LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

Publié le mercredi 21 décembre 2011 à 00h15min

PARTAGER :                          

Dans la nuit du 11 au 12 décembre 2011 au secteur 15 de Bobo-Dioulasso, c’est le comble  : une manifestation des habitants d’une zone nouvellement lotie dégénère. A l’arme blanche, les populations s’affrontent. Bilan  : des blessés, une maison incendiée, des interpellations suivies d’une marche monstre le lendemain 13 décembre 2011. La situation était telle dans la ville de Sya qu’elle y a éclipsé le souvenir de la mort du journaliste Norbert Zongo. Depuis pratiquement une décennie en effet, le problème de lotissement et de gestion des parcelles, se pose avec acuité.

En témoigne la crise intervenue au secteur 21 de la ville de Bobo-Dioulasso en 2001 qui a engendré des frustrations au niveau des populations autochtones dont les champs avaient été retirés. Des opérations d’extension du lotissement du même secteur 21, par la suite, viendront compliquer une situation déjà pourrie, et conforter les populations dans leur conviction, que la mal gouvernance est une réalité dans les lotissements à Bobo-Dioulasso. Elle déclenchera ainsi une longue bagarre entre l’autorité municipale et les populations.
Ce qui a amené en son temps, les autorités à suspendre les lotissements dans la ville.

En février et mars derniers, il y a eu une série de manifestations des habitants de la zone non lotie de Sarfalao-Kuinima. Il était question, a-t-on dit, d’une liste d’attributions sur laquelle ne figurait pas les noms des vrais résidants de cette zone. Une liste qui n’a, du reste, jamais été publiée et qui a été à l’origine du vol d’un ordinateur de la mairie de Dafra et qui contenait les données sur les lotissements. Au fil du temps, la protestation a gagné les zones à habitat spontané des secteurs 6, 12, 14, 15, 17, 18, 21 et 23 de la ville. Les résidants des non-loties se sont alors arrogés le droit d’obliger l’autorité communale à réagir. Ils ont ainsi pris la résolution de bloquer tout investissement sur les parcelles existant dans les zones déjà loties et qui ont été attribuées à des citoyens venus d’ailleurs.

Les frondeurs ne comprennent pas que pendant qu’ils attendent une hypothétique attribution, d’autres passent par-dessus la mêlée, pour avoir des parcelles. En effet, les habitants qui avaient été auparavant recensés avant que ces zones ne soient loties, mais qui sont non encore attributaires de parcelles, ont interdit tout investissement à ceux-là ayant des titres réguliers délivrés par l’administration. Tout cela pour attirer l’attention sur leur cas. Combien de propriétaires «  ?réguliers ? » de parcelles ont vu ainsi leurs agrégats ramassés par la population, conformément au mot d’ordre qui est le refus aux non-résidants d’investir, tant que les résidants des non-loties ne seront pas attributaires ? ! Cette guéguerre autour du foncier urbain, à en croire certaines indiscrétions, fait penser des maires qu’ils n’ont comme seul et unique programme d’activités après leur élection, que la distribution de parcelles d’habitation.

Pourquoi se laissent-ils prendre au piège des opérations occultes de recensement ? ? Des maires en arrivent même à occulter très vite le volet préservation du patrimoine foncier et des ressources naturelles, qui sont les grands atouts de Bobo-Dioulasso. Ainsi, la préservation de l’aquifère, de la nappe phréatique, des forêts classées (Kou, Guinguette, Dindéresso), des réserves, des espaces verts semble ne plus être prise en compte par les lotissements «  ?sauvages ? ». Pourtant, des spécialistes de la question rappellent que la ville de Bobo-Dioulasso doit tenir compte au Nord-Ouest de la forêt de Dindéresso, au Nord, des vergers et de la zone maraîchère de Dogona, à l’Ouest, de l’aéroport et au Sud, de la forêt classée de Kuinima ainsi que de la falaise, et à l’Est, des zones vertes de Sakaby et de Kiri, qui constituent des contraintes physiques et écologiques.

