LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Elections couplées de 2012 : Evitons de tromper le peuple !

Publié le mercredi 7 décembre 2011 à 02h24min

PARTAGER :                          

Depuis quelques jours, des débats se mènent dans la presse sur l’opportunité ou non pour le Burkina Faso d’aller à la biométrie et sur la nécessité de reporter de quelques mois la date des élections couplées. Loin de moi la prétention de maîtriser le sujet ; je voudrais seulement en tant que citoyen ordinaire, mais très intéressé par les questions électorales d’ici et d’ailleurs, m’inviter au débat. La diversité des opinions permettra au peuple de mieux juger.

Mais avant, je tiens à saluer la vision de la nouvelle équipe de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dirigée par Maître Barthélémy Kéré. Je suis avec beaucoup d’intérêt toutes ses sorties dans les médias pour expliquer la philosophie qui guide cette équipe dans l’organisation des élections couplées de 2012. J’ai compris dans la démarche du président de la CENI et de ses collaborateurs que le caractère non contestable et crédible du fichier électoral est un préalable important à l’organisation réussie d’une élection. M’étant procuré un exemplaire du rapport de la CENI sur les élections législatives du 6 mai 2007, j’ai pu lire ceci : « le principal sujet de controverse et même de contestation lors des scrutins qui se sont succédé dans notre pays a concerné la qualité et la crédibilité du fichier électoral et de la carte d’électeur … Quelle que soit la pièce administrative qui sera retenue pour s’inscrire sur les listes électorales, la confiance des acteurs dans le processus électoral ne sera restaurée qu’avec l’adoption de la carte d’électeur avec photographie et empreintes digitales numérisées ».

En effet, c’est un défi que de disposer de listes électorales avec photographie de l’électeur et qui ne comportent pas de doublons. En écoutant le président de la CENI, je me suis convaincu que la vision qu’il entend imprimer s’est inspirée d’une part, des leçons tirées de notre histoire électorale et d’autre part, des expériences réussies des autres pays. Avant de poursuivre dans le débat, il est peut-être utile de définir ce qu’on entend par biométrie.

Ayant eu l’opportunité de participer aux rencontres organisées par le président de la CENI avec les experts de l’Organisation internationale de la Francophonie, j’ai appris de la bouche même de ces experts que la biométrie est une technique visant à identifier une personne à partir de ses caractéristiques biologiques qui sont infalsifiables et uniques pour lui (main, empreintes digitales, iris, rétine, ADN etc.).

Toujours selon les experts, la biométrie permet d’assoir l’unicité physique de chaque électeur sur les listes électorales en évitant les votes multiples qui favorisent les fraudes. Elle permet également l’impression des mêmes photographies sur les cartes d’électeur et les listes électorales. Ce qui est un gage supplémentaire de transparence du processus et de sincérité des résultats du scrutin. Les mêmes experts ont assuré les participants que les kits qui seront acquis pour l’enrôlement peuvent être capitalisés, entre autres, pour l’identification précise et sûre des populations de manière générale, le tri et la gestion de populations cibles en fonction d’objectifs spécifiques ( tranches d’âge, sexe, profession), la confection et distribution du Permis de conduire, la gestion de la documentation électronique au niveau des administrations (gestion informatisée des fonctionnaires). Enfin, ils ont soutenu que la biométrie permet de disposer de listes électorales définitives qui n’auront plus qu’à être périodiquement mises à jour, par un procédé de révision rapide et peu coûteux. Fort de cela, je pense que la CENI est dans la bonne direction. Du reste, même si cette technologie engendre des coûts qui paraissent élevés, il s’agit d’une dépense définitive qui nous évitera les perpétuels recommencements en matière de constitution d’un fichier électoral transparent et crédible.

Ceci étant, on est tous d’accord que la biométrie n’est pas une panacée. Une bonne administration électorale est capitale dans le succès de l’élection, d’où l’importance, de la maîtrise de la cartographie, du choix d’un bon mode opératoire pour les scrutins. En outre, il faut pouvoir disposer, non seulement d’agents électoraux et singulièrement de membres des démembrements de la CENI d’un bon niveau et d’une probité certaine, mais également de membres des bureaux de vote issus des différents partis en compétition qui savent surveiller le déroulement du scrutin. Sur ce plan, je me suis laissé dire que la CENI a un programme qui prend largement en compte ces impératifs.

Par ailleurs, j’ai cru comprendre que la CENI souhaite pour les élections couplées de 2012 relever le défi du faible taux de participation généralement enregistré pendant les élections dans notre pays. L’ambition de pouvoir enrôler autour de sept (7) millions d’électeurs et faire en sorte que la biométrie qui est une technologie nouvelle pour nos populations puisse participer au renforcement de la démocratie et surtout du respect du choix des électeurs.

A cette fin, la Commission électorale nationale indépendante a estimé qu’il faut repousser de quelques mois ces élections couplées qui sont une première dans l’histoire de notre pays pour mieux les organiser.

Il faut, en effet, mesurer à sa juste proportion la délicatesse de ces scrutins qui ne sont pas de même nature : d’un côté, l’on a des élections locales et de l’autre des élections nationales qu’il faut coupler. Toute la classe politique et l’ensemble des Burkinabè de bonne foi doivent prendre toute la mesure des enjeux et faire des propositions constructives afin que le Burkina Faso qui a su donner des conseils avisés en matière organisation d’élections à d’autres pays montre de façon concrète la voie à suivre. Pour la date de la tenue des élections, toutes les personnes avisées de la scène politique savent que c’est le gouvernement qui convoque le corps électoral après des concertations avec les différents acteurs de la vie socio- politique. D’aucuns estiment, en outre, qu’il faut partir du fichier de l’Office national d’identification (ONI) pour engager l’enrôlement des électeurs. Ce n’est pas du tout mon avis au regard des controverses nées du croisement ou non lors de la dernière présidentielle. On pourrait tout au moins préinstaller ce fichier dans les kits qui serviront à l’enrôlement des populations car il est important de disposer d’un fichier propre comportant tous les renseignements nécessaires et susceptibles de servir à d’autres applications.

