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Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

Publié le mardi 15 novembre 2011 à 13h49min

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La théorie du saut technologique est peut-être un bluff pour afro-optimistes. Pourtant, les Burkinabè se mettent au web 2.0.
Février 2011. Les mutins ouagalais inspirent un couvre-feu, pendant que les réseaux sociaux servent de catalyseurs au printemps arabe. Les opposants du régime burkinabè tentent de conjuguer, à leur tour, l’impératif du verbe « dégager ». Pour mobiliser les foules, se crée, sur Facebook, une page « Blaise Compaoré dégage ». Le 30 avril, une manifestation réunira, à Ouagadougou, 34 partis politiques de l’opposition. Elle ne rassemblera que quelques centaines d’opposants. Six mois plus tard, la page Facebook « BCD » ne compte que 29 amis et le dernier « post » date de février…

Le Programme des Nations Unies pour le Développement classe, chaque année, le Burkina Faso parmi les six derniers pays du monde, sur la base de critères de « développement humain ». Les Burkinabè sont-il vraiment concernés par la virtualité de la grande « toile » ? Pas tous.

Le web se popularise

Mais Internet se démocratise peu à peu. Le 20 octobre dernier, des centaines de Ouagalais s’agglutinaient, les yeux écarquillés, autour de Netbooks derniers cris ou de vieux Macintosh dont Steve Jobs ignorait qu’ils avaient survécu à ses campagnes de rééquipement. Qui, dans les zones urbaines burkinabè, n’a pas vu, sur les logiciels de partage de vidéo, les images d’un Mouammar Kadhafi ensanglanté ?

En 2008, déjà, de jeunes Ouagalais avaient constaté la popularité croissante du Net en y visionnant, avec effroi, les vidéos pornographiques qu’ils avaient enregistrées « en toute intimité avec leur téléphone…

C’est en 1993 que le top level domain « .bf » est obtenu par des chercheurs basés à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays. Le 19 mars 1997, l’Office national des Télécommunications met en place un service d’accès à Internet. Le point d’accès initial est de 64 kilobits par seconde. Pas de quoi télécharger les chancellements d’un dictateur déchu.

Dès 2004, six villes secondaires sont desservies par le backbone national. En 2005, le Burkina met en service une fibre optique fonctionnelle sur un millier de kilomètres, reliée, via le Mali, à un câble sénégalais. Les Burkinabè découvrent le haut débit.

Aujourd’hui, le réseau Internet, même s’il ne mobilise guère les militants politiques, est the place to be. Le portail lefaso.net revendique un peu plus de 22000 abonnés à sa newsletter et une moyenne de quelque 40000 visiteurs par jour.

Les sites miroirs des organes de presse sont tellement inondés de contributions que leurs versions « papier » ont ouvert des pages « forum des Internautes » ; les rubriques, semble-t-il, les plus lues. Le serpent se mord avantageusement la queue : le papier verse dans le numérique qui verse dans le papier…

Une lente progression

Bien sûr, l’Afrique perd encore toute course à la statistique. Si trois quarts des Nord-américains utilisent Internet, seuls 10% des Africains sont connectés. Mais le Net investit les milieux décisionnaires, voire décisifs…

Université de Ouagadougou ; Unité de formation et de recherche en Sciences économiques ; Un enseignant se souvient :

« Il y a une dizaine d’années, lorsqu’on venait faire cours à 15 heures, on voyait arriver des zombies qui émergeaient péniblement d’une sieste effectuée à l’autre bout de la ville. Aujourd’hui, on trouve les étudiants dans la salle de classe dès 14 heures ».

Les sandwichs de la cafétéria, le renchérissement du carburant, la brutalité des rayons du soleil et le nouveau système de climatisation y sont pour beaucoup ; mais aussi l’accès à l’électricité et au réseau sans fil. Alors, on surfe en attendant le cours. Pour certains étudiants, le Net devient même un sujet d’étude.

