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« Promesse fatale » : Quand un commandant tire à boulets rouges sur le mariage forcé…

Publié le vendredi 18 novembre 2011 à 01h31min

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« Promesse fatale ». Tel est le titre du roman de Nia Léopold Millogo, commandant du groupement de gendarmerie départementale de Dédougou. C’est un véritable réquisitoire que ce gendarme dresse contre le mariage forcé, une pratique qui, selon l’auteur, est une grave atteinte à l’intégrité et à la dignité de la femme.

Nia Léopold Millogo ne s’embarrasse pas de circonlocutions pour parler de l’objet de son livre. Le mariage forcé perdure en Afrique en général et au Burkina Faso en particulier, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation. A travers son œuvre, le commandant Millogo tire sur la chanterelle afin d’exhorter les différents acteurs engagés dans la lutte contre le fléau à ne pas baisser la garde. L’histoire est construite autour du destin tragique de Safiatou.
Jeune fille brillante à l’école, tous ses enseignants lui prédisent un bel avenir. Mais contre toute attente, son père décide de la donner en mariage à un vieil homme pour honorer une promesse faite sur un fétiche.

La fameuse promesse fatale ! La jeune fille et sa mère sont contre. Le père, Yacouba, n’en a cure. Safiatou doit épouser son vieil ami Karamogo, bien plus âgé que Yacouba, sous peine d’être bannie de la famille. Avec une pointe de sadisme, Yacouba affirme à sa fille qui pleure de toutes ses forces : « Ma fille, sache qu’un homme n’est jamais trop vieux pour une femme. Tes pleurs n’y changeront rien. La tradition doit être scrupuleusement respectée ! ». Que diantre !
De guerre lasse et ayant mis en œuvre moult stratagèmes pour échapper à ce mariage, Safiatou, à son corps défendant, rejoindra finalement la famille du vieux Karamogo, déjà mari de 04 femmes. Comme il fallait s y attendre, elle y vivra l’enfer. Elle finira par rendre l’âme dans l’atrocité. Sa mort sera suivie de celle de son amant Ibrahim. Elle était enceinte de ce dernier quand elle fut donnée en mariage au vieux Karamogo. A la naissance d’Ismaël, l’enfant, le vieux Karamogo et Ibrahim s’en disputaient la paternité. Finalement, Ismaël aussi mourut après sa mère…

Promesse fatale donne froid dans le dos. L’auteur lance un véritable cri du cœur « Il faut arrêter le mariage forcé ». L’ouvrage publié en octobre 2011 par les Editions Découvertes du Burkina est écrit dans un style simple et limpide. C’est un livre à prendre en compte dans les actions de plaidoyer contre le mariage forcé, en direction des pouvoirs publics, des leaders religieux, coutumiers…

Né vers 1957 à Léna au Burkina Faso, le commandant Nia Léopold Millogo est titulaire du diplôme d’officier de gendarmerie de l’école des officiers de gendarmerie nationale de Melun en France. Après avoir été commandant de compagnie, chef de cabinet de l’Etat major de la gendarmerie,… il est présentement commandant du groupement de gendarmerie départementale de Dédougou.

A travers sa plume, c’est un bel honneur que le commandant Nia Léopold Millogo rend à tout un corps en espérant que son acte suscitera une grande émulation.

Arsène Flavien BATIONO ’bationoflavien@yahoo.fr )

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Vos commentaires

  • Le 18 novembre 2011 à 09:02, par somme En réponse à : « Promesse fatale » : Quand un commandant tire à boulets rouges sur le mariage forcé…

    Il faut qu’on évite de diaboliser systématiquement les choses dont on ne comprend pas les fondements et ne présenter que leurs mauvais cotés. Est-ce que nos intellectuels d’aujourd’hui se sont vraiment posé la question de savoir pourquoi nos ancêtres pratiquaient le mariage qualifié de forcé ? J’ai plutot l’impression que les gens suivent un mouvement de mode et renient systématiquement les us et coutumes de nos ancêtres. Or pour être contre ou pour il faut bien comprendre avant tout. Je suis désolé mais tout mariage que vous qualifié de forcé ne se fait pas dans un but lucratif ou pour du matériel.Je sais qu’à l’Ouest du Burkina par exemple j’ai approché des personnes d’un certain age et leur reponse a été que le mariage dit forcé se pratiquait pour aplanir les inégalités sociales en la matière (par exemple pour assurer une certaine dignité à ceux ou celles qui avaient des handicaps physiques ou bien les moins nantis matériellement...) ; cela aussi avait pour but d’assurer la cohésion dans la famille, le village. Je sais qu’aujourd’hui le pays est ouvert, on se marie sans distinction d’ethnie et souvent même de religion donc ce principe de mariage arrangé est difficilement praticable mais ne diabolisons pas la pratique ; elle se faisait dans un contexte précis. Aujourd’hui quand je vais au village je vois des jeunes gens (garçons et filles) trainer ; quand je pose la question aux parents pourquoi ils (elles) ne sont pas mariés(es)ils repondent qu’on leur interdit de faire des mariages arrangés pour eux et eux(les jeunes) n’arrivent pas se choisir des conjoints et finalement tout cela ressemble à un grand bordel.

  • Le 18 novembre 2011 à 13:57, par vuvuzela En réponse à : « Promesse fatale » : Quand un commandant tire à boulets rouges sur le mariage forcé…

    Je n’ai pas encore lu l’ouvrage mais je constate qu’il traite d’un theme d’actualités. Des gendarmes ecricains, on en trouve de plus en plus. Courage et bon vent.

  • Le 18 novembre 2011 à 17:35, par A Sanou En réponse à : « Promesse fatale » : Quand un commandant tire à boulets rouges sur le mariage forcé…

    Je suis trés content de ce gendarme qui lève le lièvre qu’on doit abattre, à savoir le mariage forçé. les temps ont changé,
    les choses aussi doivent l’ètre.donnons nous tous la main pour

    combattre cette pratrique des temps anciens.
    bon courage à mon grand-frère Millogo ,bon vent pour lui.
    acte à encourager.

  • Le 19 novembre 2011 à 12:59 En réponse à : « Promesse fatale » : Quand un commandant tire à boulets rouges sur le mariage forcé…

    Toutes mes admirations mon Commandant,j’ai pas encore lu l’oeuvre mais deja de bonnes impressions ; merci de contribuer à donner à la femme toute sa dignité.

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