Ces mêmes sources préviennent que seul un développement de l’agglomération vers le ?Nord éviterait à la ville, une trop forte pression sur les forêts classées, et éliminerait le danger de voir l’urbanisation déborder sur les pentes de la falaise. Agir autrement engendrerait d’énormes coûts et constituerait un facteur de risques urbains, notamment le risque de pollution de la réserve hydrogéologique de la ville. Selon les statistiques du Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) de 1989, la ville a dépassé son potentiel de lotissement. En 2000, les prévisions des superficies loties étaient de 4908,5 hectares alors que la population projetée était de 435 543 personnes. En 2010, les prévisions étaient de 9493 hectares alors que la population projetée était de 822 200 personnes.

Dans les faits, en 2010, la superficie totale lotie de la ville est estimée à 10 599 ha, soit un dépassement de 1 106 ha par rapport aux prévisions. Malgré tout, ils sont encore nombreux à n’avoir pas obtenu de parcelles, bien qu’ayant été régulièrement recensés. La difficulté réside aussi dans le fait que certains attributaires vendent leurs parcelles pour ensuite en réclamer chaque fois, pénalisant ainsi les personnes qui n’ont jamais été attributaires. La décision de suspendre les opérations de lotissement sur toute l’étendue du territoire national par le gouvernement et la mise en place d’une commission interministérielle, ont été saluées par les populations qui ne savaient plus à quel saint se vouer.

Disons-le, la création de nouveaux arrondissements a aiguisé l’appétit de certains individus qui nourrissaient le secret espoir de voir leurs ambitions se réaliser, puisqu’il y a des lotissements en vue. Selon des indiscrétions, malgré la mesure de suspension de lotissement et malgré les communiqués de rappel à l’homme, des opérations se poursuivraient dans certains secteurs dont le 15 et le 23. Une équipe de géomètre aurait été interpellée par les populations au secteur 15, il y a 2 semaines.

Cette pratique de l’administration pointée du doigt par les populations, n’est-elle pas en porte-à-faux avec la décision du Premier ministre ? ? A moins qu’il n’y ait eu dérogation ? ! Et si tel est le cas, le manque de communication dans ce domaine ne va-t-il pas renforcer les résidants dans leur conviction d’être des délaissés ? ? Mais, il fallait voir la réaction des maires de Bobo, qui ont joué des pieds et des mains pour faire échouer le forum, pour comprendre que le problème est bien réel et profond. Malgré la persistance de la tension et des risques d’affrontements entre populations, les habitants de Bobo-Dioulasso ont salué l’arrivée d’une mission de contrôle de l’Etat qui, certainement, ouvrira les portes pour un audit et des états généraux sur les lotissements dans la ville de Sya.

Car, le capital foncier en parcelles d’habitation urbaine semble être la principale source de « revenus » des élus locaux et des principaux responsables des services déconcentrés tels le cadastre, les urbanistes et les travaux publics. Comme l’a suggéré un haut responsable de la gestion des communes, ne serait-il pas judicieux que l’Etat confie désormais les lotissements à des sociétés immobilières ? ? Sinon, le risque est grand de voir se développer à Bobo-Dioulasso le phénomène des bidonvilles et la paix sociale perturbée.

Issa SOMA ?

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 21 décembre 2011 à 02:15, par Pipos En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

    On pouvait prévoir un tel désordre dépuis la durée inlassable des resultats qui tardaient à sortir au secteur 15 de Bobo.comment pouvez vous comprendre qu’un simple agent de la mairie qui avant le lottissement, vivait dans le non-loti,et juste après le lottissement arrive en peu de temps à constuire des terrains qu’il a aquit au mème moment que les autres ? certains affirment qu’il est membre de la commission, ce qui justifie ses moyens.Nous demandons au gouvernement de prendre cette affaire au serieux car elle vaut la pène.

  • Le 21 décembre 2011 à 07:36, par le citoyen vert En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

    merçi mr Soma pour votre analyse, je voudrais vous dire kil ya pire que ça. la question des espaces vert reste preoccupante a BOBO voire tres inquietante
    il faut un audit des esparts verts à bobo ; c’est un cri de coeur ke je lance au premier ministre. nous ne devrons pas assister impunement au detournement de nos zones tampons à d’autre fins ;
    nous n’avons pas le droit de compromettre la survie , l’existence terrestre de milliers d’humains et autres vivants.
    Excellence mr le premier ministre faites quelque chose ;

    • Le 21 décembre 2011 à 12:57, par De La Sagesse En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

      Il faut que les Autorités fassent quelque chose pour éviter le pire. Par exemple, dégager des parcelles pour les résidants qui n’ont pas eu une parcelle. À l’avenir
      il faut veiller à ce qu’un résidant n’ait pas plusieurs parcelles pour un seul terrain. Cela n’est possible que si les agents chargés du rencensement et du lotissement sont intègres et allergiques à la corruption.Que la paix et la concorde règnent dans la ville Bobo. Amen !

