en y intégrant l’environnement international, le contexte régional et les réalités nationales au lieu de s’en remettre seulement à une analyse statique peu féconde et fallacieuse en l’occurrence, car à autres temps, autres mœurs... Le président du Faso s’est engagé à mettre en œuvre les propositions de réformes consensuelles. Il a promis qu’un organe de suivi et d’évaluation sera mis en place et convié les délégués des assises à poursuivre la réflexion sur les points non consensuels. Mais cela laisse perplexe les Burkinabè quant au sort qui sera réservé à l’article 37 de la Constitution. Les échanges des assises en séance plénière se sont déroulés dans un climat empreint de sérénité et de respect. C’est aussi le lieu de saluer la conduite sereine et dans un climat constamment détendu des débats des assises par leur président.

Le temps imparti aux assises s’est révélé très juste compte tenu du programme et du nombre élevé de délégués et les travaux ont été menés très rapidement.
Les ex-membres du CCRP n’ont pas été autorisés à intervenir sur les travaux du CCRP, mais étaient autorisés seulement à donner des explications sur ces travaux.
La manière dont a été traitée la proposition de réforme de l’âge limite du candidat à l’élection présidentielle est différente de celle utilisée pour la proposition d’élargissement à tous les partis politiques du financement public des activités hors campagne électorale. Pourtant, il s’agit de deux questions semblables. Pour la première question, on a pris un âge moyen et la proposition a été classée comme consensuelle. Même pour l’âge moyen, il faut dire que les propositions significatives allaient de 70 à 85 ans au lieu de 70 à 80 ans retenue pour la deuxième question. La proposition de réforme a été classée non consensuelle sans qu’à aucun moment on ait parlé d’un terme moyen. Il y a donc une contradiction dans la manière de traiter deux questions semblables.

Quand il s’est agi des modalités de mise en œuvre des propositions de réformes, ou de réformes éventuelles, les tenants du pouvoir ont estimé que l’Assemblée nationale et le gouvernement actuels étaient des cadres tout à fait adaptés. Nous pensons qu’ils veulent l’immobilisme.

Conclusion

Les assises ont permis aux participants non seulement de consolider les propositions de réformes politiques issues des travaux du CCRP et des rencontres régionales crédibilisant ainsi le processus des réformes politiques, mais aussi d’exprimer leur volonté commune de participer au développement de leur pays. Cela est important car le développement du Faso ne se décrète pas et ne se réalise pas de l’extérieur mais requiert la participation, à travers essentiellement une transformation profonde de la mentalité et des modes de faire et d’être de tous les fasodés, c’est-à-dire tous les fils et filles du Faso. Encore faut-il qu’il y ait une démocratie non vidée de son contenu réel, c’est-à-dire dont les règles du jeu sont claires, transparentes et respectées par tous, suscite et canalise le maximum de bonnes volontés et d’énergies utiles au développement. C’est justement l’objectif poursuivi à travers les propositions de réformes consolidées que le chef de l’Etat s’est engagé à mettre en œuvre. Il se pose alors l’important problème des modalités de mise en œuvre des propositions de réformes consensuelles. A cet égard, les tenants du pouvoir estiment qu’on peut s’en remettre essentiellement aux institutions déjà existantes (A.N, gouvernement).

Il est permis cependant d’en douter car

Le dictionnaire dit que réformer c’est changer en vue d’une amélioration, c’est changer en mieux. Or une réforme politique est une entreprise difficile et laborieuse. En effet, dans toutes les sociétés, il y a des obstacles immenses qui font qu’il n’est pas possible de répondre rapidement aux demandes de changement les plus justifiées. Dans certains cas, les gens en place ont intérêt à maintenir la politique en vigueur si inefficace qu’elle puisse être du point de vue de l’intérêt généraI. Le Burkina Faso n’échappe pas à cette règle.
Les conséquences des troubles de février et de mars 2011 ne sont pas totalement gérées. Les troubles sont eux mêmes dus au manque de dialogue entre les gouvernants et les gouvernés et donc un manque d’intérêt des gouvernants pour les gouvernés.
Plus que le spectre de la faim, une famine due au déficit céréalier attend, tapie aux portes de nos villages et de nos villes, et peut, à tout moment, surgir et sévir durement sur les Burkinabè. Et puis s’il y avait une aide alimentaire sous forme de dons au pays, elle devrait être gérée avec dignité et respect des populations, sans détournements criminels des stocks. Tout cela est, nous le pensons, bien lourd pour les seules épaules du CDP car ici, sa machine électorale ne peut pas lui être d’une grande utilité.

Il y a un manque d’intérêt des gouvernants pour les gouvernés au Burkina et la sagesse populaire enseigne qu’on ne peut être à la fois juge et partie. C’est pourquoi l’UDD pense que, toutes les raisons ci-dessus invoquées sont une pertinente indication pour la constitution d’un gouvernement d’union nationale et la mise en place d’un organe indépendant de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre, des propositions de réformes politiques. Cette position est partagée par des participants aux assises. Nous osons espérer que le chef de l’Etat, qui a pris la patience de serrer les mains d’environ 1510 délégués, témoins de son engagement à mettre en œuvre les propositions de réformes consolidées, donnera, dans l’intérêt supérieur du Faso, une suite favorable à leur œuvre commune, les propositions de réformes consolidées. On dira alors que le bilan des assises nationales est positif ; c’est ce que nous souhaitons et espérons fortement.

Toubé Clément Dakio

Président de l’UDD

Le Pays

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