Les ordinateurs sont toujours chers, mais de plus en plus de jeune ouagalais arrivent à s’équiper. Le plus aisé achètera un portable « générique » à 200000 francs cfa (300 euros). D’autres se fourniront en « ordinateurs par terre”, machines d’occasion vendues par des commerçants informels. Les fonctionnaires, eux, profiteront discrètement du parc informatique de leur bureau.

Comme le marché des télécentres, celui des cybercafés a connu ce que le marketing appelle un cycle de vie en feu de paille : succès vertigineux au début des années 2000 puis cruelle concurrence des équipements plus ou moins personnels.

En 1990, le pays comptait 1000 ordinateurs ; 2700 en 1995 ; environ 20000 aujourd’hui (pour une quinzaine de millions d’habitants, il est vrai), selon la Délégation générale à l’informatique. Et les smartphones commencent à accéder à la toile via les trois opérateurs téléphoniques.

L’investissement informatique personnel est lourd, mais finalement source d’économies. En matière de téléphonie justement…

Internet, nouveau lien social

La vieille Pogbi est veuve depuis plus de vingt ans. Elle habite dans un quartier « non-loti » qui n’a pas encore été rejoint par le réseau électrique. Adissa, la benjamine de ses neuf enfants vivants, vient d’accoucher, fin octobre, d’un petit garçon.

Mais Pogbi ne peut pas prendre son huitième petit-fils dans les bras : Adissa vit à New-York depuis trois ans. Qu’à cela ne tienne. Le lendemain de l’accouchement, la grande sœur de la nouvelle maman vient déposer un ordinateur portable sur un tabouret, dans la cuisine en plein air de sa « vieille ».

Grâce à une batterie chargée à ras bord et à une clef qui donne accès au réseau sans fil, elle se connecte à un logiciel de communication. Adissa braque la webcam sur le nouveau-né. Pogbi regarde son petit-fils dormir.

En direct, elle retient son souffle en voyant les petits poumons se soulever délicatement. Avec l’affichage en plein écran, l’image du bébé a pratiquement la taille réelle. Médusée puis comblée par tant de réalisme, Pogbi s’habitue et reprend sa cuisine. Pendant des heures, entre deux coups de pilon, elle jette des coups d’œil tendres au portable. Bébé sursaute ? Mémé trésaille. Bébé se calme ? Mémé se rassure…

Cette anecdote enseigne que l’ère de la technologie rébarbative est révolue. Aujourd’hui, même rare, l’outil informatique se conjugue parfaitement avec le goût africain pour la profusion de relations sociales. L’Internet a humanisé l’ordinateur. Ayant fait « connaissance » avec son nouveau petit-fils, Poko a même considéré qu’elle pouvait organiser, le vendredi 28 octobre, une cérémonie assimilable à un baptême.

Depuis New-York, en pleine nuit, Adissa a vu défiler, dans la matinée ouagalaise, les autorités musulmanes du quartier maternel. Elle a reçu les émouvantes bénédictions qui l’aident à supporter son exil.

Une toile multi-fonctions

Tous les secteurs d’activité s’y mettent. Pour organiser une exposition internationale de dessins de presse à l’Institut français, inutile de réceptionner des œuvres par la poste rapide.Envoyés sur un serveur FTP, les fichiers des cartoons seront imprimés localement.

Peu à peu, les Burkinabè découvrent les prémices du e-banking, même si le e-commerce se heurte encore au manque de cartes bleues. Les hommes politiques, eux, se convainquent progressivement de la vitrine que constitue le Net. Zéphirin Diabré, opposant issu du pouvoir via la société Areva, a son fan club sur un réseau social.