  • Le 21 décembre 2011 à 12:08, par SOUL En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

    « Des maires en arrivent même à occulter très vite le volet préservation du patrimoine foncier et des ressources naturelles », tres bien mr le journaliste.
    A l’ouest, on saccaaaaage !!!
    A plusieurs reprises, j’ai lancé un SOS pour sauver le secteur 1 de Orodara. Que qoui ? Ce secteur est un condensé de vergers de plus de 10 hectares. elle est la zone la plus boisée de la ville et est donc son poumon comme l’est bangr-weogo pour ouagadougou !
    La cupidité des responsables de la mairie les a amené a lotir cette zone, ou pour voir un individu qui se deplace il faut se courber ou meme se mettre a genou tant la foret est dense !
    Helas, mille fois helas, a defaut de faire une foret communale, le bourgmestre a monnayé l’avenir ecologique de ce beau village.
    A quoi servent les responsables de l’envirronnement et de l’agriculture quand a leur barbe et nez on detruit plus de 10 hectares de verger pour en faire des terrains d’habitation au moment que la ville peut s’etendre sur l’axe banfora, dieri et samorogouan ?
    Ceci est un cri de coeur et pour ceux qui veulent toucher du doigt la realite, les amis de la nature, sont invites a y jeter un oeil.
    SOS !!!

  • Le 21 décembre 2011 à 12:26, par mackiavel En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

    Franchement, je crois qu’il faut mettre les choses au point à tous les niveaux que l’indiscipline ne doit pas succéder à la mauvaise gouvernance. Premièrement, il n’y a nulle part dans notre code foncier (urbain ou rural) le « priorité accordée à des résidents ». Les prétendus résidents des zones d’habitat spontané qui sont dans l’illégalité totale sont ceux là même qui rendent difficile les opérations de lotissement par la spéculation foncière. Deuxièmement, l’opacité et l’affairisme dans les commissions d’attribution est tels que une demande de parcelle à usage d’habitation en bonne et due forme n’a aucune chance d’aboutir. En revanche, en versant une somme comprise entre 250 000 et 500 000 frs CFA à un agent communal ou du cadastre…, on n’est sûr de ce voir attribuer une parcelle même sans demande.
    Une mission d’audit s’impose si l’on ne vaut pas voir les gens se tuer un jour en croyant qu’on a raison alors que tous sans des l’illégalité et les responsables municipales dans leur propre tourmente.

    • Le 21 décembre 2011 à 15:28 En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

      Mes freres, vous savez BOBO reste Bobo, secondaire et peut etre sera tertiaire.
      Je comprend maintenant quqnd on dit que Bobolais aiment la facilité et ce sont des trouillards. Si c etait a Ouaga, on allait bien frapper ces maires voleurs et se faire entendre par le langage que le gouvernement adore. Restez a crier-pleurnicher-miauler pour appeler le gouvernement, il ne vous écouteront pas pour le moment.
      Un membre de la commission qui devient subitement riche, faite une lettre ouverte au maire avec ampliation au gouverneur-MATDS-PM-PF.

      BANDE DE FAINEANT

      • Le 22 décembre 2011 à 12:05, par drangwell En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

        Mon chère, Bobolais n’est pas trouillard et n’aime pas la facilité comme tu le dit. Attend seulement, tu sais quoi il n’y a pas beaucoup qui s’intéresse a l’envoie de message sur le net . Ça ne va pas trop durer tu verra les mouvements comme bobolais sais bien le faire . N’oublie pas qu’a bobo quand ca agit c’est sans pareil au Faso (cf manif. grève de la faim etc...)

    • Le 21 décembre 2011 à 16:04, par delphao En réponse à : Lotissements à Bobo-Dioulasso, une bombe à retardement

      C’est vraiment décourageant de voir des résidents qui sont dans le noir pendant des années les maisons tombent ils reprennent et n’ont pas eu de parcelle ; je crois qu’il faut mettre les choses au point à tous. Le gourvernement n’a ka mettre les choses au propres.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?