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Boubacar Diallo, Ancien ministre de l’Information : « La presse a été libre et le reste encore en Guinée »

Publié le samedi 26 novembre 2011 à 20h26min

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Dans le paysage médiatique guinéen, sa silhouette ne passe pas inaperçue. Ancien ministre de l’information, ancien président du conseil national de la communication, Boubacar Diallo est aujourd’hui le président de de l’Union des radios et télévisions libres de Guinée (Urtelgui). Son organisation a joué un rôle important dans l’élection présidentielle guinéenne de 2010. Il nous parle de cette expérience inédite et de la liberté de la presse dans son pays.

Quel a été l’apport de l’Urtelgui dans le processus électoral de 2010 ?

L’Urtelgui a décidé d’organiser une synergie. Cela consistait à mettre ensemble les moyens humains et matériels de l’ensemble des radios libres de Guinée et le plus important était aussi de dresser une antenne. Cette antenne a fonctionné de 7 h du matin à minuit. Nous avons pu déployer à Conakry et à l’intérieur du pays, plus d’une centaine de journalistes et d’envoyés spéciaux. Ceci nous a permis de couvrir le scrutin de l’ouverture des bureaux jusqu’à leur fermeture et de continuer le débat, jusqu’à minuit.

Malheureusement, au premier tour, nous avons dû interrompre la diffusion des résultats parce qu’il n’y a pas d’électricité à l’intérieur du pays. Nous avions peur que les résultats qui nous parvenaient soient tronqués ou mal lus. Pour le deuxième tour qui avait été précédé par des incidents à caractère communautaire, le jour du scrutin, nous nous sommes bien gardés de diffuser les résultats pour ne pas que notre union et les radios libres soient accusés d’avoir incité à la violence. Les autorités nous avaient d’ailleurs prévenus que nous serions tenus pour responsables en cas de dérapages.

Avec le recul, quelle appréciation faites-vous de cette initiative. Pensez-vous que cela a contribué a limité ou à barrer la route à la fraude ?

Les membres de la commission électorale nous ont rapporté que nos envoyés spéciaux ont permis à la CENI de noter les endroits où il y avait des insuffisances et celles-ci ont été vite corrigées. Deuxièmement, comme nos envoyés spéciaux étaient en direct sur l’ensemble du réseau, la plupart des présidents de bureaux de vote ont pensé que dans chaque bureau de vote, il y avait un journaliste. Ce qui n’était pas le cas mais c’était dissuasif pour ceux qui voulaient frauder.

Très bientôt, nous organiserons des élections législatives. Cette fois-ci, nous avons décidé de publier les résultats quel que soit l’issue du scrutin et les conséquences, sauf s’il y avait des incidents à caractère communautaire. Nous pourrions alors dresser l’antenne toute la journée mais également diffuser les résultats que nos envoyés spéciaux pourront collecter.

La Guinée connait un renouveau démocratique après plusieurs années d’Etat d’exception, quel est aujourd’hui l’état de la liberté d’expression dans votre pays ?

La presse a été libre pendant les périodes d’exception. Elle reste libre aujourd’hui encore. Il est vrai que les entreprises de presse ont des moyens limités. Est-ce une entrave à la liberté d’expression ? La deuxième chose, pour les radios, ce sont les redevances qu’elles payent à l’Etat. Ces redevances sont insupportables. Pour une radio commerciale, la redevance annuelle est de 25 millions francs guinéen (Ndlr : environ 1.625.000 FCFA), pour une radio communautaire, 20 millions de Francs Guinéen (Ndlr : environ 1.300.000 FCFA). Cela est très excessif par rapport à nos recettes et à nos charges. C’est un pays qui n’a pas d’électricité et les radios fonctionnent avec des groupes électrogènes. Cela est très coûteux et si le gouvernement n’intervient pas beaucoup vont arrêter de fonctionner et ce sera malheureux pour la liberté de la presse et la libéralisation des ondes dans notre pays. Notre Union a entrepris des négociations avec l’Etat pour les réduire. Nous sommes des entreprises de presse et nous ne devons pas nous soustraire à nos devoirs fiscaux mais encore faut-il que nous soyons capables de les honorer. Certains pensent que c’est une forme de censure. Je n’y crois pas et j’espère que le gouvernement donnera une suite à notre requête.

Tiga Cheick Sawadogo(Stagiaire)
Lefaso.net

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