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Assises nationales : Me Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement

Publié le mercredi 7 décembre 2011 à 02h25min

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Les Assises nationales sur les réformes politiques se tiennent du 7 au 9 décembre 2011. Dans cette interview, le président de l’UNDD, Me Hermann Yaméogo, donne son point de vue et ses attentes de cette rencontre. Pour lui, vouloir faire passer en force certains points non consensuels par un referendum, serait conduire le pays dans des difficultés.

Sidwaya (S) ? : Les Assises nationales sur les réformes politiques se tiendront bientôt. Quelles sont vos attentes ?

Me Hermann Yaméogo (H. Y) : Nous avons été, à l’UNDD, demandeurs de ces assises. Nous nous réjouissons par conséquent de leur tenue, mais en attendons beaucoup pour aider le pays à se débarrasser de cette crise qu’il traîne comme un fil à la patte. Pour ce faire, nous souhaitons très vivement que les décisions qui ont été prises au moment de l’installation du CCRP soient respectées. Nous pensons aux propositions consensuelles qui doivent seules être prises en considération comme à celles non consensuelles qui doivent rester en l’état. Evoquer des questions non consensuelles, dans l’optique d’arriver à un référendum pour départager les Burkinabè sur l’article 37, risque de briser le consensus et d’exposer le pays à un regain de tension.

Les Assises, pour nous, doivent adopter les propositions consensuelles et celles acceptées au niveau des régions et se préparer à céder le témoin à une Assemblée nationale constituante dont le rôle sera de valider les propositions consensuelles, de rédiger une nouvelle Constitution, de l’adopter sans passer par le référendum et de se convertir en Assemblée nationale.

S ? : Au cas où ces attentes ne sont pas prises en compte, quelle sera votre attitude ? ?

H. Y ? : Je ne peux pas préjuger de l’issue de ces Assises, ni juger maintenant de la qualité des décisions qui seront prises, pour arrêter dès à présent la mienne.
Comme je l’ai dit à un de vos confrères, nous avons obtenu des garanties pour ces réformes actées et ces garanties sont aussi pour nous autant de clauses résolutoires. N’allons donc pas vite en besogne, attendons de voir.

S ? : Allez-vous y prendre part comme au Conseil consultatif sur les réformes politiques ? ?

H. Y : Nous ne pouvons pas nous défiler puisque, comme je vous le disais, nous avons souhaité ces assises nationales. Mais nous y serons en tant que participants vigilants, pour ne pas permettre que ceux qui se gaussent du processus de réformes engagées n’aient des raisons de se réjouir au final, parce que leurs prédictions auront été confirmées.

S ? : Quelles propositions avez-vous à faire au peuple burkinabè afin de booster véritablement la démocratie ? ?

H. Y ? : Au peuple burkinabè, c’est la sérénité qu’il faut demander, c’est la trêve patriotique pour permettre aux réformes de prospérer et à la nouvelle gouvernance de prendre forme. Nous sommes dans un contexte où la soif de changement est aiguisée, mais nous devons éviter de laisser la bride large aux revendications excessives qui peuvent entraîner le pays à la charge de rupture voire à de nouvelles convulsions. La crise que nous vivons doit se situer dans une crise d’ensemble, au plan international, marquée par un désengagement accéléré des partenaires dans l’aide aux pays en développement.

Au moment où celle-ci est amputée de 50 à 60 % pour des pays comme le Cameroun, nous devons prendre garde d’éviter certaines inconduites qui n’amènent ces partenaires à se détourner du Burkina. Dans le même temps, nous devons prospecter avec beaucoup plus de sérieux, les voies endogènes et exogènes, en particulier dans le cadre de la construction régionale, de notre développement. A la vérité, les propositions dont vous parlez devraient plus être adressées au pouvoir qu’au peuple. Pour sortir de cette situation, il faudrait sincèrement entrer dans les réformes pour qu’au bout du compte, nous soyons dotés d’instruments démocratiques plus fiables.

S ? : Etes-vous favorable à la tenue d’un référendum pour départager les uns et les autres sur les points non consensuels ?

H. Y : Nous ne sommes pas partisans du référendum et nous formons le vœu que cette proposition, qui gagne en force dans certains milieux, ne vienne pas énerver les travaux au niveau des Assises nationales. Le chef de l’Etat, en particulier, devrait se souvenir que c’est au plus fort de la crise, au moment où il était esseulé, livré à son destin que ceux qui se montrent aujourd’hui si préoccupés de son avenir devaient l’assister en propositions et en actions constructives. Brandir aujourd’hui un référendum sous prétexte qu’on défend des principes démocratiques intangibles, c’est donner raison à tous ceux qui, dès le départ, ont considéré que le CCRP était une arnaque dont le but n’était autre que le déverrouillage de l’article 37.

S ? : Après tout ce travail, quel type de mécanisme proposez-vous afin de mettre en œuvre les réformes ? ?

H. Y ? : La procédure dans ce travail de réformation de nos institutions est importante à tous les niveaux, à celui des discussions et des prises de décisions sur les réformes, comme à celui de l’exécution et du contrôle des décisions finales arrêtées.
C’est pourquoi nous pensons à la mise en place d’un mécanisme de suivi des réformes, à la formation d’un gouvernement de transition et à l’élection d’une Assemblée nationale constituante.

S ? : Que pensez-vous de ceux qui estiment que participer aux assises nationales est une mascarade politique ? ?

H. Y : Ceux qui ne participent pas aux Assises exercent tout à fait un droit démocratique. Du reste, échaudés par le passé, ils ont quelque part des raisons d’être méfiants vis-à-vis du pouvoir. Mais affirmer que ceux qui y sont se sont laissés enrôler dans une mascarade, c’est préjuger de l’issue des travaux ou, comme qui dirait, vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Nous, nous sommes au CCRP et nous pensons avoir pris des garanties en obtenant que le consensus soit le socle des travaux, que les propositions consensuelles soient les seules qui retiennent l’attention pendant que celles non consensuelles resteront en l’état. S’il y avait des entorses à ces principes fondateurs des réformes, personne ne nous tiendrait rigueur de dénoncer un contrat conclu de bonne foi, quand une autre partie, unilatéralement s’en démarque. Mais je crois, au point où nous en sommes rendus, que tout le monde est conscient que notre pays se trouve sur le fil du rasoir et qu’il ne faut pas exacerber le climat politique et social.

Propos recueillis par Steven Ozias Kiemtoré (kizozias@yahoo.fr)

Sidwaya

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