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2011 : Une année de renaissance démocratique…

Publié le vendredi 30 décembre 2011 à 00h41min

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L’Histoire retiendra que le Burkina Faso a enregistré en 2011 une profonde crise sociopolitique qui a révélé le caractère fragile de sa marche vers le progrès et la stabilité. Le premier semestre 2011 a vu la contestation des acquis de deux décennies d’ancrage démocratique. La crise est venue nous rappeler que rien n’est définitivement acquis ou conquis, que tout peut se défaire et se refaire. Il nous semble opportun, au moment où nous nous apprêtons, dans les heures qui suivent, à dire Adieu à 2011, de revisiter brièvement cette histoire récente, à la fois trouble et enseignante, bouleversante et pleine d’espoir et d’espérance.

Les faits et les événements

De Koudougou à Fada N’gourma en passant par Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Ouahigouya et dans des localités insoupçonnées du pays, le Burkina Faso a vécu aux cadences des pas de soldats mutins, d’ élèves furieux, de commerçants mécontents et de fonctionnaires ... Par ci, par là, des excès ont été commis par un peuple révolté, en quête de davantage de justice, de considération, de libertés... De ces combats, des vies humaines ont été arrachées, des biens publics et privés détruits, des espoirs brisés. Le constat est que 2011 a été une année difficile, douloureuse…

Les actes et les gestes

Elu en novembre 2010 pour un mandat de cinq ans, le Président Blaise Compaoré a été l’acteur principal dans la réponse à la crise. Quelques actes marquants : son message du 30 mars 2011 appelant au calme et à l’apaisement, les rencontres avec les différentes couches de la société, sa posture d’humilité et de sagesse face aux excès, sa quête permanente de compromis salvateurs des acquis de la république. Dans le cadre de la mise en œuvre de son appel aux réformes politiques et institutionnelles lancé en décembre 2009 à Ouahigouya, il a invité les principaux acteurs de la vie nationale à entreprendre des concertations majeures.

Cela a permis la mise en marche du processus de réformes conduit par le Ministre d’Etat Bongnessan Arsène Yé et son équipe sous le regard attentif du Chef de Gouvernement, Beyon Luc Adolphe Tiao. Ce processus en action depuis mai 2011 a abouti à des résultats qui donnent espoir et certitude. Du CCRP aux Assises nationales en passant par les consultations régionales, on peut le dire : que de travail abattu ! Que de chemin parcouru !

Le Gouvernement de son côté a pris des mesures idoines pour sortir de la crise. De gestes d’apaisement aux actes imposant la force légitime en passant par la prise de dispositions sociales, le système Tiao a permis un retour à la quiétude. L’écoute, la disponibilité et la responsabilité ont marqué la démarche du Gouvernement.

La société civile (jeunes, femmes, défenseurs des droits humains, élèves et étudiants…) et les leaders d’opinion, notamment les chefs traditionnels et coutumiers, les responsables religieux, ont joué leur partition dans le processus de retour à la normale.
L’opposition, dans certaines de ses composantes, a également fait preuve de responsabilité et d’engagement pour sauver l’essentiel.
Au regard des actes et des gestes, le Burkina Faso a transformé un danger en opportunité, une difficulté en défi.

Un nouveau paradigme sociopolitique …

La crise, loin d’être une fatalité, a été une belle occasion de renaissance et de grandeur pour le pays. En toute humilité, cette crise a permis une remise en cause de certitudes. La violence des manifestations a permis de comprendre la fragilité du processus démocratique et la nécessité d’un effort national pour bâtir la paix et la concorde afin de préserver les acquis et d’imposer le changement. Au-delà d’une revendication de droits, il s’est agi d’une quête de soi, d’une recherche d’un équilibre démocratique et d’une sollicitation d’une gouvernance soucieuse de l’intérêt général…

Les manifestations violentes des jeunes, si elles sont condamnables par leurs excès, ont constitué une interpellation à l’irresponsabilité de certains décideurs, voire des « adultes », un signe de l’affaiblissement de l’autorité parentale... Partout, dans les sphères politiques, économiques, sociales, culturelles et autres dominés par les quadra, les quinqua et ô bien plus..., elles ont été une invite à plus de responsabilité, de justice, d’équité et au respect des droits et de la dignité des autres, notamment des jeunes.

