Forum de Haut Niveau sur l’Eau et l’Assainissement pour Tous en Afrique .

Déclaration de Ouagadougou
08 décembre 2011

i. Préambule

Considérant l’urgente nécessité d’accélérer l’accès des personnes pauvres aux services d’eau et d’assainissement en Afrique, Ouagadougou a servi du 5 au 8 décembre 2011 de cadre d’échanges et de dialogue regroupant multiples acteurs. Au titre des participants venus de trente trois gouvernements africains, on compte 26 ministres, des hautes autorités, des partenaires au développement, des chercheurs et praticiens du secteur. Au total 400 participants y étaient réunis.

Quant aux principaux points abordés au cours de la semaine, on peut noter : la rencontre des ministres et la table ronde des bailleurs ; le renforcement des connaissances dans le secteur de l’eau, l’hygiène et l’assainissement ; la passerelle à l’insuffisance de capacités du secteur ; l’adoption de l’avant projet de résolution dans la perspective de disposer d’une déclaration commune lors de la rencontre de haut niveau sur l’Eau et l’Assainissement pour Tous et le 6eme Forum Mondial de l’Eau .

Il nous plait ici d’exprimer notre profonde gratitude au gouvernement du Burkina Faso, la municipalité de Ouagadougou, de même que les principaux partenaires au développement pour la chaleureuse hospitalité dont nous avons été l’objet , mais aussi pour le cadre favorable et les moyens mis à notre disposition pour permettre un dialogue prospectif entre les acteurs africains et internationaux et les responsables des politiques dans le secteur de l’eau, hygiène et assainissement.

Nous apprécions le développement et la croissance des partenariats en faveur de l’Eau et l’Assainissement pour Tous et le rôle capital que joue l’Afrique dans ce sens. Aussi, nous tenons à adresser nos vifs remerciements au CREPA pour l’initiative d’organiser le présent Forum combien important. Par ailleurs, nous félicitons le Conseil des Ministres du CREPA et son Directeur Général sur le lancement réussi de leur nouveau plan stratégique et le repositionnement de l’organisation comme un organisme inter gouvernemental à l’échelle du continent africain qui porte désormais le nom de Assainissement et Eau pour l’Afrique , en abrégé EAA.

ii. Points de discussion

Les discussions au cours des quatre jours de travaux ont porté sur un nombre de questions critiques du secteur parmi lesquelles :
  la lenteur des progrès en vue de l’atteinte des OMD en eau et assainissement par rapport aux prévisions
  la complexité et l’urgence de plus en plus constatées des défis de l’eau et l’assainissement
  la sous estimation de l’impact créé par le faible investissement du secteur de l’eau et assainissement
  l’intérêt, la valeur ajoutée et le rôle social et économique des investissements sur l’eau et l’assainissement dans la réduction de la pauvreté.

iii. Principales recommandations du Forum

Dans la perspective d’apporter des solutions aux difficultés ci-dessus soulevées, les ministres, partenaires au développement et praticiens du secteur présents au Forum de Ouagadougou se sont accordés sur les actions et approches suivantes :

i. privilégier les actions et solutions locales qui sont plus appropriées au contexte africain
ii. promouvoir des modèles de financement de l’assainissement fondés sur des évidences pour améliorer l’accès des pauvres tout en cherchant à encourager les investissements privés
iii. promouvoir des modèles durables d’entreprises qui offrent un environnement favorable aux partenariats secteur privé/public
iv. accroitre le rôle des petits prestataires de services et entreprises sociales dans les approches favorables aux pauvres et aux affaires
v. établir des liens entre la recherche et les demandes et priorités des populations
vi. mettre en œuvre les engagements de Sharm el-Sheick, en particulier la convocation d’une réunion des ministres africains de l’eau et ceux des finances
vii. encourager une voix unique de l’Afrique aux événements comme l’initiative Eau et assainissement pour Tous, le Forum Mondial de l’Eau, la conférence Rio+20
viii. apprécions le lancement du nouveau plan stratégique du CREPA et son repositionnement pour devenir Assainissement et Eau pour l’Afrique ; encourageons les partenaires au développement à accompagner la mise en œuvre du plan et les Etats non membres à adhérer à l’EAA
ix. encourageons l’EAA à jouer un rôle de leadership dans la perspective de résoudre le déficit entre les politiques et les pratiques. Il s’agit, autrement dit, de s’assurer que la formulation des politiques s’appuie sur les connaissances des bonnes pratiques du terrain et que la mise en œuvre des politiques résout les vrais besoins et demandes des populations.
x. L’EAA doit instituer le groupe de travail et de réflexion multi acteurs en vue d’étendre la portée de partage du avoir et identifier les besoins du secteur
xi. encourager les pays membres et autorités locales à mettre en œuvre 1% des initiatives financiers de la solidarité eau

