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Editorial de Sidwaya : De la Fière Volta au Ditanyè, 51 années de paix et de labeur

Publié le mercredi 14 décembre 2011 à 00h46min

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« L’essentiel est invisible pour les yeux », dit un personnage du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Sans tonnerre ni tempête, le Burkina avance ! 51 années d’indépendance déjà ! Cela se célèbre ! Bonne fête à toutes et à tous ! A ceux qui, de leur sueur et de leur sang, ont fait l’indépendance pour nous, ont créé ce pays pour nous, qui avaient autour de 51 ans en 1960 et qui sont passés derrière le rideau, nous disons mille fois merci et leur promettons que le flambeau ne s’éteindra pas dans nos mains. Nous le transmettrons avec la même fierté, le même patriotisme, le même dévouement et la même bravoure reçus d’eux, à ceux qui viendront après nous. « Si la biche court, son petit ne saurait être un cul-de-jatte ».

Il y a un puissant virus que l’on envoie de temps en temps dans l’ordinateur AFRIQUE et qui s’appelle « afro pessimisme ». Comme tout virus, celui-ci est imaginé pour nuire aux esprits et au moral. Il s’agit de nous convaincre et de convaincre autrui que l’Afrique est « foutue », qu’il vaut mieux aller dans d’autres contrées plus hospitalières pour investir, que rien ne va en Afrique, que dans quelques années, nous aurons tous fini de retourner dans la jungle où abondent les animaux féroces et, pire, où s’installent la misère, les génocides, les guerres civiles de façon durable (…). L’Afrique serait la désolation de la consternation et la consternation de la désolation ! L’Afrique, c’est-à-dire, sans transition, le Burkina Faso.

Car, on aurait voulu qu’en 51 années, le Burkina rivalise en sciences, technique, économie, industrie lourde… avec ceux qui sont sur ces mêmes terrains il y a plus de dix siècles. De cette comparaison absurde que l’on établit, on tire des raisons de se décourager et de décourager ceux des Africains et Burkinabé qui tiennent à relever tout défi lancé à leur endroit. L’Afro pessimisme est une stratégie de démobilisation. Que personne ne le prenne au sérieux ! « L’essentiel est invisible pour les yeux » : la lente élaboration de notre unité nationale, la prise de conscience de cette unité vivante, multicolore et multiforme ; l’intégration par la proximité, la profession, le mariage, le divertissement, les religions vivantes de nos familles culturelles ; la furia des cultures du monde entier, du Maghreb, de l’Asie, de l’Amérique, de l’Europe qui entrent chez nous sans entraves ; tout cela vaut plus que tous les Euros du monde.

Si quelqu’un nous contredit sur ce point, que le grand cric le croque ! C’est tellement important que c’est invisible aux yeux de ceux qui n’ont de regard et d’égard que pour eux-mêmes.
« La vie d’une nation est semblable, nous le rappelle le Président du Faso, Blaise Compaoré, dans son discours du cinquante unième anniversaire de l’indépendance, au cours d’un fleuve qui, bien que souvent marqué par les rapides et les cascades, se poursuit inexorablement vers l’embouchure ».

De la Fière Volta au Ditanyè, nous nous reconnaissons tous dans cette phrase qui suggère bien des choses qui font réfléchir : de la force, mais sans brutalité ; un parcours qui consiste à avancer sans se précipiter ; un moral de fer, fait de fierté, d’honneur, de travail, de courage qui sait aller au rythme des hommes et des dieux, mais qui refuse de brimer le pauvre et le faible ; une destinée marquée par un climat et une terre torrides et rudes, mais qui sait tout de la sérénité, du respect d’autrui, de la justice, de l’intégrité (pour le Burkina) et de la loyauté ( pour la Haute-Volta.) Un développement somme toute maîtrisé : nous ne mettons un pied devant l’autre tant que le premier n’est pas sûr et inébranlable.

« Un grand peuple ne demande jamais sa route à ses semblables », dit un écrivain malien. Après avoir, 51 années durant, vibré ensemble aux heures fastes, tremblé ensemble quand il y avait à trembler, pleuré ensemble, quand, par simple retournement, nos erreurs et bêtises sont retombées sur nous, construit en chantant, la maison commune ; espéré ensemble des jours meilleurs, à qui irons-nous demander la route de notre bonheur ? En réalité, à personne d’autre, même si nous savons, par ailleurs, accueillir et apprécier la présence chaleureuse de nos nombreux amis à travers le monde.
Pour le présent et l’avenir, « il est impérieux, pour l’ensemble des Burkinabè, de se donner la main afin d’œuvrer à la réhabilitation des principes de civisme, de responsabilité, de gestion vertueuse du bien public, de compréhension et de respect mutuels », dit le Président dans son discours.

Que cette fête qui se veut simple, riche et profonde en questionnements et en introspection, aille jusqu’au fond de nos cœurs pour les éveiller à ce qui est tellement important et tellement invisible : les principes de notre bonheur et de notre vivre ensemble, au-delà de l’événement et des sollicitations éphémères.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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