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REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

Publié le mardi 13 décembre 2011 à 00h56min

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Beaucoup croyaient être enfin au terminus. Mais le train de la réflexion sur les réformes politiques au Burkina devra continuer à rouler sans que l’on sache exactement où il s’arrêtera. En effet, à la clôture des assises nationales sur les réformes politiques, le président du Faso, Blaise Compaoré, a demandé à ses compatriotes de poursuivre la réflexion sur les sujets qui n’ont pas fait l’objet de consensus. Certes, dans la vie d’un individu comme dans celle d’une nation, on ne peut raisonnablement nier le caractère dynamique des aspirations, y compris celles de nature politique. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, peut se révéler sans grand intérêt demain, et ce qui est superflu présentement, peut constituer un centre d’intérêt dans le futur.

En cela, la réflexion doit être permanente pour permettre aux nations et aux individus d’être toujours en phase avec leurs aspirations et leurs actions. Mais un danger réel menace celui qui ne rationnalise pas son activité de réflexion : l’indécision et par voie de conséquence, l’inaction. Il faut s’en prémunir. En effet, il ne faut pas que cette réflexion nationale qui procède d’une volonté du pays de se doter, in fine, d’une vision prospective consensuelle, soit un obstacle à l’action présente. Au contraire, étant donné que les points d’accord sont dégagés et bien connus, il y a lieu d’agir, quitte à intégrer d’éventuels correctifs au cours de cette action, en fonction des réalités qui peuvent naître ou se révéler au fil du temps.

Mais les conclusions des consultations nationales ne semblent pas emballer leurs initiateurs. D’où cette impression qu’elles ne sont pas satisfaisantes pour les tenants du pouvoir. On sait déjà qu’à l’ouverture des assises nationales, certains groupes proches du pouvoir ont tenté de modifier les règles du jeu en essayant de remplacer la règle du consensus par celle de la majorité. Ce que les autres parties prenantes n’ont pas manqué de rejeter. Dans ces conditions, difficile de se convaincre de la bonne foi du CDP qui, visiblement, a été piégé dans son propre jeu. Il n’est un secret pour personne que l’article 37 constitue un enjeu majeur et que le CDP aurait jubilé si les délégués dans les régions ou au cours des assises nationales, avaient appelé, à l’unanimité ou, à tout le moins par consensus, à le réviser.

Mais autres temps, autres mœurs : les participants, que certains observateurs présumaient tous acquis au pouvoir en place, ont probablement œuvré à démentir cette impression. En témoigne du reste leur position sur l’article 37 de la loi fondamentale burkinabè : ils se sont battus et c’est tout à leur honneur, pour que cet article 37 qui consacre, dans son esprit, le principe de l’alternance à la présidence du Faso, ne bascule pas dans le champ des sujets consensuels. Ces gens-là auront, d’une manière ou d’une autre, joué leur partition et ont même crédibilisé un tant soit peu ces consultations sur les réformes politiques que d’aucuns craignaient de voir se transformer en pures cérémonies d’allégeance au locataire de Kosyam.

En tous les cas, les réformes sont urgentes et il faut y aller du moment où les consultations ont permis de s’entendre sur quelque chose. Car, les tergiversations constatées sont de nature à donner raison à l’opposition politique légale et à une bonne partie de la société civile qui avaient vu dans ces consultations, du cirque, de la poudre aux yeux. Cette manie de jouer les prolongations sans que cela soit nécessaire, ressemble étrangement, à une façon de tourner en rond, à une volonté d’avoir les contestataires à l’usure. Mais cette stratégie semble hasardeuse au regard du contexte international et même de certaines réalités internes. En effet, un indice et non des moindres est que, concernant l’article qui fâche, la division se constate même au sein de la majorité présidentielle où certains ne font pas mystère de leur opposition à toute velléité de révision de cette disposition constitutionnelle.

Visiblement, il ne reste plus que la décision finale du président Compaoré. Il est le seul à pouvoir situer le peuple sur ses vraies intentions. Beaucoup de choses dépendront de sa décision. Et, le président et ses fidèles lieutenants ne devraient pas perdre de vue le fait qu’à trop s’amuser avec le feu, on finit par se brûler. Le suspense entretenu par le chef de l’Etat à travers son refus de se prononcer sur le sort réservé à l’article 37, n’est pas de nature à rassurer, du moins pas à faire baisser le mercure sur la scène politique et même au-delà. Les supputations vont bon train. Dame rumeur court et colporte son lot de questionnements et d’incertitudes du lendemain.

Et, il faut le dire, cela ne crée pas un environnement propice à un apaisement. Le vin étant tiré, il ne reste plus qu’à le boire. Il faut mettre en œuvre ces conclusions consensuelles des parties prenantes à la concertation sur les réformes politiques. Déclarer officiellement la nécessité de continuer la réflexion donne le désagréable sentiment d’une obstination à aboutir coûte que coûte à un plan B qui saute le verrou sacré de l’article 37.

