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Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

Publié le mercredi 28 décembre 2011 à 01h33min

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Considéré comme le disciple attitré du Pr. Laurent Bado, surtout au plan politique, Abdoul Karim Sangho est l’un de ces leaders d’opinion qui ne font pas la langue de bois sur ses sujets de débat. De nombreuses langues ont fait état d’un effritement de ses relations avec son « maître spirituel », le Pr. Bado et le parti dont il est le géniteur, le PAREN. Entre ses nombreuses activités de consultation, Le Progrès a pu lui arracher quelques propos sur la question et sur d’autres aspects. Lisez plutôt…

Le Progrès (L.P) : Quel commentaire faites-vous des conclusions du CCRP ?

Abdoul karim Sangho (A. K. S) : Je fais partie des acteurs qui ont critiqué le CCRP dans sa formule. Pas dans son principe. Evidemment, parce que le dialogue est indispensable dans un système démocratique. Je ne sais pas si je suis bien placé pour porter un jugement, mais je dois dire qu’à part l’aspect participatif qui, apparemment, donne l’impression d’avoir associé différentes catégories de citoyens, je crois que les conclusions du CCRP sont largement en deçà des travaux qui avaient déjà été faits : le rapport du MAEP (Mécanisme africain d’évaluation par les Pairs, ndlr), celui du Collège des Sages. Je crois qu’il n’était pas peut être utile de débourser autant de moyens pour cela. Evidemment, peut-être que la présence d’autres acteurs aurait donné plus de piquant à l’allure des débats. Mais, sur un point au moins, je me dois de féliciter ceux qui y étaient. C’est au moins qu’ils aient eu le courage de dire que l’article 37 doit rester en l’état. Il faut aussi le dire, on a tous pensé qu’ils allaient aller dire autre chose. Maintenant qu’ils l’ont dit, c’est un point positif. Il faut leur reconnaître ce mérite d’avoir fait preuve de lucidité tout en étant au CCRP de rappeler que l’article 37 fait partie de ce qu’on appelle le patrimoine constitutionnel du Burkina et qu’il faut le garder en l’état.

Une mesure importante sur laquelle on ne s’est pas attardé, c’est la dépolitisation de l’administration publique. Je crois qu’il y a des propositions de prendre des pour interdire la création des cellules. A mon avis, c’est une mesure positive qu’il faut saluer. Je pense aussi à la question de l’amnistie qui est passée rapidement dans les médias est une bonne mesure parce qu’il faut, à mon avis, être conséquent jusqu’au bout : si nous voulons encourager nos chefs d’Etat à quitter le pouvoir, il ne faut pas que la seule perspective qui s’offre à eux quand ils quittent le pouvoir soit de se retrouver en prison ou d’être humiliés. L’idée étant que nous établissions un nouveau contrat social pour l’avenir.

Mais, qu’on s’explique sur ce qui s’est passé. Il ne faut pas avoir honte d’affronter ce qui s’est passé. Si on fait une impasse sur ce qui s’est passé, les nouvelles générations, n’ayant pas conscience de cela, peuvent reproduire les mêmes actes. L’amnistie oui, mais qu’on sache qu’est-ce qui s’est passé et pourquoi ça s’est passé comme cela. Ce sont les quelques décisions que je peux apprécier positivement sinon, pour le reste, on aurait gagné largement mieux en procédant autrement. C’est cela aussi la politique souvent ; elle a ses raisons que nous ignorons.

L.P : Certains partis de l’opposition sont allés aux assises nationales malgré la directive du chef de file invitant les partis à ne pas participer aux travaux….

