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Il faut le dire : Les marchés publics à ceux qui peuvent les exécuter !

Publié le mercredi 14 décembre 2011 à 00h46min

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La Maison de la culture de Bobo-Dioulasso et le pont de la Bougouriba, voici deux grands ouvrages dont la réalisation laisse à désirer. Ces deux ouvrages majeurs destinés à soulager les populations de l’Ouest sont en souffrance, pour non achèvement des travaux, par la faute des entreprises bénéficiaires de marchés publics.

La Maison de la culture de Bobo-Dioulasso sise au rond-point de Dafra et le pont de la Bougouriba sur l’axe Yéguéresso-Diébougou, faut-il le dire, sont des exemples concrets de l’inconscience et du manque de sérieux de certains entrepreneurs.

Le cas de la Maison de la culture : s’il y a un chantier qui a bénéficié de toutes les attentions de la part des autorités politiques et administratives de ce pays, c’est bien celui de la Maison de la culture de Bobo-Dioulasso. La construction d’un tel chef-d’œuvre était devenue un impératif pour les autorités et leur mobilisation en a attesté.

Que ce soit les Premiers ministres, et les ministres des différents gouvernements qui se sont succédé, que ce soit les gouverneurs de la région des Hauts-Bassins, sans oublier le premier responsable régional de la culture et du tourisme, tout le monde est déjà passé par là pour constater de visu l’évolution du chantier.
Même qu’il y avait chaque semaine une réunion, regroupant les différents acteurs du chantier à savoir : le maître d’œuvre, le maître d’ouvrage et le maître d’ouvrage délégué. Cette réunion est suivie de la direction régionale de la culture et du tourisme qui rend régulièrement compte à la hiérarchie supérieure.

Malgré cette mobilisation, les travaux du joyau qui va coûter environ 6 milliards de F CFA aux contribuables burkinabè, semblent s’enliser. De prorogation de délai en prorogation de délais, le chantier dont la finition pose problème, semble maintenant abandonnée par l’adjudicataire du marché, l’entreprise De Simone, une entreprise italienne, parce qu’elle n’a plus de directeur de chantier.
Comment comprendre que, lancée en grande pompe le 29 mars 2008 par le Premier ministre d’alors, Tertius Zongo, la construction de cette infrastructure qui devait durer 10 mois, ne soit pas encore achevée en cette fin 2011, soit près de 3 ans après ?

Pourtant, selon les premiers responsables, il y a eu paiement régulier des décomptes à l’entreprise chargée des travaux. Certaines indiscrétions laissent même entendre que les 90% du montant total du marché auraient été versés à l’entreprise, avant que ne soit atteint le taux de 90% d’exécution des travaux.
Si cela s’avérait, on serait en droit de se poser la question de savoir, qu’en dépit de l’empressement des premières autorités à vouloir coûte que coûte voir le chantier terminé dans les délais, devait-on enfreindre aux procédures des marchés publics en versant 90% du montant total du marché, alors le chantier n’avait pas encore atteint ce taux d’exécution ?

Qu’est-ce qui a pu bien motiver ces genres de décaissements, quand on sait que pour de pareils chantiers, l’Etat prend toujours ses précautions et attend de voir concrètement l’évolution des travaux, avant de procéder à une quelconque opération ?
Il faut alors, comme l’a recommandé le forum national sur les marchés publics des 26 et 27 octobre derniers, améliorer notre système de gestion des marchés publics, en mettant en place une stratégie de renforcement des capacités des acteurs, et en veillant au respect des délais d’engagement et sur la qualité des œuvres.

En visitant le chantier le 25 novembre dernier, l’actuel Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, prenant la mesure du piétinement des travaux, s’est dit déçu de l’état d’avancement dudit chantier. Il a déclaré que l’Etat ne peut pas être à la merci d’une entreprise défaillante et que des dispositions allaient rapidement être prises pour achever l’infrastructure.

