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ADO et les 40 mercedes

Publié le jeudi 8 décembre 2011 à 00h30min

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Au cours d’une audience expéditive, le tribunal d’Abidjan-Plateau a relaxé, hier mardi 6 décembre 2011, trois journalistes du quotidien Notre Voie, poursuivis : il s’agit de César Etou (directeur de publication), de Didier Dépry (secrétaire général de la rédaction) et de Boga Sivori (chef du service politique).

Ces trois journalistes avaient été mis au frais le 24 novembre dernier pour avoir publié deux articles dans lesquels ils affirmaient, d’une part, que le président Alassane Ouattara s’est offert 40 mercedes et, de l’autre, ils évoquaient une prochaine dévaluation du franc CFA et ce, malgré les démentis des gouverneurs des banques centrales de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.

Ce procès de journalistes est le premier de l’ère ADO. Et comme ceux qui travaillent dans les médias ne sont pas au-dessus de la loi, c’est tout à fait normal qu’ils puissent répondre de leurs actes si, effectivement, on estime qu’ils ont enfreint les textes en vigueur.

Encore que, dans cette affaire, le journal Notre Voie n’ait rien inventé, puisque les voitures ont belle et bien été achetées pour doter les ministres. Par contre, c’est la façon de présenter l’information qui a donné l’impression que le président a acquis ces berlines pour lui-même. Or il n’en est rien.

Malgré tout, on peut se demander si le pouvoir n’a pas été mal inspiré d’intenter ce procès contre les trois journalistes eu égard au contexte national et au fait que Notre Voie est le journal du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. En effet, même à juste titre, toute action contre cet organe de presse serait vue comme une attaque, un règlement de compte politique.

Et cela a été ressenti ainsi par le public venu assister au procès. Certes, il faut se féliciter que le pouvoir ait choisi la voie judiciaire face à cette affaire, car, ailleurs, des sbires se seraient chargés de régler les comptes à ces scribouillards. Mais il faut reconnaître qu’en allant au procès pour si peu, ADO et ses camarades courent le risque de fabriquer de toutes pièces des héros et des martyrs à peu de frais.

S’il se trouve, c’est peut-être un avertissement que le nouveau président a voulu donner à toute la presse comme pour signifier que les temps ont changé et que les dérives d’antan ne seront plus acceptées. Mais au bout du compte, ADO aurait voulu faire la publicité de Notre Voie qu’il ne s’y serait pas pris autrement.Ce qui semble certain, c’est que les nouvelles autorités ivoiriennes ont vraiment du pain sur la planche si tant est qu’elles tiennent à assainir l’univers médiatique.

En effet, dans une Côte d’Ivoire où derrière chaque plume se cache un militant, il n’est pas facile de faire le distinguo entre le journaliste et le militant. Il faut en effet reconnaître, et loin de nous l’idée de vouloir donner des leçons à quiconque, que la presse de ce pays est si politisée que c’est davantage de la propagande, pour ne pas dire des tracts politiques, que l’on sert dans les colonnes de certains médias que des articles de presse. C’est en fait le combat politique que se livrent les différents partis qui se transpose sur le terrain médiatique.

La décision de relaxer les trois journalistes est perçue par beaucoup comme un verdict plus politique que juridique. Tant mieux. Tant mieux en effet si ce jugement peut ramener la sérénité de part et d’autre. Mais il faut qu’ADO fasse désormais attention aux médias et qu’il évite d’avoir des problèmes avec eux pour ne pas se les mettre à dos. On se souvient comme hier du limogeage de Brou Aka Pascal de la direction de la RTI pour n’avoir pas envoyé une équipe de reportage accueillir le président, qui revenait des Etats-Unis. Il y a eu aussi la suspension durant trois jours de Notre Voie en septembre dernier, et également le cas d’Hermann Aboa, journaliste à la RTI et animateur de l’émission Raison d’Etat, qui est sous mandat de dépôt depuis le mois de juillet 2011.

A ADO de savoir raison garder pour ne pas apparaître comme le père fouettard de la presse ivoirienne. Il doit savoir qu’il perd toujours la bataille de l’opinion lorsqu’il s’attaque à un média.

