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Indice sécuritaire au Sahel : La note du Mali encore dégradée

Publié le lundi 28 novembre 2011 à 01h58min

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Combien de temps faudra t-il maintenant au Mali d’Amadou Toumani Touré pour rassurer sur la sécurité de son territoire ? Alors que l’on s’inquiétait déjà pour l’image du pays avec l’annonce jeudi dernier de deux Français à Hombori, le lendemain vendredi, ce sont trois touristes qui se faisaient enlever à Tombouctou. Pire, un quatrième touriste, de nationalité allemande, a été purement et simplement liquidé ce jour dans la cité historique et touristique. Visiblement, c’est à ne plus rien comprendre dans le dispositif sécuritaire de Bamako, par ailleurs membre du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), mis en place avec trois autres Etats de la région, à savoir le Niger, la Mauritanie et l’Algérie, pour faire face aux incursions des membres d’Al-Qaeda au Maghreb Islamique.

Conséquence de ces récents développements de la situation : la note du pays (pour rester dans l’air du temps) a été dégradée. Bien sûr, ce n’est pas Standard & Poor’s qui dégrade parce qu’il ne s’agit pas ici d’économie, mais plutôt de sécurité. Ainsi, le Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères de la France) vient d’étendre considérablement sa zone rouge au Mali, où les déplacements des ressortissants de l’Hexagone sont formellement interdits, « sauf pour raison impérative ». La totalité du nord-est du pays se retrouve maintenant dans ladite zone, alors que jusqu’à samedi 26 Novembre matin cette « zone rouge » se limitait au sud de Gao et de Tombouctou.
Face à la situation, le président malien, Amadou Toumani Touré, a tenté de donner de la voix, condamnant et qualifiant ces actes de « terroristes ».

Reste maintenant à savoir si cela suffira à Bamako, considéré à tort ou à raison comme le maillon faible du CEMOC, pour s’en sortir. Actuellement, ce n’est pas trop fort d’avancer que le Mali est à la croisée des chemins. Certes, les autorités n’ont pas croisé les bras devant l’enchaînement des rapts. Des évacuations de touristes du nord ont été menées afin de sauver ce qui peut encore l’être. Mais, la situation est si compliquée que pareilles opérations de sauvetage ne sauraient faire changer grand-chose de l’idée que les uns et les autres se font désormais du pays. Pire, même avec l’appui militaire de Paris, les résultats tardaient à suivre sur le terrain.

Autant dire que si ATT ne prend véritablement pas le taureau par les cornes, bientôt c’est un pays à haut risque sécuritaire qu’il va léguer à ses successeurs, le scrutin présidentiel étant prévu pour 2012. Il est vrai, à sa décharge, l’on peut évoquer le manque de moyens et la situation post- conflit en Libye avec tous ces soldats de Kadhafi qui se sont repliés dans le sahel malien, mais gouverner c’est aussi savoir faire face aux imprévus. Le temps est peut-être venu pour le locataire du palais de Koulouba de changer sa vision de la lutte contre le terrorisme, lui qui a pendant longtemps cru que le développement partagé pouvait être un rempart efficace contre ce fléau ; malheureusement les auteurs des otages ont démontré à maintes reprises qu’ils ne sont pas des enfants de chœur. A ATT de retenir la leçon car, comme dit Alpha Blondy, « Seuls les imbéciles ne changent pas ». En cela l’on peut voir, dans le ton utilisé par le numéro un malien pour qualifier les récents enlèvements de touristes, un signal de changement de cap.

En tout état de cause, les nombreux prétendants au fauteuil présidentiel ont de quoi alimenter leurs programmes de société dans la perspective justement de la présidentielle malienne de 2012. Et d’ici là, ATT va certainement faire ce qu’il pourra et ce sera le tour du plus heureux d’entre eux que reviendra la lourde responsabilité de travailler à moyen et long terme à redorer l’image du Mali, aujourd’hui, gravement écornée par ces otages à n’en pas finir.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 28 novembre 2011 à 11:07, par André En réponse à : Indice sécuritaire au Sahel : La note du Mali encore dégradée

    Bonjour ,
    Ce Monsieur Bazié n’a rien compris de la problématique de l’insécurité dans le Sahel. Avez-vous une idée des distances ds le grand nord du Mali ? 8000 kms de frontière avec ses voisins. Croyez-vous que la première puissance du monde pourrait sécuriser de telles frontières ?
    Quand des milliers d’hommes en armes quittent la Libye pour arriver jusqu’au Mali en traversant plusieurs pays sans être inquiétés, pensez-vous que c’est une partie de plaisir ?
    Sans compter les jeux d’influence géostratégique entre la France et l’Algérie qui nous pourrissent la vie.
    Même les français reconnaissent que les deux enlevés à Hombori sont des affreux du réseau Bob Dénard.
    Historiquement, vous savez que le terrorisme est né en Algérie et que les chefs d’Al Qaida sont des hommes de main des généraux algériens.. qui les utilisent selon leurs intérêts.
    Cher ami, ne tombez pas dans le panneau de l’analyse facile. Il y a six ans déjà que le Mali a senti venir la menace et a demandé à ses voisins la mutualisation des efforts. Savez-vous pourquoi il n’a pas été entendu ?
    Et pourquoi c’est maintenant seulement qu’il y a un état-major conjoint ?
    Je vous prie d’aller à l’essence du problème et de ne pas vous attarder sur l’écume qui est trompeuse.
    Amitiés confraternelles ?
    Un confrère de Bamako

    • Le 29 novembre 2011 à 22:54 En réponse à : Indice sécuritaire au Sahel : La note du Mali encore dégradée

      Moi j’en veux personnellement aux forces francaises qui se pavanent dans Sevaré au lieu d’aller combattre efficacement Al Quaida au Nord du Pays ; le Mali, le Nord Burkina et le Niger sont de vastes etendues incontrolables par les faibles moyens de nos armées nationales.Les americains et les francais finiront par recolter ce qu’ils ont semé au Nord de l’Afrique(Lybie, Tunisie, Egypte). Qui vivra verra !!!
      Un africaniste

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