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Chasse ouverte aux partis politiques fantômes au Burkina

Publié le jeudi 22 décembre 2011 à 01h01min

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« 163 partis politiques, pour quoi faire au Burkina ?  » Tel était le titre d’un de nos commentaires paru dans cette rubrique en octobre dernier. La préoccupation étant qu’il y a une multitude de partis politiques qui, il faut avoir le courage de le dire, sont pour la plupart, invisibles, inactifs, en dehors de périodes électorales et non à jour. Pourtant, ces partis politiques bénéficient du financement de l’argent public pour leur fonctionnement. Et ils sont prompts à se plaindre et à revendiquer sans se remettre en cause. Il fallait, pour ainsi, entreprendre une action forte pour mettre de l’ordre dans le milieu. L’on saura donc, qui fait quoi, pourquoi, sur quelle base et dans quelle légalité.

En tous les cas, le conseil des ministres du mercredi 14 décembre 2011 a donné le ton et a décidé de prendre le taureau par les cornes, à travers le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité (MATDS), qui a fait une communication orale relative à l’assainissement du fichier des partis et formations politiques au Burkina Faso. Et pour cause, a-t-il révélé ? : « Depuis 1991, on assiste à une prolifération exponentielle des partis et formations politiques au point que de nos jours, notre pays compte plus de cent soixante (160) partis et formations politiques dont une centaine n’est plus à jour au regard des dispositions pertinentes de la charte des partis politiques au Burkina Faso ? ».

Et le gouvernement est désormais déterminé à mettre au pas les acteurs du landernau politique du « pays des hommes intègres », car le même conseil « a instruit le ministre en charge des libertés publiques d’inviter les partis politiques défaillants à se conformer à la loi sous peine de l’application des sanctions prévues à cet effet ? ». Sans être une chasse aux sorcières, pour ne pas dire une chasse aux partis politiques , l’on vient de se rendre compte qu’il était vraiment temps, car bon nombre de ces partis et formations politiques qui ne semblent pas adorer la saleté et la pourriture, dorment, pourtant, dans des porcheries, à voir leur mode de fonctionnement . En effet, dans le Sidwaya n° 7073 du mercredi 21 décembre 2011, quelle ne fût la surprise, suite à la publication de la liste des partis et formations politiques non à jour ? ! L’on s’est rendu compte que sur près de 170 partis politiques qui sont supposés exister légalement au Burkina Faso, 105 ne sont pas à jour pour le minimum existentiel, « Non tenue de l’instance dirigeante dans le délai fixé par les statuts du parti ? » et / ou « Non tenue de l’instance dirigeante dans le délai fixé par les statuts de la formation politiques ? ».

Sans aller chercher des poux sur un crâne rasé, il est à déplorer que les militants des partis et formations politiques qui se respectent, qui veulent conquérir le pouvoir d’Etat, puisse que c’est en principe leur objectif premier, ne se rencontrent même pas de façon régulière pour se concerter et élaborer des stratégies d’actions ? ! Ils fonctionnent donc à vue et si l’on creuse, sans projet ou programme de société. Et que dire des sièges ? ? Il est évident que là également, un contrôle sur le terrain va donner un résultat pitoyable et fâcheux. Il est reconnu notoirement que plein de partis politiques ont leurs cachets et autres documents officiels chez leur président ou leur secrétaire général. Les domiciles de ces derniers étant, de facto, les sièges. Et comme le MATDS est décidé et veut aller jusqu’au bout, les jours à venir permettront de trier l’ivraie du bon grain. En effet, « dans le but de vérifier l’existence du siège des partis politiques, des équipes de la direction générale des libertés publiques et des affaires politiques effectueront des sorties sur le terrain avant le 1er février 2012.

Ces vérifications concerneront l’ensemble des partis et formations politiques légalement reconnues au Burkina Faso. Et à l’issue de ces vérifications, il sera fait application des dispositions de l’alinéa 3 de l’article 14 de la loi ci-dessous citée aux partis et formations politiques ne disposant pas de siège ? ». Là également, c’est en se fondant sur la loi et non sur des humeurs, car l’article 14, alinéa 2 de la loi n°032-2001/ AN du 29 novembre 2001 portant charte des partis et formations politiques au Burkina Faso impose, à tout dirigeant de parti ou formation politique, de doter le parti ou la formation d’un siège officiel fonctionnel. Sans avoir une dent contre quiconque, c’est une œuvre qui mérite d’être soutenue et encouragée. En décidant de mettre fin au désordre dans le milieu de la classe politique burkinabè, cela permettra de rendre responsables les hommes politiques qui pensent que tout est permis. Ils entrent en hibernation, s’en murent pendant de longues périodes, sans signe de vie et revendiquent pourtant le statut de partis politiques.

