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Autant le dire… : Encore et toujours ces lotissements

Publié le lundi 19 décembre 2011 à 01h20min

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Depuis que le gouvernement a décidé de la levée de la mesure de suspension des lotissements dans certaines communes du pays où les opérations étaient assez avancées, les contentieux ont encore repris. A Bobo, particulièrement où il existe un front contre et pour à la fois des opérations de lotissements, les affrontements et autres manifestations ont refait surface. Ce front mobilise derrière lui tous ceux qui se disent victimes de spoliations de terres, demandeurs insatisfaits, résidents non recensés ou recensés non-attributaires, et parfois des personnes de « mauvaise foi ». Ces dernières ayant vendu toutes leurs terres à des demandeurs pour en faire des non-lotis se retrouvent aujourd’hui dans une situation de précarité extrême. Naturellement, ces personnes-là ne sont pas du tout contentes de ne plus être détenteurs.

En effet, il faut le reconnaître, les lotissements ont fait de « nouveaux riches » dans nos villes. Des personnes en ont fait de réelles opérations de commerce. Il suffit de comptabiliser les agences immobilières privées, fictives ou « prête-noms » qui exercent en ce moment sur le terrain pour s’en convaincre. Les réalisations de certaines d’entre elles, alors que son revenu mensuel et annuel peut être connu, « insultent » la conscience collective. Si bien que toutes les personnes directement ou même indirectement impliquées dans ces opérations ont réussi à mobiliser contre elles toutes ces frustrations, toutes ces rancoeurs.

Des conseillers, des agents de l’administration communale ou des services de l’urbanisme, n’arrivent plus véritablement à dissimuler leurs richesses, acquises dans les opérations frauduleuses de lotissements. En même temps qu’il y a eu de nouveaux riches, il y a eu dans le sens inverse de nouveaux pauvres, à la limite du désœuvrement et qui sont malheureusement les plus nombreux.
Quand on fait le tour des secteurs périphériques, ou de certains villages, on constate que de nombreux jeunes, des propriétaires terriens qui tiraient leur subsistance des produits de la terre, n’ont plus d’activités. Parce qu’après avoir vendu leurs terres, ils n’ont pas pu investir les ressources acquises dans des domaines porteurs.

C’est pourquoi, il fallait songer à ce que le mouvement citoyen appelle aujourd’hui la réinsertion ou l’accompagnement des « ex-propriétaires ». Parce que, tout compte fait, ce sont les lotissements qui ont créé ces « nouveaux pauvres », qui aujourd’hui constituent un problème qu’il faut nécessairement résoudre. Au nom de la paix sociale. Puisque, tant que ces personnes ne seront pas en activité, il sera difficile pour les nouveaux riches de jouir de leur richesse en toute quiétude. C’est ainsi qu’on fabrique, sans le savoir ou expressément des remous sociaux.

Il y a aussi ce fait, qu’il ne faut pas occulter et qu’il faut réussir à décourager : il s’agit des installations anarchiques dans les périphéries, communément appelées zones non-loties ou « habitats spontanés ». Des personnes, pour bénéficier de parcelles pendant les opérations de lotissements ont appris à acheter des « non-lotis », à y construire des bâtiments précaires. Ces personnes avec la complicité de certains opérateurs de lotissements, réussissent toujours à se faire attribuer de nombreux numéros. Ainsi, elles deviennent après une opération de lotissement, de véritables propriétaires. Alors qu’en réalité, dans le cadre d’un lotissement, on n’a droit qu’à une seule parcelle. Il y a enfin ces propriétaires ou habitants qui vendent leurs parcelles légalement acquises et s’en vont plus loin s’installer dans d’autres zones non-loties.

Au regard de tous ces constats et de la tension qui est vive en ce moment, il est souhaitable, pour tous et pour la paix sociale, de jeter un regard plus critique sur ces questions de lotissements. Nous y gagnons tous.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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