C’est une démonstration que la jeunesse n’est pas forcément inculte en civisme et en citoyenneté. La preuve est constamment donnée par des structures de jeunes qui œuvrent dans la promotion et la défense du civisme et de la citoyenneté. Si l’éducation à la citoyenneté et au civisme paraît incontournable, cela devrait cohabiter avec un comportement responsable de ceux qui indiquent la voie, de ceux qui donnent l’exemple, de ceux qui impriment le rythme de la marche.
Tout en invitant les jeunes à avoir une certaine dose de sagesse, il faut que les adultes traduisent cela par leur conduite au quotidien. Servir la nation passe donc par la promotion d’une nouvelle citoyenneté responsable et dynamique.

La politique qu’il faut à notre pays n’est pas celle des insultes, des invectives et de la division mais celle du compromis, du respect mutuel, de la responsabilité et de la transparence.

Par Ibrahiman SAKANDE (Email : sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 décembre 2011 à 11:54 En réponse à : 2011 : Une année de renaissance démocratique…

    Je ne vois pas où sont les 2 décennies d’encrage démocratique. Il faudrait m’expliquer car si on a vécu la crise du 1er semestre ici c’est bel et bien que l’encrage n’existait pas. Et, 2012 jusqu’à 2015 risquent d’être aussi laborieuse si on n’y prend garde !

  • Le 30 décembre 2011 à 16:41, par leregard En réponse à : 2011 : Une année de renaissance démocratique…

    Monsieur SAKANDE, je ne sais pas si vous êtes un journaliste d’investigation. Mais , même journaliste tout court, vous devez vous documenter avant d’écrire . Il y a quand même des hommes et des femmes dans ce pays qui ont suivi l’évolution politique depuis 1987 : relisez les discours et surtout après l’adoption de la constitution de 1991 et les veilles d’élections présidentielles et législatives. Vous y trouverez des mots comme "approfondissement de la démocratie", et mieux, on a fait croire que la démocratie est née par la prise du pouvoir en 1987 par Blaise. Je ne comprends pas qu’on parte de l’approfondissement de la démocratie pour se retrouver à sa renaissance. il y a quelque part, une remise à l’heure des montres !! Pour vous dire que tous ces discours creux sans prise réelle sur la vie des hommes & femmes , en particulier dans ce qu’il est convenu d’appeler "démocratie" (j’espère que vous étiez assez adulte quand le Faso a connu les séries de crimes de sang pendant les années 1990 ! Vous devez revoir votre copie. Elle est trop partiale. ce que le Faso expérimente aujourd’hui,est tout simplement le fruit d’une lutte engagée par le peuple contre les Autorités dont le Chef est le Président Blaise. Il a été contraint de prendre ce chemin de par la volonté populaire. Rien d’autre !! ce n’est pas la peine de vouloir nous faire croire que le Président a été visionnaire. La honte qu’il a vécue, expression de la perte de crédibilité populaire. S’il avait été un démocrate, il aurait tout simplement remis le tablier parce ce qu’il aurait reconnu la faillite de son système. Il est donc tout le contraire de ce que vous peignez. Même quand vous cherchez à défendre le Président, faite dans la dentelle. prenez des précautions car, il y a des hommes et des femmes au Faso dotés d’un minimum d’intelligence, de mémoire et capables d’analyses politiques ou sociales.aire comme vous avez fait, ne fait que desservir le Président !!!

  • Le 30 décembre 2011 à 21:02, par Sam Wulfran En réponse à : 2011 : Une année de renaissance démocratique…

    Bonne analyse, mais le titre pose problème. Pourquoi ? Voyez vous, l’occasion a été donnée à nos gouvernants de se mettre en phase avec leur peuple avec les recommandations du collège des sages, suite à l’assassinat de Norbert Zongo. Malheureusement, ils ont louvoyé et ils l’ont raté avec cette fameuse journée de pardon..Votre titraille "Une année de renaissance démocratique" pour 2012 au Burkina Faso,n’est ce pas utopique ? A la sortie des assises Nationales, le Président du Faso a demandé de continuer la réflexion sur les recommandations non consensuelles. qu’est ce à dire ? Or me semble t il le Président a encore une occasion en or de se sortir lui même et le pays avec, de cette crise en mettant en exécution les recommandations des assises. La saisira t il ? On verra bien, si 2012 sera une année de renaissance démocratique au B Faso Merci.

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