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« Restaurants par terre » devant les écoles : Une bouffée de… poussière pour les élèves

Publié le vendredi 2 décembre 2011 à 01h05min

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Ils sont nombreux les élèves qui ne peuvent plus rentrer chez eux pour le repas de midi. La faute aux longues distances et embouteillages à n’en pas finir. La plupart se contentent des restaurants de fortune au devant des écoles. Pourvu qu’on puisse manger à moindre coût… Avec tous les risques que cela comporte.

Le lycée Philippe Zinda Kaboré, Nelson Mandela, Municipal, Professionnel régional du centre, Bangr-Nooma, Marien N’Gouabi, bref, nombre d’écoles secondaires sont situées au centre-ville de Ouagadougou. En tout cas les plus grands et les plus anciens établissements de la capitale. Et la ville s’agrandit à un rythme accéléré. La population de la capitale burkinabè est passée d’un effectif de 60 000 habitants en 1960 à environ 2 000 000 d’âmes aujourd’hui. Donc les distances pour rejoindre le centre sont devenues très longues et les embouteillages récurrents.

Les élèves sont obligés de parcourir souvent plus de dix kilomètres à vélo, à bus ou à mobylettes pour les plus nantis pour se rendre à l’école. Nombre d’entre eux ne peuvent plus rentrer à la maison à midi pour le déjeuner. Il faut s’adapter aux nouvelles donnes. Manger sur place se présente alors comme l’alternative. Ce qui n’est pas mauvais en soi. Le problème, c’est comment trouver un restaurant salubre à moindre frais. Voilà toute la question.

La quasi-totalité de ces élèves condamnés à rester à l’école toute la journée sont obligés de jeter leur dévolu sur les « restaurants par terre », comme on les appelle. Ces restaurants prolifèrent devant les établissements secondaires de la place. Déjà, dès la pause (recréation) de 10h, ces restauratrices (puisque la plupart sont des femmes) proposent aux élèves des brochettes et autres jus de bissap, zoom-koom, toédo, tamarin… A midi, c’est du riz, du haricot (benga), des pois de terre, du couscous et autres repas lourds. Les prix sont généralement à la portée des élèves, entre 75f et 200f le plat. Ils sont donc des centaines d’élèves à « se ruer » sur les vendeuses de riz et de haricot à la porte des établissements secondaires de Ouagadougou dès 12h. Sous des arbres ou à l’air libre sous le soleil, aux abords de la voie publique, à la merci de la poussière et des mouches, souvent devant des tas d’immondices d’ordures.

On est donc en droit de se poser des questions sur la qualité des repas servis à ces enfants. La plupart des prestataires se lancent dans cette activité sans aucune formation en hygiène et restauration. Objectif : se faire de l’argent. De toute façon, les élèves n’ont pas vraiment. Chacun choisit son restaurant, selon des critères de proximité ou de coût. « J’habite très loin. C’est impossible d’aller à la maison à midi à vélo et pouvoir revenir le soir avant 15h. Si je descends à midi, je n’ai nulle part où aller », confie Issouf Maïga, élève au lycée professionnel régional du centre qui habite le quartier Kilwin (plus de 10km). « Le repas est bon et moins cher », estime-t-il. Ce qui est loin d’être l’avis de M Derra, élève en classe de 1ère D au lycée Philippe Zinda Kaboré.

Il demande aux services d’hygiène notamment le laboratoire national de santé publique d’effectuer souvent des contrôles afin d’aider à améliorer un temps soit peu l’hygiène des repas qui leur sont servis. En attendant, « avec la cherté de la vie, avec notre situation qui n’est pas stable, on va manger là où ce n’est pas stable », se résigne-t-il. Les restauratrices, quant à elles, se défendent sur la qualité et l’hygiène de leurs repas. « On met dans des sachets, c’est bien couvert, très propre, vous voyez non ? », soutient Oumou Ouédraogo.

« C’est nos enfants, on ne peut pas leur vendre cher. Le riz est à 75f à l’école ici, le haricot aussi fait 75f/le plat, pourtant un peu partout c’est 100f ou plus. Il y a même des élèves qui s’abonnent avec nous », ajoute-t-il. Néanmoins, l’activité est rentable, il y a rarement d’invendus, reconnaissent les vendeuses. Mme Ouédraogo, comme la plupart des détentrices de « resto par terre », dit vendre entre 5 et 10 kg de riz ou de « benga » par jour lorsque les élèves ont cours dans l’après-midi (lundi, mercredi et vendredi). « Je gagne entre 4000 et 5000f/jour », confie-t-elle.

Mais, au fil des années, les établissements secondaires privés prolifèrent dans les quartiers périphériques de Ouagadougou. Peut-être une solution aux longues distances pour les élèves, mais aussi pour leurs parents. Là aussi, le coût des frais de scolarité est une autre affaire.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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