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Augmentations des salaires de 5% : Ça vaut mieux que rien

Publié le mardi 6 décembre 2011 à 00h55min

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Cette année, le Père Noël doit avoir commencé sa tournée des chaumières par le Burkina. Avec dans sa hotte, une batterie de mesures pour, selon la formule syndicale consacrée, « améliorer les conditions de vie et de travail des salariés ».

La rencontre annuelle gouvernement/syndicats a en effet débouché, le mardi 29 novembre 2011, sur la prise d’un certains nombre d’engagements, certains immédiats et concrets, d’autres à court ou moyen terme et proprement théoriques quelquefois, des résolutions de pure forme, mais tendant tous à soulager les travailleurs (voir détails pages 6 et 7) particulièrement éprouvés par le coût sans cesse croissant de la vie. Ainsi de :

- l’extension des indemnités de logement et de sujétion à tous les fonctionnaires et la relecture de la grille indemnitaire après que le fichier de la solde sera assaini ;
- l’augmentation de 5% des salaires desdits foncos pour compter du 1er janvier 2012 ;
- la hausse au même taux et à la même échéance des pensions des retraités de la CNSS et de la CARFO ;
- l’apurement des avancements de 2010 et de 2011 respectivement au premier et au second semestre de l’année à venir ;
- l’extension du taux d’annuité à 2% pour tous les retraités de la CNSS à partir du 1er janvier 2011, etc.

Il faut dire que Papa Noël avait de bonnes raisons de mettre le « Pays des hommes intègres » au rang de ses priorités, tant l’année qui s’achève aura été particulièrement éprouvante : grèves et manifestations de rue souvent violentes au son de la musique des kalachnikovs quand la soldatesque est entrée dans la danse avec ses mutineries à répétition auront en effet été notre lot quotidien au cours du premier semestre, mettant à rude épreuve la cohésion sociale et faisant vaciller le régime avant qu’il ne reprenne la main de façon sanglante à Bobo. Et comme si cela ne suffisait pas, il fallait en plus que la pluie fasse des caprices, rendant la campagne agricole désastreuse et faisant planer sur le Burkina le spectre de la famine (à moins qu’elle ne soit déjà là), quand bien même nos autorités se refusent toujours à la sinistrose.

Mais un grand bien pouvant naître d’un grand mal comme nous l’avons souvent rappeler, les éruptions sociales civilo-militaires de ces derniers mois auront eu pour conséquence de tirer nos dirigeants, qui avaient perdu le sens des réalités, de leur douce indolence et insouciance et de leur faire prêter une oreille autrement plus attentive (quitte à faire preuve de lâcheté en acceptant tout et n’importe quoi juste pour avoir la paix) aux murmures de désapprobation voire de rejet qui montent depuis un bout de temps du tréfonds du peuple.

Ces étrennes de fin d’année sont peut-être le fruit de ce nouvel état d’esprit-là, puisque, en temps de paix, les revendications des travailleurs ne rencontraient que mépris ou négociations de façade ; ceux qui ne se privent de rien, et surtout pas du superflu, s’abritant systématiquement derrière l’indigence des finances publiques pour refuser le minimum à ceux qui ont juste besoin de quoi survivre

Ceux qui voient des complots partout pourraient suspecter sérieusement dans ces « largesses » gouvernementales un cadeau empoisonné alors que des élections se profilent à l’horizon 2012, à moins que ce ne soit pour faire mieux avaler la couleuvre de l’article 37 que certains n’ont pas encore renoncé à tripatouiller. Les esprits chagrins pourraient aussi railler la modicité des “gratifications”, voire leur côté symbolique pour ne pas dire anecdotique (« 5% sur un salaire de cent mille, ce n’est que 5000 FCFA en plus », entend-on).

Pour autant, il faut se garder de cracher dans la soupe, même fade, car c’est toujours mieux que rien ; et, au contraire, apprécier à leur juste valeur les efforts des gouvernants, qui peuvent toujours, il est vrai, faire mieux (cela d’autant plus qu’ils ne donnent pas l’impression de vivre, eux, dans un pays pauvre très endetté). Mais il est des fois où, toute mauvaise foi mise à part, on se dit qu’ils doivent souvent faire des miracles pour faire tourner une machine poussive comme ce fichu pays.

Autant donc se contenter, de temps à autre, de ces « merdiems » en attendant la prochaine rallonge, plutôt que de tuer la poule aux œufs d’or parce qu’on aura été trop gourmands, vu que l’incidence financière d’une augmentation, fût-elle de 5%, ce n’est pas sur un seul exercice budgétaire mais pour l’éternité.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 6 décembre 2011 à 06:35, par Alkabore En réponse à : Augmentations des salaires de 5% : Ça vaut mieux que rien

    Bonjour,
    A quoi sert une augmentation de salaire si l’augmentation sauvage des prix par nos commerçants véreux n’est pas maîtrisée. Les loyers, les produits alimentaires de base vont connaitre une hausse de prix dépassant très loin la maigreur que le gouvernement a offerte aux travailleurs. Et dire que ceux-la ne représentent peut-être que le tiers de la population burkinabè. C’est dire encore bonjour la paupérisation croissante de la majorité paysanne du pays.
    Réfléchissez-y chers dirigeants !

    • Le 13 décembre 2011 à 11:52, par BAZ En réponse à : Augmentations des salaires de 5% : Ça vaut mieux que rien

      Bonjour, les montants annoncés sont insignifiants en considérant la vie excessivement chère dans laquelle nous sommes. On aurait pu comprendre une augmentation d’au moins 20% pour faire face à toutes ces difficultés : prix du riz, sucre, lait, maïs... On se demande si à la longue nous pourrons manger notre tô quotidien avec notre zemzindo.

  • Le 6 décembre 2011 à 08:44 En réponse à : Augmentations des salaires de 5% : Ça vaut mieux que rien

    cher journaliste s’il vous plait, quelques agents de la fonction publique ont le plaisir de vous demander si possible d’avoir le souci de préciser les différents montants sur les différentes indemnités à travers vos prochains écrits.Sinon, ces derniers peinent à faire le calcul de leur rappel à la fin du mois de décembre 2011.

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