La menace a été suivie d’effet, puisque le conseil des ministres en sa séance du 30 novembre 2011, a décidé de la mise en régie du chantier, en vue d’une meilleure maîtrise de la conduite des travaux, afin de l’achever pour la prochaine édition de la Semaine nationale de la culture de 2012. Doit-on s’attendre à ce que l’entreprise De Simone SA soit poursuivie ?

Un an avant, jour pour jour, soit le 18 novembre 2010, Tertius Zongo qui était Premier ministre, avait été déçu de la même façon en constatant l’immobilisme du chantier. Il espérait, après de multiples reports, procéder à l’inauguration de ce joyau, à l’édition 2010 de la SNC et aux activités entrant dans le cadre du Cinquantenaire de l’indépendance en décembre de la même année.
Et il est peu probable que la Maison de la culture dont il reste encore à achever la salle de spectacle, ainsi que la climatisation, soit prête avant la prochaine édition de la Semaine nationale de la culture (SNC) prévue en mars 2012.

Déjà, des voix commencent à s’élever pour dire que l’ouvrage avant même sa finition, est dépassé, car la capacité d’accueil de 2500 places ne répond pas aux besoins réels des populations de la ville de Sya.
Que dire alors du chantier de construction et du bitumage de la route Yéguéresso-Diébougou dont le pont est toujours en souffrance, malgré les injonctions du Premier ministre, Luc Adolphe Tiao en mai 2011 ?
Confiée à l’entreprise Oumarou Kanazoé/Kara, la route Yéguéresso-Diébougou a été inaugurée le 31 juillet 2007, alors que les travaux du pont de la Bougouriba du même chantier, accusent un retard de plus de 2 ans, après plusieurs prorogations de délais.

Des problèmes d’avenants excessifs non acceptés par les bailleurs de fonds, le manque de matériels adéquats par l’entreprise pour exécuter les travaux sont cités pour justifier l’arrêt de fait des travaux.
Pourquoi l’Etat doit-il attribuer un marché à une entreprise qui n’a en pas les compétences techniques ? Puisque le premier responsable de l’entreprise, incapable de donner une date butoir de fin des travaux, malgré l’insistance du Premier ministre, a avoué qu’il attend du matériel d’une autre entreprise pour pouvoir reprendre les travaux !
Depuis cette date, les travaux du pont de la Bougouriba sont restés en l’état. Le 7 décembre 2011, le chantier ressemblait encore à un désert par son calme et le silence des machines.

Outre le fait de faire perdre de l’argent à l’Etat, de l’argent appartenant aux contribuables, ces genres de chantiers décrédibilisent le gouvernement et font perdre la confiance des bailleurs de fonds. Malgré ces mises en garde, l’entreprise, d’une part, n’a pas repris les travaux et d’autre part, n’est pas encore déclarée incompétente ou disqualifiée. A quand alors la fin de la construction du pont de la Bougouriba ?

L’Etat devrait prendre ses responsabilités, tout comme il l’a fait avec l’entreprise italienne De Simone SA.

Issa SOMA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2011 à 03:05 En réponse à : Il faut le dire : Les marchés publics à ceux qui peuvent les exécuter !

    Pourquoi veux tu que les gens se sanctionnent eux-mêmes ?Ce sont les mêmes qui sont cachés derrière ces entreprises défaillantes.Sinon si c’était une entreprise lambda,déjà elle n’aurait pas eu le marché et si par chance elle avait,les autorités auraient fait bcp plus de bruit et p-e meme que l’entrepreneur serait en taule

  • Le 14 décembre 2011 à 12:26 En réponse à : Il faut le dire : Les marchés publics à ceux qui peuvent les exécuter !

    salut et merci pour cet article
    j’apporte jusque une précision en terme de capacité de la salle de spectacle. en réalisé, la salle principale de spectacle fait 1500 places et les 2 autres salles annexes sont de 500 places chacune.
    comment une grande ville comme bobo capitale culturelle du BF après près de 20 ans sans salle couverte va se voir construite une salle dépassée comme le palais de la culture en construction ?
    franchement, il manque une vision à nos autorités.
    DOMMAGE-DOMMAGE-DOMMAGE

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