A.K.S : Il y a deux cas de figure. Vous avez les partis politiques qui sont affiliés au chef de file de l’opposition qui sont partis en dépit de la position de l’institution (l’opposition). Le fait de ne pas y participer n’a pas été de ce fait une position consensuelle, partagée par tout le monde. Vous avez des partis qui n’ont pas fait la déclaration au chef de file de l’opposition, que je ne considère pas comme étant des partis d’opposition, parce que si nous voulons sortir de ce qui s’est passé de par le passé en terme de manipulation des règles juridiques, il faut qu’on commence aussi à respecter les règles juridiques. Nous nous sommes battus pour un statut de l’opposition que je suis le premier à avoir écrit pour critiquer le contenu pour le CGD (Centre pour la gouvernance démocratique), notamment dans certaines de ses dispositions. La loi, comme le disent les juristes, est dure mais c’est la loi : il faut l’appliquer. Aussi longtemps que le statut n’est pas modifié, un parti qui n’a pas fait de déclaration ne peut pas se réclamer de l’opposition. C’est une inconséquence et c’est révélateur souvent de ce que l’on n’a pas la volonté de mettre fin aux anciennes pratiques.

D’après tout, nous sommes en démocratie et il faut pouvoir accepter la liberté des uns et des autres. Chacun a joué son rôle. Ceux qui ne sont pas partis, par leurs critiques, ont dû obliger ceux qui étaient à l’intérieur à faire ce travail dont certains aspects (je le dis honnêtement) peuvent permettre d’avancer quelque peu.

L.P : D’aucuns pensent que vous êtes déçu du paysage politique burkinabè, d’où un certain retrait de la scène depuis un bout de temps. Qu’est-ce qui explique ce silence…

A.K.S : D’abord, il y a les charges de commissaire à la CENI. Ensuite, je fais effectivement depuis un certain temps, beaucoup d’activités de consultation, de conférences, de séminaires, d’ateliers où la société civile m’emploie. Il est difficile dans ce cadre de prendre des positions partisanes. Mais ce n’est pas faux que je suis déçu de l’échiquier politique ; parce que ça ne répond pas à mon idéal de la politique. La politique, c’est pour servir. La politique, c’est pour apporter des réponses aux problèmes des gens. C’est pour cela qu’on va en politique. Mais quand vous avez une faune politique comme celle-là, finalement, à la limite, vous vous dépensez inutilement. Mon combat aujourd’hui, c’est d’appuyer la société civile, les partis politiques qui le souhaitent avec le peu de recherche que je fais pour améliorer l’environnement politique, l’environnement institutionnel. De sorte que dans un ou deux ans, les choses vont, peut-être, s’améliorer et je vais réapparaître.

L.P : Il se susurre aussi que vous avez quitté le navire du PAREN. Qu’en est-il exactement ?

A.K.S : Je reste un militant actif de mon parti qui est le PAREN (Parti pour la renaissance nationale), même si les gens font croire que je ne suis plus militant du PAREN. Au moment où je vous parle (l’entretien a eu lieu le 15 décembre), je n’ai jamais adressé une lettre de démission au parti et je n’ai aucun problème avec le professeur Laurent Kilachu Bado. Rien que ce matin à 7 heures nous nous parlions au téléphone. Je laisse la rumeur se développer. Je suis entré en politique par conviction. Si je veux quitter un parti comme le PAREN, je le quitterai en plein jour. Ce ne sont pas des rumeurs qui vont diffuser cela. Les idées du PAREN sont les idées qui me conviennent et j’y suis, je les défends. Seulement, ma conviction c’est qu’aucun parti politique d’opposition ne peut réussir à lui seul. Donc il est important qu’il y ait des passerelles, qu’on se parle entre nous.

Réalisé par Kader PALENFO

Le Progrès

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Vos commentaires

  • Le 28 décembre 2011 à 09:13, par PACO En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    Rectification : l’entretien est de LE PROGRES (cf journal papier).
    Ceci dit, j’apprécie vraiment Sangho dans ses thèses et dans sa façon de concevoir la politique. Son silence de la scène faisait effectivmt circuler bcp de bruit. cet entretien court, précis et complet nous rassure maintenant. Bravo au journaliste de nous avoir fait parler le brave homme.
    Bon vent Abdoul Karim SANGHO !

    • Le 29 décembre 2011 à 22:19 En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

      Je demande aux journalistes de mieux calibrer leur titre car le fond de l’interview contraste drôlement avec la position de l’auteur interviewé. Chapeau bas à ce grand serviteur du peuple qu’est M. SANGHO. Je crois qu’à Bangou, il faudrait au moins maintenant un collège d’Enseignement Général et une plate-forme multi-foncionnelle pour les femmes du village. Et ça, c’est du concret par rapport aux déclarations fanfaronantes de Bado ainsi que de certains politiciens bavards. Ce prétendu maître à pensée, ou son père spirituel, c’est un comédien. Comment pouvez-vous considérer un "domba" non circoncis comme votre père spirituel ? Tous ces opposants-là sont des margoulins. Mais vous vous constituez bien l’avenir du Burkina. Wait and see.