Je voudrais pour terminer exhorter la CENI à rester dans la même dynamique et à œuvrer vraiment à la consolidation de la paix et à l’édification de la démocratie dans notre pays. Que les élections ne soient jamais un prétexte de déchirure au pays des hommes intègres. L’on peut « se bagarrer » autour d’autres préoccupations relatives au développement et au bien-être des populations mais que jamais l’on ne contribue à mettre à rude épreuve la paix sociale à travers des élections mal organisées à coût de milliards avec ou sans biométrie. Que le Seigneur bénisse le Burkina Faso !

Charles PARE
Un citoyen

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2011 à 17:59, par AO En réponse à : Elections couplées de 2012 : Evitons de tromper le peuple !

    En Afrique c’est toujours les mêmes chansons,nous sommes la risée du monde entier et nous passons pour être les rois du gaspillage pour un résultat médiocre car dites vous que les élections,que ça soit les présidentielles,les municipales,les législatives devaient être un jeu,un amusement,un moment de détente où chacun de tout bord politique devait se retrouver dans une ambiance conviviale pour voter mais chez nous,nous dramatisons tout et pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer.Je comprends l’équation parcequ’en fait,les électeurs partent à l’abattoir puisqu’ils voteront des politichiens qui vont les piller,les voler et ne s’acquitteront jamais de leur mission première qui est de servir le peuple en toute honnêteté au lieu de se servir.Sinon pourquoi tout ce brouhaha si les politiciens africains ne s’étaient pas discrédités où on voit des chefs d’Etat avec des comptes bancaires se chiffrant à des centaines de millairds de francs sans oublier la bande,la clique,les vautours de maires,de députés etc.Tous ces politichiens tirent leurs fortunes d’où ?Du peuple bien sûr et d’où bien sûr toutes ces palabres à n’en plus finir sinon,soyons honnêtes,meme dans les pays occidentaux,il y a des fraudes si minimes soient elles mais à la différence de nos pays africains,tu peux arriver aux affaires publiques mais il y a des institutions fortes qui te surveillent et tu ne peux pas te permettre de faire du n’importe quoi.Les valeurs ne sont pas les mêmes puisqu’en occident c’est pour la gloire,la notoriété et en Afrique,c’est pour le fric,le vol,le pillage.Donc biométrie ou pas,ces fraudeurs continueront à frauder pour arriver à leur fin afin de piller le peuple.Alors à quoi sert de dillapider plus 25 milliards dans une biométrie qui ne résoud rien si ce n’est pour se donner bonne conscience puisque ces politichiens fraîchement élus ou réélus vont s’adonner à coeur joie dans leur jeu favori dans les détournements des fonds publics.Pour ma part,le peuple ne fait que subir une double peine à savoir jeter des milliards dans une biométrie qui ne sert à rien alors que cette somme aurait pu servir à régler le problème de la famine et aussi subir la moralité plus très douteuse de nos politichiens.Je crois que la question qui vaille,est la moralisation de la vie publique en sanctionnant les brebis galeuses.Pour cela,il faut une justice vraiment indépendante mais on retrourne à la case départ et comme pour paraphraser quelqu’un,Dieu a vraiment abandonné l’Afrique et surtout le Burkina.Je m’arrête car trop mal au coeur

    • Le 7 décembre 2011 à 13:05, par edvi22 En réponse à : Elections couplées de 2012 : Evitons de tromper le peuple !

      hum quel gâchis ! au début j’ai apprécié et voila que vers la fin il gate tout.N’importe quoi !voila ce genre de pessimistes qui nous pourrisse la vie et nous retarde d’avantage. peut être que Dieu t’a abandonné toi mais ni l’Afrique et surtout pas le Burkina.Faux croyant évite de blasphémer !

    • Le 7 décembre 2011 à 13:28 En réponse à : Elections couplées de 2012 : Evitons de tromper le peuple !

      bonjour, je suis parfaitement d’accord avec vous.Comment un pays pauvre très endetté et de surcroit en crise sociale peut-il se permettre de chercher 25 milliards de francs cfa pour confectionner des cartes biométrie.Franchement les ennemis et les causes de notre sous-developpement sont nos dirigeants.
      25 milliards pour des cartes biométrique,pensez vous que c’est cela qui va poussé les gens à s’inscrire ?Vraiment nos politiciens (pouvoir ou opposition) n’ont pas pitié des burkinabés qui croupissent dans la misère.
      Pauvre afrique et très pauvre burkina,oui chaque peuple mérite son dirigeant et les burkinabés méritent ce qui leur arrivent.

  • Le 7 décembre 2011 à 07:57 En réponse à : Elections couplées de 2012 : Evitons de tromper le peuple !

    Un Samo qui réfléchit bien et juste.

    Mon cher frère, ton analyse est pertinente. Mais tu vois, le problème est que le Mossi (suis Mossi moi-même) n’aime pas les choses simples. Il aime quand c’est chaud, et puis il dit que ça va.
    Que Dieu nous aide

    Amadou OUEDRAOGO

  • Le 8 décembre 2011 à 08:33 En réponse à : Elections couplées de 2012 : Evitons de tromper le peuple !

    25 milliards c’est exorbitant.certes la biometrie a son avantage mais c’est pas le moment pour le burkina.avec ou sans biometrie le resultat serait pareil.de grace utilisont cette argent à d’autres fins.santé des popultions par exemple !!!!!!!!!merci

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?