iv. Recommandations à l’endroit des Etats africains, de l’Union Africaine, de AMCOW et autres institutions panafricaines et régionales

i. Encourager la création d’un environnement favorable aux femmes pour leur permettre de jouer un rôle de premier plan en matière d’eau et assainissement tant au niveau institutionnel que communautaire
ii. Mettre l’accent sur le renforcement des compétences techniques susceptibles d’être employées pour répondre aux besoins de nouveaux modèles d’entreprises, d’innovation et d’approches portées par les populations qui étendent les services d’eau et assainissement aux pauvres.
iii. Encourager l’Union Africaine, le NEPAD, l’AMCOW, BAD, les CER, et les autres institutions panafricaines à s’engager auprès de l’EAA à développer des stratégies conjointes pour l’accès à l’eau et l’assainissement par les populations pauvres d’Afrique.

v. Recommandations à l’attention des partenaires

Les ministres demandent aux principaux acteurs la mise en œuvre des actions ci après :
i. appel pour une plus grande priorisation du secteur
ii. appel pour un meilleur ciblage des ressources
iii. accroitre l’efficacité de l’aide et la gestion du secteur public
iv. renforcer la responsabilité mutuelle dans les actions du secteur
v. demandent une plus grande priorisation dans les budgets futurs
vi. exigent des lignes budgétaires spécifiques pour l’assainissement et l’hygiène
vii. collaborer avec l’EAA dans la perspective d’accompagner les pays dans la formulation et la mise en œuvre de politiques en eau et assainissement favorables aux pauvres et l’éclosion des entreprises

vi. Recommandations pour la Rencontre de Haut Niveau sur l’Eau et l’Assainissement pour Tous (SWA)

Engagements pris par les ministres :
i. Appuyer le processus participatif de préparation de la rencontre de haut niveau pour assurer que la voix de l’Afrique sera largement entendue
ii. dialoguer avec les institutions et s’engager dans les processus au niveau national pour donner une plus grande priorité au secteur de l’eau et l’assainissement
iii. approcher d’autres secteurs dans la perspective de renforcer les liens inter-secteurs
iv. encourager la mobilisation des ressources
v. donner au secteur un leadership fort et définir clairement les rôles et responsabilités clairs
vi. renforcer la gouvernance du secteur et l’intégrité dans sa gestion
vii. élaborer un plan sectoriel unique pour la mise en œuvre des politiques clairement définies
viii. faciliter une coordination dynamique et transparente du secteur
ix. entreprendre des processus de revues et suivis annuels
x. prendre en charge l’équité et assurer un bon ciblage des pauvres
xi. accompagner les processus du secteur au niveau international
xii. mettre en œuvre les principaux engagements pris dans le secteur

vii. Recommandations pour le 6eme Forum Mondial de l’Eau

i. Intégrer l’eau et l’assainissement dans les systèmes humanitaires et de développement
ii. Renforcer le rôle des systèmes nationaux de planification
permettant la prise en compte des ONGs, bailleurs, du secteur privé
iii. Intégrer dans les organisations locales le financement des services d’eau et d’assainissement à travers des frais et tarifs
iv. Pour atteindre l’auto-suffisante en ressources naturelles sur lesquelles il sera possible de prélever des taxes
v. Réduire les coûts administratifs en vue d’allouer plus d ressources aux projets.
vi. Impliquer les OSC pour assurer une prise de responsabilité à la base
vii. Améliorer les Systems de suivi évaluation