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AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

Publié le mardi 22 novembre 2011 à 00h49min

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Le 21 novembre 2010, Blaise Compaoré était réélu président du Faso avec plus de 80% des suffrages exprimés. Il avait alors déclaré aux Burkinabè que le Burkina Faso sera un pays émergent. Un an après, on ne peut pas dire qu’on a vu les étincelles de démarrage de la fusée Emergence. Sauf peut-être le bruit et les éclairs de ces roquettes et balles sifflantes de militaires mutins et ces cailloux vrombissants de scolaires et citoyens en rogne, qui ont sinistrement éclairé le ciel burkinabè. Retard donc à l’allumage et on pourra classer 2011 comme l’année des échauffements et de la mise en jambes, d’autant plus que le principal moteur de l’émergence, la Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable (SCADD), ne sera mis en œuvre qu’en 2012.

Peut-être qu’après cette année perdue, 2012 va marquer le véritable top de départ. Mais il faut reconnaître tout de même que le Burkina a trébuché, renversant le canari de son développement. Mais avant de repartir à la rivière avec un autre canari, mieux vaut chercher et trouver le caillou qui nous a fait trébucher. D’abord, qu’est-ce qu’un pays émergent ? Si l’on s’en tient à ces contrées qu’on dit sortant comme des sous-marins de l’océan de la pauvreté, ce sont des pays où certains progrès ont été réalisés dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et de l’Etat de droit.

Au Burkina, on aurait dû asseoir ces préalables, consolider ces fondations, avant de chercher à construire quelque chose de solide. Il faudrait qu’on se dise qu’il nous reste pas mal de choses à faire avant que la carte du Burkina ne pointe son nez dans la catégorie des pays « sous-développés » qui s’en sortent. Parce qu’au Burkina, le pays réel ne bouge guère, pendant que les mots font de prodigieux bonds en avant. De pays pauvre, on est vite passé à pays sous-développé avant de grimper allègrement sur la branche de pays en développement, puis de pays émergent. Pendant que cette course lexicale se mène avec sérieux, nous occupons d’année en année les dernières places des classements mondiaux et africains en termes de bien-être humain et matériel.

La situation n’est guère reluisante : 80% des paysans ahanent toujours dans les champs sur leurs traditionnelles et séculaires dabas ; quelques industries ont du mal à tenir le choc de la mondialisation ; les jeunes qui travaillent sont une goutte d’eau par rapport à ceux qui n’ont que les "grins" de thé comme job. Bref, les chantiers sont nombreux malgré quelques avancées notables. Aucun peuple ne refuse de se développer et les Burkinabè ont bien envie de vivre dans un pays émergent, et même dans un pays développé, car qui veut le moins, préfère surtout le plus. Mais il faut leur donner de quoi croire à cette ambition. Pour commencer, qu’ils n’aient plus l’impression que certains dirigeants ne sont là que pour les spolier, à la manière du berger qui ne conduit son troupeau au bon pâturage que pour brouter lui-même.

Cette conviction est tellement ancrée que même quand on veut bien faire, on ne vous croit pas. Le processus des réformes politiques en est l’exemple le plus patent : le principe est bon et même excellent, mais on a vite craint qu’il y ait entourloupe. Commençons donc par asseoir et consolider les fondamentaux. Si l’édifice de l’émergence veut se construire sur du sable, il s’écroulera. Mais sur un roc fait de l’alliage démocratie-justice-libertés-confiance, même les plus sceptiques contribueront à faire du Burkina Faso, non plus un pays émergent, mais un pays émergé.

Sidzabda

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 novembre 2011 à 09:38 En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Qu’est-ce qu’un pays emergent ? très bonne question mais reponse vague ! Il y a des critères objectifs, des indicateurs pertinents qui caractérisent un pays émergent !!!
    On ne décrète pas l’émergence d’un pays !!!!

    LKC

  • Le 22 novembre 2011 à 09:44, par Ya maam la woto En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Blaise a atteint ses limites. Il réédite ce qu’il na pas réussi car en tant qu’un être humain il a des limites. Les solutions de Blaises sont d’une autre époque. Il faut passer le témoin à des gens plus modernes, plus jeunes et ayant une maitrise des défis nouveaux. Blaise et son équipe sont dépassés. Il suffit de les écouter. les défis nouveaux leur sont insaisissable !! Les mêmes ministres avec les vieilles théories appliquées à des problématiques nouvelles. L’émergence n’est pas garantie avec ces gens.

  • Le 22 novembre 2011 à 09:55, par lekoudougoulais En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Très bon article !
    Aussi, j’aimerais ajouter que le Burkina Faso ne se limite pas seulement à Ouagadougou et de surcroît Ouaga 2000. Allons partout pour poser les bases solides d’un pays en voie de développement (comme certains pays voisins) avant de parler de l’émergence comme l’Inde, l’Afrique du sud etc...

  • Le 22 novembre 2011 à 10:07, par pawel En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Rien d’étonnant si après plus de 2O ans de pouvoir on est en train de vouloir envisager d’émerger. Ce qui m’inquiète c’est ce que chacun de nous a fait au Bon Dieu pour mériter de tels dirigeants deux décennies durant, car c’est Dieu qui fait et défait les rois.