Cette mesure permettra surtout aux médias de souffler, un tant soi peu. Car il est reconnu que ce sont les mêmes partis politiques, très inactifs, la plupart du temps, qui passent le temps à « grogner », soi-disant que la presse ne leur donne pas la parole ? ! Appartient-il à la presse de faire vivre des partis politiques aphones et qui n’attendent que la subvention de l’Etat pour se faire entendre ? ? Tout le souhait est que le MATDS aille jusqu’au bout de son combat pour assainir définitivement le milieu afin de permettre aux structures sérieuses de mieux jouer leur rôle d’éducation et de conscientisation citoyenne. Le ministère de l’Administration territoriale ne devra faire exception dans son contrôle.

Ainsi, tout parti politique, qu’il soit de la majorité, de l’opposition, aligné derrière le chef de file ou pas, de la mouvance présidentielle…, devra désormais montrer patte blanche pour exister. Il s’agit, pour une fois, de l’application d’une loi. Et il faut faire en sorte que tous soient traités avec rigueur devant la loi. Il ne devrait donc pas avoir de jongleries et d’arrangements «  ?fantoches ? » pour laisser des partis politiques fantômes existés et continuer à nous polluer l’air, qui, de surcroît, est déjà assez pollué par la perte des valeurs, de la morale politique et les changements climatiques…

Ali TRAORE (traore_ali2005@yahoo.fr)

Sidwaua

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Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2011 à 01:53 En réponse à : Chasse ouverte aux partis politiques fantômes au Burkina

    De quelle chasse vous parlez ?
    On se donne rendez dans un an et vous verrez que rien n’aurait changé car a partir du moment où ces partis ont des subventions,ils iront prendre des maisons en banco de 16 toles pour dire que voilà,c’est le siège de mon parti
    Je pense que la meilleure façon de combattre ces partis fantomes,c’est de couper les vivres et si subventions il y a,cela doit se faire par rapport au nombre des élus(nombre a déterminer) de chaque parti.Aussi pour les municipales,législatives et présidentielles,rembourser uniquement les frais de campagne des partis qui auraient obtenu plus de 5% de suffrages exprimés mais en controlant bien les dépenses.Au demeurant,mettre une limite à ne pas dépasser dans les dépenses au lieu de commencer à filer des millions de francs a des filous comme les Maxime Kaboré qui viennent de nulle part pour amuser la galerie et après cela,il crée son parti-fantome nommé PIB que je traduis par Produit Intérieur Brut,ce qui prouve que ce monsieur est un imposteur comme beaucoup d’autres qui sont là que pour le gombo frais et gluant.
    Ainsi si le gouvernement procède de cette façon,vous verrez que ces vautours de partis vont disparaitre dans la nature parcequ’ils n’auront pas leur viande pourrie(le fric) à manger

  • Le 22 décembre 2011 à 07:39 En réponse à : Chasse ouverte aux partis politiques fantômes au Burkina

    Tout à fait d’accord avec vous.

  • Le 22 décembre 2011 à 08:55, par Le Burkinabé En réponse à : Chasse ouverte aux partis politiques fantômes au Burkina

    Il serait souhaitable que le MATDS vérifie si les partis disposent d’un siége, d’un compte bancaire, bref le minimum, avant de délivrer le récépissé aux partis concernés.
    Souvent on a l’impression que le MATDS est complice de la création de certains partis ou formations politiques en leur délivrant des récépissés en l’espace de 72 heures, sans prendre le temps de bien vérifier sinon révérifier avant tout acte.
    Juste une petite contribution.

  • Le 22 décembre 2011 à 10:29 En réponse à : Chasse ouverte aux partis politiques fantômes au Burkina

    Il est vraiment temps de mettre fin à cette pagaille qui ne dit pas son nom dans ce paysage politique burkinabè.

  • Le 22 décembre 2011 à 19:34 En réponse à : Chasse ouverte aux partis politiques fantômes au Burkina

    « Mieux vaut être la tête d’une mouche que d’être la queue d’un éléphant afin d’être proche du plat », comme chacun pense à son estomac, il ne faut pas s’étonner de voir 250 partis d’ici 2012 surtout avec la vie qui se complique, il faut bien une porte de sortie. Mais si l’Etat met en place une subvention pour leur permettre de vivre cela sera pour eux un plan chinois (gagner gros et dépenser peu).Nous savons très bien aussi que l’Etat ne fabrique pas l’argent mais l’argent du contribuable et se qui va contribuer à plus nous appauvrir. Comme la suspension des lotissements on doit aussi en faire de même concernant les partis politiques. Si l’Etat ne prend pas ses responsabilités par rapport à cette limitation, à moins qu’il en tire un profit dans cette pagaille, on le tiendra pour responsable

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