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Il faut le dire : Pour remplir nos greniers, comptons d’abord sur nous-mêmes !

Publié le jeudi 1er décembre 2011 à 02h08min

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Le ciel n’a pas été généreux cette année. Il est tombé moins d’eau pendant cette saison agricole 2010-2011, ce qui a eu comme conséquence une baisse de la production céréalière. Autrement dit, les récoltes ne sont pas suffisantes pour nourrir correctement l’ensemble de la population burkinabé, dont le besoin en céréales est estimé à 3 415 212 tonnes. Au total, 3 383 563 tonnes sont disponibles. Le manque à gagner s’élève alors à 31 649 tonnes. Pour faire face à ce déficit céréalier, l’Etat burkinabé a pris plusieurs mesures.

L’une d’entre elles concerne le lancement d’une campagne de production du maïs hybride appelé « Bondofa », sur environ 9 000 hectares de terres irrigables à travers le pays. Cette campagne dite « Opération Bondofa » consiste à produire environ 50 000 tonnes de céréales supplémentaires. Elles seront achetées à prix sociaux pour être acheminées dans les régions déficitaires. L’Etat burkinabé se fait fort d’accompagner la campagne sèche avec des mesures comme la mise à la disposition des producteurs retenus, de semences, de l’engrais, de pesticides et d’une subvention de 75 000 F CFA pour le labour ou le carburant pour les motopompes.

Il faut saluer à sa juste valeur cette opération, en ce sens qu’elle procède du « savoir compter sur soi-même », et que par une telle démarche, les Burkinabè tentent eux-mêmes de résoudre leur problème céréalier. Une telle initiative est à encourager, plutôt que de se lamenter ou de lancer des appels à l’aide internationale. La culture de contre-saison est d’autant plus salutaire qu’en plus de combler le déficit céréalier, elle offre d’autres avantages. En effet, elle permet d’occuper sur place les plus jeunes très enclins à l’exode rural pendant la saison sèche. Par ailleurs, l’« Opération Bondofa » permet d’équiper les producteurs grâce aux subventions que leur accorde l’Etat. C’est aussi une aubaine pour les régions déficitaires qui se lanceront dans cette opération, pour résoudre leur déficit céréalier.

Les populations rurales, paradoxalement, souffrent le plus de la famine et les aides souvent récoltées en leur nom ne leur parviennent que quelquefois. Il faut maintenant sensibiliser les producteurs à respecter les consignes techniques pour réussir cette campagne. Il faut aussi les sensibiliser pour qu’ils évitent de vendre les céréales produites aux commerçants qui, sûrement, proposeront des prix plus alléchants que celui fixé par l’Etat. Le gouvernement compte acheter le sac à 15 000 F CFA alors que déjà, les sacs de maïs de 100 kg coûtent plus de 15 000 F CFA sur le marché. La culture de contre-saison ne pouvant se faire sans eau, l’Etat doit multiplier la construction de barrages afin de doter au moins chaque village du Burkina d’une retenue d’eau.

Ces barrages seront utilisés non seulement en saison sèche, mais aussi en saison humide. Il ne faut plus compter exclusivement sur les eaux de pluie dans ce nouveau contexte de changement climatique. De plus en plus, les nouvelles variétés de semences telles « Bondofa » que nous donne la recherche, s’adaptent mieux à ce contexte. C’est le fruit du travail de nos chercheurs, attestant ainsi que nous pouvons bien compter sur nous-mêmes. Du reste, c’est à ce prix que le Burkina Faso pourra atteindre l’autosuffisance alimentaire et ce, de façon durable.

Adaman DRABO

Sidwaya

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