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ABSENCE DE CHEFS D’ETAT A L’INVESTITURE DE KABILA : Le boycott d’un mal élu

Publié le jeudi 22 décembre 2011 à 00h59min

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Vraisemblablement, le syndicat des chefs d’Etat africains, qui s’était fixé pour mission de protéger et de soutenir tout dirigeant du continent mal élu, semble avoir volé en éclats. Jadis, ils étaient nombreux, les chefs d’Etat africains qui accouraient aveuglément à la grand-messe du sacre légal de leurs homologues, faisant fi des conditions chaotiques et irrégulières dans lesquelles ces derniers ont été élus. De fait, cela n’a rien d’étonnant puisque la plupart de ces chefs d’Etat ont été eux-mêmes élus dans des circonstances similaires, à des degrés, bien sûr divers.

Mais, aujourd’hui, la donne a changé. Plutôt que d’aller parader aux côtés d’un chef d’Etat dont l’élection ou la réélection a été dénoncée de tous, les chefs d’Etat africains se contentent désormais de simples félicitations par télégramme et, dans le meilleur des cas, ils préfèrent se faire représenter. Une forme de boycott à la fois sage et diplomatique qui devrait faire réfléchir, si l’on sait que, bien des dirigeants du continent mesuraient leur cote de popularité à l’aune du nombre de chefs d’Etat présents à leur investiture. On l’a vu au Cameroun avec l’investiture du dinosaure Biya, et très récemment en RD Congo avec la sobre prestation de serment de Joseph Kabila.

Certes, pour le cas du président congolais Joseph Kabila, d’aucuns pourront tenter de justifier l’absence de ses pairs africains par le fait que l’événement a été précipité. Mais n’empêche qu’il s’agit tout de même d’un revers diplomatique plein de symboles, et qui, à vrai dire, ressemble fort à un boycott. Car, on s’attendait à tout le moins que son voisin Denis Sassou N’Guesso, de l’autre côté de la rive, lui témoignât sa solidarité en faisant le déplacement de Kinshasa. Mais rien n’y fit. Il n’y a que le patriarche du Zimbabwé, Robert Mugabe qui, victime d’un isolement diplomatique, et toujours prêt à prendre le contrepied des Occidentaux, s’est forligné en traversant la forêt équatoriale pour aller apporter son onction à un paria.

Même Ali Bongo du Gabon et Faure Gnassingbé du Togo, tous élus dans les conditions que l’on sait, et de qui on était en droit d’attendre un réflexe de solidarité générationnelle, se sont in extremis débinés, redoutant de paraître ridicules en ternissant davantage le diadème peu glorieux que l’opinion leur a concédé. A vrai dire, les choses ont changé, et Kabila doit tirer toutes les conclusions qui s’imposent. Il gagnerait à faire de sa réélection contestée un mandat de transition pour se ménager une porte de sortie pendant qu’il est encore temps. Mieux, cela vaudra.

Boundi OUOBA

Le Pays

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