  • Le 28 décembre 2011 à 09:15 En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    Félicitaions, mr SANGHO ! cet entretien accordé au journaliste nous fait du bien.
    Je ne suis pas politicien, je ne suis d’aucun bord politique mais je pense que vous êtes un exemple pour la jeunesse burkinabè.

  • Le 28 décembre 2011 à 09:17 En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    Bien dit, Mr SANGHO. Au BF, je dirais qu’il n y a que des loups garous politiques. Il faut q ces politiciens changent !
    Merci commissaire et merci au journaliste qui a eu ce réflexe !

  • Le 28 décembre 2011 à 09:20, par Ledoyen En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    Bravo SANGHO, vous êtes une figure sûre d l’espace public burkinabè. Personnellement, j’avais cru à tout ce qui se disait car votre silence était favorable à tout cela. Maintenant on est rassuré avec cette belle sortie. Courage à toi et bon vent ds tes multiples consultations !

  • Le 28 décembre 2011 à 09:23 En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    L’entretien est plutôt du journal LE PROGRES, je l’ai lu dans ce journal ce week end. A moins que SIDWAYA n’ait repris le papier ds son journal !
    Bref, pour ce qui est de l’entretien, je dis merci à SANGHO et au journal d’avoir dissipé ce nuage !
    Les vieux doivent laisser la place aux jeunes ds la politique.

  • Le 28 décembre 2011 à 10:29 En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    Il semble oublier qu’il fait lui-même partie de cet échiquier politique national ou quoi ??!!!

    • Le 28 décembre 2011 à 13:44, par LAPAIX En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

      Vous avez lu avec vos oreilles ou quoi ? Il a dit qu’il croyait que ceux qui sont dedans sont des hommes politiques mais des animaux politiques à la panse et aux idées tordues.
      Bonne journée

      • Le 28 décembre 2011 à 18:42 En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

        J’ai pourtant bien lu, et même entre les lignes ! Il ne dit pas qu’il n’en fait pas partie, mais seulement qu’il évite de prendre ouvertement des positions tranchées au risque de ne plus vivre de son second passe temps : consulter, appuyer et animer...discrètement ! (Ca paye assez bien ces temps-ci !) C’est un vrai jeu d’équilibrisme socio-politique comme...beaucoup savent le faire en ce moment !

        La Paix, j’ai bien lu !!!

  • Le 28 décembre 2011 à 13:44, par FOFOMA En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    Cet article honore Monsieur Abdoul Karim Sangho et même au delà, il honore les acteurs de la vie publique en ce qu il s’ efforce d’ élever le niveau du débat sans haine ni passion mais sans langue de bois.
    On devait pouvoir prendre position sur les questions essentielles du moment telles que celle de l article 37 de la constitution et celle relative à l amnistie sans excitation. Après tout ça devrait être un débat d’ idée on doit convaincre par la force de l’ argumentation et non pas par la terreur ; la calomnie et les injures.

    ’’GLOIRE AUX PAYS OU L’ ON PARLE "

  • Le 28 décembre 2011 à 16:01, par FOFOMA En réponse à : Abdoul Karim Sangho : Je suis déçu de l’échiquier politique

    Cet article honore Monsieur Abdoul Karim Sangho et même au delà, il honore les acteurs de la vie publique en ce qu il s’ efforce d’ élever le niveau du débat sans haine ni passion mais sans langue de bois.
    On devait pouvoir prendre position sur les questions essentielles du moment telles que celle de l article 37 de la constitution et celle relative à l amnistie sans excitation. Après tout ça devrait être un débat d’ idée on doit convaincre par la force de l’ argumentation et non pas par la terreur ; la calomnie et les injures.

    ’’GLOIRE AUX PAYS OU L’ ON PARLE "

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