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COORDINATION DES ELEVES ET ETUDIANTS BURKINABE : Une peinture noire du système éducatif burkinabè

Publié le jeudi 24 novembre 2011 à 01h08min

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La coordination des élèves et étudiants burkinabè, dans cette déclaration de rentrée, dépeint une situation très sombre du système éducatif burkinabè.
En ce début d’année scolaire et universitaire 2011-2012, la Coordination des élèves et étudiants burkinabè (CEEB) tient à souhaiter une bonne rentrée à tous les élèves et étudiants burkinabè. Elle adresse ses vives félicitations aux élèves et étudiants qui ont passé leurs examens et évaluations de l’année 2010-2011 avec succès. A ceux qui, pour une raison ou une autre, doivent reprendre leurs classes, elle leur prodigue ses encouragements. Quant aux étudiants des universités publiques dont la préoccupation actuelle consiste à boucler l’année 2010¬-2011, elle leur souhaite beaucoup de courage.

Camarades étudiantes et étudiants, Camarades élèves,

L’application aveugle des Programmes d’ajustement structurel (PAS) doublement rebaptisés Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) puis Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) dans le secteur de l’éducation par le pouvoir de la IVe République, a entraîné sa privatisation à outrance. Au secondaire, pendant que la demande éducative est de plus en plus forte, l’Etat ne construit pratiquement plus d’établissement. Selon la Direction des études et de la planification du ministère des Enseignements secondaire et supérieur (MESS), en 2000, la ville de Ouagadougou comptait déjà 71 établissements privés d’enseignement secondaire contre 22 seulement pour le public.

Dans ces mêmes établissements publics vieillissants de Ouagadougou et du reste du territoire national, les effectifs atteignent parfois 150 élèves par classe avec des tables-bancs usés, des plafonds pourris, des murs fissurés par endroits où aucune réfection sérieuse n’est envisagée, mettant ainsi les élèves et leurs enseignants dans une insécurité permanente. Dans certaines localités, cette année, en l’occurrence au Centre-Est, le Directeur régional du MESS, a, par une note, interdit le recrutement parallèle d’élèves dans les établissements publics en classes de 6e et de 2de à cause du nombre élevé d’élèves admis à l’entrée en 6e et à l’entrée en 2de. Du coup, les parents qui ploient déjà sous le coup de la vie chère, sont convoyés vers les établissements privés dont les responsables sont de vrais prédateurs avec des frais d’inscription exorbitants.

En même temps, les établissements secondaires publics fonctionnent comme de véritables entreprises pourvoyeuses de fonds au MESS où une partie des frais de scolarité des élèves y est versée. Pendant ce temps, les conditions de vie et d’études des élèves sont exécrables : plus d’internat, plus de bourses, pas de cantines, pas de transport en commun pour élèves, pas de construction de nouveaux établissements secondaires, etc.

"Au supérieur, la situation n’est pas reluisante"

Au supérieur, la situation est loin d’être reluisante. En effet, les universités sont confrontées à d’énormes difficultés dues à l’incurie, à l’incapacité et au manque de volonté des autorités politiques. Des universités sont créées sans au préalable prévoir ni infrastructure, ni système social prenant en compte les éventuels problèmes des étudiants. Conséquences, les anciennes comme les nouvelles universités vivent les mêmes difficultés à savoir : manque d’infrastructures adéquates, manque d’enseignants en qualité et en nombre, manque de laboratoires équipés, une sécurité sociale très insuffisante (Ouaga, Bobo, Koudougou) ou quasi inexistante (Fada, Ouahigouya), un manque d’espace de liberté, etc.

Pire, l’application du système Licence-Master-Doctorat (LMD) dans nos universités sans aucune mesure d’accompagnement rend la situation chaotique. Tout cela, couronné par le dilatoire et la répression comme réponses aux préoccupations des élèves et étudiants, traduit sans doute le désengagement de l’Etat du secteur de l’éducation combien nécessaire pour le développement d’un pays. Cette attitude de l’Etat burkinabè confirme la mise en pratique sans état d’âme des injonctions des institutions de Bretton Woods. En effet, dans le cadre du PAS, la Banque mondiale estime que l’enseignement supérieur pour les pays pauvres comme le Burkina Faso est un luxe et qu’il faut faire prendre en charge une plus grande partie des coûts réels des services offerts par les bénéficiaires. Ainsi, ils ont donc fait le choix de liquider les universités publiques ou tout au moins de confiner la jeunesse avide d’apprendre dans des écoles et instituts de façade.

Camarades étudiantes et étudiants, Camarades élèves,

Face à cette situation, la jeunesse scolaire et estudiantine dont la solidarité est légendaire, s’organise et se bat pour l’amélioration de ses conditions de vie et d’études et pour plus d’espace de liberté d’expression et d’organisation. Le jugement partiel des tueries au Centre-Ouest en août dernier (affaire Justin Zongo) suite à la grande mobilisation des élèves et étudiants burkinabè sur toute l’étendue du territoire national et à l’extérieur du pays à travers les sections de l’UGEB, est la preuve que la solidarité entre élèves et étudiants est nécessaire pour plus d’efficacité dans nos actions pour l’amélioration de nos conditions de vie et d’étude. C’est pourquoi la CEEB :
- tout en saluant les élèves et les étudiants pour les actions victorieuses déjà menées, les appelle à s’organiser et à renforcer la CEEB pour les luttes futures ;
- exige que les autorités se penchent sérieusement sur les préoccupations des élèves et des étudiants.

Pour une formation de qualité, en avant !

Pour de meilleures conditions de vie et d’études, en avant !

Pain et liberté pour le peuple !

Ouagadougou, le 12 novembre 2011

Le Bureau exécutif national

Le Pays

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