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Crise sociopolitique au Burkina : 2011 a brisé bien des tabous

Publié le vendredi 23 décembre 2011 à 00h49min

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Plus que quelques jours et ce sera fini pour l’année 2011. Une année que le Burkina ne regrettera pas, tant elle a imposé des épreuves à ce petit pays d’Afrique de l’Ouest. Le pays des Hommes intègres a effectivement vécu l’une de ses plus graves crises sociales et politiques et nombreux sont les bonzes du pouvoir qui ont cru qu’ils y allaient y laisser leur peau, ou du moins leur naam.

Outre la grogne habituelle des syndicalistes, le pays a été secoué par des mutineries militaires qui ont semé la désolation dans tout le pays. Fortement touché dans les fondements de sa stabilité, le pouvoir en place a multiplié les initiatives de sauvetage. Au passage, le Premier ministre, Testicus Zorro, a payé le prix fort : il a été limogé sans management, alors qu’il est clair qu’il n’avait rien à voir avec la colère de la soldatesque.

Sans être le printemps arabe, les troubles sociopolitiques déclenchés par la mort de l’élève Justin Zongo à Koudougou n’en constituaient pas moins un typhon ravageur. Acculé, le Blaiso a sorti la trouvaille du Cadre de concertation sur les réformes politiques derrière lequel son régime s’est réfugié pour sauver les meubles. Et cela lui a fait du bien en apparence, même si les opposants irréductibles ont boycotté ces concertations, craignant que ce ne soit une ruse de plus pour le locataire actuel du palais de Kosyam pour prolonger son bail au-delà de 2015 ; pour ainsi dire, que le CCRP ne soit un prétexte pour le pouvoir de réviser la Constitution pour sauter le verrou de la limitation de mandats.

Le coup semble avoir réussi puisque le Blaiso a pu feinter la lancinante question de l’article 37, même si sa démarche ne trompe pas. Il est clair, aux yeux de tous, que si l’enfant terrible de Ziniaré n’avait aucun appétit pour le pouvoir après 2015, il aurait tranché dans le vif comme ses collègues du Mali ou du Bénin. Et en cela, les crises, au lieu de nous montrer la voie, nous ont ramenés à la case départ, comme si les dirigeants voulaient que tout se gâte avant de prendre conscience du danger qu’ils font courir à la nation. Quoi de plus normal alors que les populations montrent une certaine désaffection de la chose politique.

Les Burkinabè notent en effet que les hommes politiques n’ont de logique que la préservation de leurs intérêts égoïstes. Ils sont très peu à accepter de renoncer à leurs privilèges pour défendre la patrie. Les déboires des élus locaux et le dysfonctionnement des pouvoirs municipaux illustrent bien cette triste réalité.
En 2011, de nombreuses communes ont connu des crises qui ont suscité l’intervention de l’autorité centrale pour révoquer le maire. Ce fut le cas à Ouagadougou dans l’arrondissement de Boulmiougou ou encore à Koudougou où le maire aurait fait main basse sur les parcelles au profit de gourous politiques ou considérés comme tels.

Pourquoi alors s’étonner du fait que les Burkinabè restent quasi indifférents aux débats sur le report des élections couplées de 2012 ? C’est parce qu’ils sont tout aussi déçus des conseils municipaux que de l’Assemblée nationale qui, bien que se réclamant le ‘’cœur de la démocratie’’, mène des débats fades sans réels enjeux pour les populations. Le Faso espère donc une année meilleure en 2012. Les Burkinabè peuvent cependant se réjouir d’avoir arraché des victoires démocratiques en 2011, en brisant bien des tabous. Depuis ces doum-doum militaires, plus personne n’est désormais intouchable et certaines expressions comme ‘’petit président’’ ont disparu du vocable politique.

Adam Igor

Journal du Jeudi

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