L’affluence est encore confidentielle, mais elle conduit les sympathisants, un à un, sur la page officielle du site du parti. Qu’importe si le design reste pompier et si les gif animés sont démodés. Comme dit en langue bambara : doni doni, petit à petit, l’oiseau fait son nid…

Les autorités ont pris le train en marche. Le gouvernement compte en son sein un ministre des Transports, des Postes et de l’Economie Numérique. Il soutient des campagnes d’initiation à Internet, la semaine nationale de l’Internet ou encore le Salon International des TIC et de la bureautique de Ouagadougou, le SITICO.

Si on « débrouille » pour avoir accès au hardware, il reste à prier pour obtenir une connexion stable. Pendant la canicule d’avril, les coupures d’électricité épuisaient les batteries d’ordinateurs.

En mai, les ouvriers qui réfectionnaient le bitume de l’avenue de la Liberté sectionnaient, par inadvertance, la fibre optique, isolant de la connexion des quartiers pendant deux semaines. En mai, c’était un acte de vandalisme sur une chambre de tirage. Pour quelques fils en verre ou en plastique… L’Internet fait vraiment fantasmer tout le monde…

Damien Glez

Slateafrique

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2011 à 14:58, par le riche En réponse à : Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

    ça veut dire Blaise Compaoré compte 16 millions d’amis Burkinabè moins ces 29 "b"urkinabè qui sont amis de la page face book "BCD".Conclusion le peuple dans son entièreté a plus que jamais besoins de son président.

    • Le 15 novembre 2011 à 16:23, par le fils En réponse à : Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

      cela n’est pas vrai mon frère.Parmi tes 16 millions combien savent ulilisé l’ordinateur,n’en parlons pas d’avoir une connection internet.Sans rancune.

    • Le 15 novembre 2011 à 16:35, par TAO En réponse à : Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

      tu parles vraiment comme un pauvre riche. ça ne veut pas dire que le peuple à besoin de son président, mais tout simplement, il n’est pas d’accord que son président parte de cette manière. Son mandat a une durée limité ; le peuple lui permettra d’achever son mandat et de quitter humblement pour que l’alternence se fasse comme le peuple souhaite.
      EN BON ENTENDEUR, SALUE !!!!

  • Le 15 novembre 2011 à 16:46, par la flèche enflambée En réponse à : Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

    facile comme calcul intellectuel. Combien de burkinabè honnête sont il au courant de ce site ? très peu mon cher ami sinon tu allais voir l’affluence.

  • Le 15 novembre 2011 à 17:23, par Le Kaïd En réponse à : Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

    Ce qui est sûr, notre président Blaise Compaoré doit partir dignement. C’est un défi pour tout le peuple. Nous n’accepterons pas qu’il subisse les manières honteuses qu’ont connu d’autres présidents. Il en a jusqu’en 2015. Nous sommes derrière lui, quoi qu’on l’est voté ou pas.
    La patrie ou la mort...!

  • Le 16 novembre 2011 à 08:50 En réponse à : Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

    C’est decevant pourl’attitudes de l’opposition de vouloir faire le printemps Arabe.Les Burkinabè ne sont pas les Arabes que "donne des coups.Le Burkinabé est lui même quoique notre intégrité ait pris un des revers

    • Le 16 novembre 2011 à 14:41, par BIEBEDIE En réponse à : Le Burkina Faso est-il prêt pour la révolution 2.0 ?

      a veut dire Blaise Compaoré compte 16 millions d’amis Burkinabè moins ces 29 "b"urkinabè qui sont amis de la page face book "BCD".Conclusion le peuple dans son entièreté a plus que jamais besoins de son président.

      Répondre à ce message

      *
      Le Burkina je fai mien de ce mésage nous avont besoin de ntre Président qui à travailler comme lui LE BURKIA
      EST SORTI DE BEAUCOUP DE CHOSE ENCORE 5 Anée pour Tonton des Burkinabé , travaillons bien auluie de vouloire des ???
      même si il n’est pas Parfait il à travailler suivons sont modelle merci une BURKINABE
      SUR LE NET JE NE SUIS PAS OBLIGER DE donnet mes cordonner

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