    • Le 22 novembre 2011 à 21:15, par Balseman En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

      Je ne pense pas que ces dirigeants ont comprit que c’est blaise que nous ne voulons plus, ce monsieur a fait ses preuve et il est dépassé il faut arrêter maintenant.
      J’ai peur ; car 2012 ne presage rien de bon pour nous (le burkina), avec la famine qui est entraint de ce pointer à l’horizon, le peuple va se révolter grave.
      Avez-vous remarqué à la TABASKY les gens n’ont pas fêté conjoncture oblige et cela devait faire reflechir nos gouvernants.

  • Le 22 novembre 2011 à 10:25, par Snake En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    No comment ! Un tableau qui résume un peu la mascarade démocratique au Burkina, où chaque politicien se sent obligé d’utilisé des mots en vogue qu’il ne comprend souvent pas et certainement dictés par l’occident...Tenez, le mot en vogue actuellement est "emploi" et "jeunes".Les récents troubles chez les scolaires et jeunes y sont à coup sur pour quelque chose.Mais à y bien réfléchir et ce depuis les tentatives de résolutions de la crise : Le pouvoir a t-il vraiment compris ?C’est tout simplement triste de penser que nos 1ers responsables (puisque surement pour eux NOUS gouvernés, sommes irresponsables) puissent raisonner que leurs populations ne savent pas ce qu’elles veulent. Sérieusement !C’est tout simplement triste pour eux ...et pour nous.

  • Le 22 novembre 2011 à 10:55 En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Sidzabda, j’ai adore votre reflexion. Tres interessante. de pareil article devrait etre lu et medite partout au BF
    Merci !

  • Le 22 novembre 2011 à 18:08, par Alexio En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Le manque de vision de nos dirigents-Dommage que la revolution a ete mal comprise.Ce autel de sacrefices allait porter ses fruits aujourdhui.

  • Le 22 novembre 2011 à 20:11 En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Il ne peut y avoir émergence dans ce pays car les fondations n’existent pas. On bâtit sur des sables mouvants. même s’il n’y avait pas eu cette zone de turbulence au printemps,on n’aurait pas avancé d’un iota. Tant que le développement se résume à Ouaga 2000 et quelques échangeurs construits, on sera au même stade. On peut déjà dire haut et fort que fin 2015, on restera au stade de sous développement et même pas un début de semblant d’émergence. Pour y arriver, faut-il encore un minimum de volonté politique et être là pour résoudre les problèmes du peuple qui sont les mêmes qu’en 1987, cad il y a 24 ans déjà lorsque Blaise prenait le pouvoir un certain 15 octobre. Il faudra sans doute attendre la génération de nos enfants dans 15 ou 20 ans pour peut être espérer être sur la voie s’ils sont prêts à relever les défis.

  • Le 22 novembre 2011 à 20:35 En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Le problème, c’est que nos dirigeants nous mentent sans arrêt. Ils savent même que nous ne seront émergeants ni en 2020, ni en 2025, encore moins en 2015 ! Rappelez-vous de ce Ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie (je ne parle pas de Salfo) qui à l’Assemblée Nationale a dit qu’une de ses structures peut électrifier 60 localités par an. Une députée a vite fait le calcul et lui a fait savoir que dans 5 ans, tous les départements du Burkina seront donc électrifiés (en mettant de côtés ceux qui sont déjà électrifiés). Tout confus, il se glissa rapidement hors de l’hémicycle. Il nous convoqua alors pour nous menacer. Nous lui avons fait comprendre que nous avons bien écrit 12 localités par an et au bout de 5 ans, nous aurons 60 localités. Visiblement, notre Ministre avait prit un verre de trop (certainement avec une de ses multiples copines)avant d’aller à la rencontre des députés et mal lui en prit. Mais tant pis !

  • Le 22 novembre 2011 à 21:43, par bisongo En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    J’aime votre reflexion, vos arguments etc ! It is really interesting. J’aime surtout la methopore et l’analogy que vous avez utilisé dans votre article. Your point of view is really accurate.
    Thanks

  • Le 23 novembre 2011 à 10:37, par warba En réponse à : AN 1 DE LA REELECTION DE BLAISE COMPAORE : L’émergence se fait attendre

    Vous croyez à cette plaisanterie du BF emergent ?L’emergence ce n’est ni du bavardage et des discours,ni de l’embrouille politicienne mais ce sont des indicateurs qui progressent à grands pas et de manière irreversible concernant la santé,l’éducation,l’économie,l’environnement et la socio/culture qui progressent,des conditions de vie qui s’ameliorent de jour en jour,la democratie et toutes ses valeurs qui s’ancrent,un peuple rassuré pour l’avenir de ses enfants,une sécurité physique et socio économique assurée etc..Ce n’est pas du cinema.Sankara,lui,aurait pu assoir les bases durables d’un pays emergent s’il était resté plus de 10 ans au pouvoir.Ne revons pas car on est à plus de 300m sous la mer,avec un peuple à majorité analphabète,une absence de vision stratégique pour sortir,le chacun pour soi comme mode,une corruption endemique,des gens qui refusent toujour que la terre est ronde et que personne n’est allé sur la lune.Avec tout ça on n’emergera pas comme ça.

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