« Le Pays »

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Vos commentaires

  • Le 13 décembre 2011 à 04:17 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    Mais vous ne pensez pas que tout cela est du pur cirque concernant meme les conclusions de ce ccrp ?Je jure qu’un excellent étudiant en 2ème année de droit aurait fait mieux et il nous aurait épargné tous ces 500 millions voire plus qui ont été jetés à la poubelle.Personnellement je rejette les conclusions du ccrp pcq le pays n’a pas besoin de sénat et toutes les autres aneries comme la constitutionnalisation de la chefferie etc.Le pays n’a pas de moyens en ressources pour entretenir des politiciens véreux qui ne pensent qu’à eux mêmes.Donc dire que c’est pour asseoir la paix,je vous mets au défi de mettre en pratique les conclusions dites consensuelles de ce ccrp et vous verrez que ça va être le bordel dans ce pays pcq où trouver l’argent pour payer tout ce monde ?Ca sera encore à la population souffrante qu’on va lui demander de payer encore plus de taxes,plus d’impots dans un contexte de vie chère pour arroser ces politiciens à coût de 1 million/mois.Non,ça ne marchera pas cette affaire car le peuple se rebellera,j’en suis intimement convaincu

  • Le 13 décembre 2011 à 07:59, par un frère En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    Merci pour votre article,
    on ne saurait être plus claire quant aux intentions de certains membres du CDP dont le president.
    Nous Burkinabè somme conscient de la situation et pensons que les choses doivent changer et pour cela rien ne pourra concourir à changer l’article 37 et même par un truchement quelconque il y parvenait je vous assure que le Burkina risque d’être ingouvernable et dans la matière le Burkina le sera pas un exemple.
    Puisse le seigneur éclairé Blaise Compaoré pour qu’il se retire.

  • Le 13 décembre 2011 à 09:25 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    On va tout droit dans le mur car nous sommes dans une voie sans issue. Blaise n’a rien dit car il veut rebelotter par tous les moyens. Au moins, les choses sont claires aujourd’hui. Le CDP et Blaise veulent continuer par tous les moyens à gouverner après 2015. Sinon, pourquoi continuer à réfléchir alors que cela fait déjà 6 mois qu’on le fait. C’est vraiment prendre la population burkinabè pour des idiots. Mais, un jour viendra où tout finira. Qui aurait pu prédire que Kadafi allait mal finir il y a 1 an ? Personne et pas moi en tout cas sauf à être un bon devin. Alors, bon entendeur, salut !

  • Le 13 décembre 2011 à 09:53, par Lavertue En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    Article pertinent, pondu par un journaliste professionnel. Il ya ce type de journaliste et il ya les autres, ceux du tube digestif, qui tiennent leur plume comme ils tiendraient leur sébile, prêts aux contrevérités les plus absurdes pour un bol de riz ou son équivalent en F CFA. Chapeau bas !

  • Le 13 décembre 2011 à 09:57, par Tonton Cool En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    Bien vu Monsieur le Journaliste
    Mais ne t’inquiète pas pour cela car nous (le peuple) sommes aux avant-postes de toutes leurs reflexions. Nous les voyons venir mais s’ils nous poussent juqu’à notre dernier retranchement, nous réagirons à la hauteur de leur forfaiture. Pourquoi tourner autour du pot ? On a pas besoin de rassembler tout ce bon monde pour parler de ça. Il faut être honnête avec soi-même et partir dans la "paix" aussi précaire soit-elle. Le peuple suit de pret toute cette mess et la moindre étincelle pourrait remettre tout à zéro. Alors méfiance et méfiance

  • Le 13 décembre 2011 à 10:38, par DJERE DJIN En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    t’inquiète mr le journaliste. le peuple est vigilant. nous n’allons pas nous laisser berner. ils ne sont pas plus intelligents que nous.

  • Le 13 décembre 2011 à 10:56, par wanemaalgé En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    le blaiso veut pas partir,un point c’est tout ! sinon il aurait du se prononcer clairement comme ATT,YAYI BONI,et même son compagnon RAWLING qui est venu par un coup d’état et qui est parti au bout des son 2e mandat.Actuellement il circule dans les rue d’Accra et de Kumassi comme n’importe quel citoyen ghanéen.C’est trois pays ont connu l’alternance sans qu’il j’ai cahot comme le pense certains au Faso. ET si le blaiso disparaissait,le Faso va t-il disparaitre de la carte ? non. la nouvelle génération a besoin d’alternance. Même en Russie,l’un des pays les plus répressif au monde,les gens sortent pour refuser que Poutine revienne au pouvoir après ses deux mandats. Les vieux dinosaure doivent laisser la place aux jeunes,je parle aussi des députés qui sont là depuis 1992(19 ans).ils ne sont pas les seuls "dignes" fils de leurs provinces ou régions,okkkkk

