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Accès à l’information au Burkina  : Toujours un casse-tête chinois  !

Publié le jeudi 29 décembre 2011 à 00h18min

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Le droit à l’information est reconnu par les textes au Burkina Faso. De façon officielle , le citoyen en quête d’information ne devrait pas être soumis au bon vouloir, aux humeurs, voire aux caprices de son détenteur. C’est certainement, en constatant que dans les faits, les textes et les discours ne traduisaient pas la réalité et au regard des multiples plaintes des hommes des médias qui ont des difficultés à accéder à l’information, que l’ancien Premier ministre, Tertius Zongo, avait fait circuler et publier des circulaires pour interpeller les détenteurs de l’information publique à faciliter la tâche aux hommes de médias. Cela, avec juste raison, car c’est sans doute la rétention de l’information qui est source des rumeurs, de la désinformation, sinon de la propagande qui dessert, en définitive, ceux qu’on pourrait appeler « magasiniers ou économistes de l’information  à tout vent ».

Et la nouvelle équipe gouvernementale s’est aussi inscrite dans la même dynamique que la précédente. Mettant même la communication au cœur de ses actions, en allant à chaque fois au devant des citoyens, à travers des points de presse du gouvernement. Cet engagement ne peut qu’être salué. Mais, cela veut-il, pour autant, dire que les détenteurs de l’information, publique ou privée, ont changé de mentalité, deux à trois ans après ? ? Dans la pratique, l’on se rend compte que tout n’est pas rose. L’accès à l’information demeure toujours un casse-tête chinois au Burkina Faso. Si dans certaines administrations, l’on est prompt à ouvrir les portes pour communiquer, donner l’information voulue à celui qui la veut., acte salutaire, il faut reconnaître que les mentalités n’ont pas trop évolué.

Il y a encore des services publics qui résonnent comme des tombes, quand l’on recherche l’information juste et rapide. L’on vous fait tourner en rond et en dérision parfois. Des ordres semblent avoir été donnés aux secrétaires qui ne font qu’appliquer, mécaniquement et souvent avec zèle, ce qu’on leur a demandé. Ainsi, dès que vous vous présentez dans des services, avec pour souci, d’obtenir une information, souvent simple pour éclairer une situation, afin de mettre fin à la rumeur et cela au bénéfice même de l’administration, la secrétaire vous répond ? : ?« Allez faire une demande, en mentionnant l’objet de la quête, sinon le patron ne vous recevra pas ? ». Malheur à vous, si vous-vous imaginez qu’il s’agit d’une simple formalité. Dans ces entreprises, ce n’est pas du jeu.

Et certains l’ont appris à leur dépens ? ! Car il s’agit d’une demande bien rédigée avec de multiples avis et qui a besoin d’au moins un mois pour être traitée avec un hypothétique avis favorable. Cela dépendra de ce que vous voulez avoir comme information. Au cas où l’avis se révèle favorable, souvent, le demandeur de l’information est ahuri, car au lieu du patron des lieux auprès de qui il souhaitait recueillir l’information de première main, il se voit affecté un agent qui parle sous réserve, étant dans l’incapacité ou sans autorisation d’évoquer des sujets en profondeur. Avec de telles attitudes, il apparaît que dans le fond, très peu de changement a été enregistré.

Cependant, les hommes des médias, eux, peuvent s’estimer parfois heureux, car de plus en plus, les sources d’information s’empressent de les servir, en servant, bien sûr, ce qu’elles veulent. Là où la situation continue d’être pénible, c’est en ce qui ce qui concerne les chercheurs, étudiants et élèves. C’est parfois la croix et la bannière pour cette catégorie de concitoyens. Pour une information, aussi anodine soit-elle, le chercheur se voit soumis à un calvaire, souvent considéré comme un espion. Dans un tel contexte, comment faire évoluer la recherche ? ? La conséquence est que des chercheurs et étudiants en fin de cycle qui avaient choisi des thèmes portant sur certaines administrations, ont été purement et simplement obligés d’abandonner pour aller voir ailleurs.

A qui profite cet abandon ? ? Il est vrai que le chercheur perd, car il a perdu son temps, mais l’administration en question, voire le pays perd, car cette étude aurait pu servir de base de données à la postérité. Au regard de cette situation de blocage, parfois inconscient,e car souvent c’est la méfiance et la peur qui guident l’action de ceux qui hésitent toujours à communiquer sur leur entreprise, souvent à leur propre détriment, faut-il croiser les bras ? ? Il y a peut-être lieu de passer à une phase de sensibilisation, après celle des circulaires pour espérer convaincre ceux qui trainent encore les pieds de la nécessité de donner l’information juste à ceux qui le désirent et dans les meilleurs délais.

Probablement qu’après la sensibilisation, il faut passer à la phase de contrôle- sanction pour faire changer la donne. La rétention de l’information peut-être source de flou, de désinformation, de mal gouvernance et de frustrations. Alors que parfois, il suffit de donner certaines informations au moment voulu pour décrisper une situation de crise. C’est à l’honneur de ceux qui donnent l’information à temps pour qu’elle profite à tout le monde.

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaya

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