San Evariste Barro

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Vos commentaires

  • Le 8 décembre 2011 à 08:25, par Armel En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    Va te faire foutre mon frère !! Tu racontes quoi là ? Parce que tu es journaliste ? Penses tu kil soit normal qu’une fausse information du type dévaluation du FCFA peut entrainer sur le dernier mois des économies de l’UEMOA ? Un peu d’humilité. Ne vois pas le journaliste qui est jugé mais celui qui a mal fait son travail ? Il faut quand même que nos journalistes suivent un peu de cours d’économie quand ils veulent aborder des sujets de ce genre. On ne parle pas au hasard comme vous le faites là !
    Merde !!!
    Ado a raison

  • Le 8 décembre 2011 à 08:38 En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    Cette Côte-d’Ivoire -là est et restera un pays à problèmes. Que croyez-vous ? En la réconciliation ? NON, NE VOUS LEURREZ PAS ! Les règlements de compte vont se poursuivre et ce sera la justice des vainqueurs. Quant à la presse, elle est partout pareille ! Même chez nous au Burkina, vous êtes des militants et non des journalistes. Dites-moi si vous ne pouvez pas classez l’Opinion, San Fina, l’Observateur ? Et vous au Faso.Net qui censurez facilement les forumistes !

  • Le 8 décembre 2011 à 11:17, par rachel En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    SVP cher journaliste : relisez votre article : trop d’affirmation et de parti pris.
    OUI ou non les 40 mercedès ont elles été achetées ?
    ’’« Ouattara s’offre 40 Mercedes à 1,4 milliard F Cfa, pendant que les Ivoiriens meurent de faim et de maladies ». Des véhicules destinés aux membres du gouvernement.’’
    on peut le constater à babi actuellement

  • Le 8 décembre 2011 à 11:30, par Raphaël de Sikasso En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    Je me demande si l’auteur de cet article est vraiment un journaliste.Si oui, je pense qu’il manque d’expérience sur "les sujets sensibles" et ne connait pas vraiment les difficultés liées au métier de journaliste face aux lois très déséquilibrées qui le règlementent dans la plupart des états africains. Une fois je me suis hasardé à lire les codes de la presse de quelques pays africains. Ils sont presque pareils et visent ostentatoire à protéger l’autorité. Du coup, il y a des sujets tabou qu’il ne faut pas aborder au risque d’être condamné. Et là ce n’est pas votre niveau de professionnalisme qui vous empêchera d’être interpellé et condamné.
    Plus grave, il y a beaucoup de choses et d’écrits dans les médias burkinabè et d’autres pays qui sont considérés comme délits par les lois. C’est impensable et je crois que ceux qui écrivent ne le savent même pas. Franchement c’est difficile de faire du journalisme quand on est pas d’accord avec le pouvoir.
    Et puis, arrêtons de penser qu’un journaliste doit aller en prison parce qu’il a écrit quelque chose. Même s’il a tort dans son raisonnement, la sanction est trop sévère. Il y a beaucoup qui font pire, à commencer par les autorités qui font régulièrement preuves d’irresponsabilités fatales à leurs peuples.
    Quand un journaliste se trompe, il n’y a pas meilleure façon de l’amener sur le droit chemin, que de démontrer le contraire de ce qu’il dit, preuves à l’appui.
    Dans le cas où il n’y a pas de preuves pour dire sa vérité, on est dans le domaine des opinions et il n’y a pas délits d’opinions.

  • Le 8 décembre 2011 à 12:04, par Marx En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    Ceux qui ont vécu l’ère ADO dans des années 93 savent que l’homme est un PREDATEUR des libertés de la presse. C’est le naturel qui revient. En effet la MACA ne désemplissait pas de journalistes et d’hommes de l’opposition. Comme on dit à Abidjan "c’est son comme ça" et ce n’est que le commencement.... Le masque est tombé pour ceux qui ne le connaissaient ou qui croyaient que l’homme (ADO) pouvait changer

  • Le 8 décembre 2011 à 13:42, par Goodmanalidou En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    Je respecte le genre de journaliste que vous êtes ! Que Dieu vous bénisse !

  • Le 8 décembre 2011 à 15:45, par MS En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    Ces journalistes veulent destabiliser le pouvoir de ADO sinon à quoi sert pour un journaliste de passer une information qu’il ne maitrise pas .il faut les sanctionner sévèrement de telle sorte qu’ils nous racontent de la vérité.

  • Le 13 décembre 2011 à 22:12, par oscar48 En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    Tout a été dit et je félicite les auteurs des diverses contributions.Je dirais de façon succincte que pour les journalistes,il n’y apas de sujet sensible...

  • Le 19 décembre 2011 à 17:13, par joël En réponse à : ADO et les 40 mercedes

    En matière de journalisme, les faits sont sacrés et le commentaire est libre. si le journaliste fait croire que les 40 Mercedes sont à ADO alors qu’elles sont destinées aux ministres, il déforme les faits et ça, c’est punissable. Tant mieux si les trois journalistes ont été relaxés, mais il ne faut pas faire en sorte que le journaliste se croit tout permis !

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