  • Le 13 décembre 2011 à 12:36, par Pierros En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    La récréation a trop duré et le jeu de cache-cache aussi. Pourquoi ne pas rassurer le peuple une bonne fois pour toute. Quel mal aurait-il à respecter la constitution telle qu’elle est présentement ? Cependant le silence actuelle en dit long car tous sont persuadés que la modification de la constitution et surtout de l’article 37 serait la source de toutes les dérives possibles. A-t-on la mémoire courte ou quoi ? Pourquoi cette insistance qui pourrait plonger le pays dans une position inconfortable ? Cela profiterait à qui ? Ceux qui défendent vigoureusement la modification de cet article ne voudraient-ils pas devenir un jour président au Faso ? Pourquoi alors penser qu’une seule personne détient la vérité et le chemin de l’émergence ou du développement ? Obama l’a dit si bien « Nous avons besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts ». Si la grande puissance du monde raisonne ainsi et nous empruntons le sens contraire, arriverons-nous à amener la prétendue émergence au Faso ? NOBERT ZONGO, Collège de sages, la communauté catholique ont parlé, quelle réflexions encore ? Il faut passer à autres choses car le temps passés ne revient plus. La famine est là, les jeunes sont désœuvrés. La délinquance, l’incivisme, l’injustice sociale, la corruption et la prostitution gagnent du terrain. Les gens s’intéressent de moins en moins aux élections. Toutes ces choses, ne nous indignent-elles pas ?

  • Le 13 décembre 2011 à 15:23, par le sage qui réflechit En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    L’oxygène est au feu ce qu’est l’alternance à la démocratie.
    sans oxygène, le feu s’éteint et l’oscurité s’installe !

    Sans alternance, ne parlez pas de démocratie SVP.

    Allumez une bougie, puis couvrez la hermétiquement avec un verre. Vous verrez la suite !
    C’est pareil en démocratie, le manque d’alternance étouffe la démocratie qui devient la démoncratie en passant par la dictature.

  • Le 13 décembre 2011 à 18:14, par Souffle En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    Notre cher Faso n’a plus besoin des esprits malin pour se développer, mais des citoyens soucieux de son bien être. Toutes ses gesticulations n’a abouti à rien. On semer la haine entre nous pour rien, ou pour continuer à détruire cette patrie. La loi est faite pour tout le monde, de même que la constitution. Pourquoi penser à modifier ? Même si c’est par referendum. Il faut qu’on s’unisse par bâtir ce pays. Refusons toute forme de division.
    Je suis assez sûr qu’à cette allure, le Faso va connaître des jours encore sombres,puisque les uns pensent toujours être les seuls capables de diriger ce pays.

  • Le 13 décembre 2011 à 18:42, par SANKARA JUNIOR En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    CES NOUS QUI LA FAIT MONTER AU POUVOIR SES NOUS QUI VA LE CHASSER AVEC SON ENTOURAGE JE VOULAIS VOUS POSER UNE QUESTION A BLAISE IL EST OUBLIER QUAND LUI IL ETAIS VENUE A PARIS IL ABELLE ET BIEN DIT QUE SES SON DERNIER MANDAT A LA FIN DE 2015 BONNE COMPREANTOIN

  • Le 14 décembre 2011 à 00:06, par Sagesse En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    Je suis bien choque de certains comportements de nos dirigeants en Afrique.1) Le pouvoir n’est pas eternel, 2) personne ne nait avec le baton de commandement, 3)Etre au pouvoir n’equivaudrait pas a une chefferie traditionnelle. Quoi donc ! A quoi bon s’enteter ?Les assises nationales etant closes, nous supposons une conclusion totale et non partielle des assises.Ainsi, il n’y a pas lieu de poursuivre un quelconque debat sur les questions non consensuelles.D’ailleurs,a la conclusion des assises tout ce qui n’a pas ete consensuel reste consensuel en l’etat qu’il se trouve, de meme que ce qui est tenu consensuel y demeure en l’etat au moment de la conclusion. De plus, dans quel cadre se poursuivra le #fameux debat#.Bref ! Le President du Faso doit faire de maturite politique(S’il l’est bien sur car cela reste a prouver), il doit rester digne et respecter sa propre loi interne.
    Paix et Grace de Dieu sur le Burkina Faso.

  • Le 14 décembre 2011 à 00:14 En réponse à : REFORMES POLITIQUES AU BURKINA : Où va-t-on réellement ?

    La récréation ne peut que vraiement durer, car nous sommes dans un pays où la plus grande institution sensée protèger les intérets de son peuple est aux mains d’un groupuscule qui ballone le peuple. Je vais parler de l’armée. Est-elle vraiement républicaine ? Faites le constat, tous les soldats de 2°, 1° classes, les caporaux, sergents et chefs,adjudants et chefs sont tous issus des parents pauvres comme moi ici, et ceux qu’on arrive à utiliser pour se maintenir au pouvoir et continuer à enfoncer leurs parents dans la pauvrété. Une armée républicaine doit oeuvrer pour la sécurité et la justice sociale de son peuple. L’armée doit etre au service de son peuple et non d’un groupe d’individus.C’est ça aussi la democratie.

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