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FONDATEURS-VACATAIRES : Le nécessaire consensus

Publié le mardi 15 novembre 2011 à 01h13min

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Une semaine après l’accord arraché sur la question du taux de vacation dans le secondaire, les fondateurs d’établissements d’enseignement privés laïcs du Burkina l’ont rejeté dans une déclaration en date du 11 novembre 2011. Surprenant tout de même. Les fondateurs parlent d’un accord inique obtenu « dans un climat fait d’intimidations et de menaces ». C’est ce qui est curieux. La coordination régionale de Bobo- Dioulasso (où les cours sont fortement perturbés depuis le début de l’année) aurait-elle négocié sans se référer à l’instance nationale ?

C’est une situation difficile à imaginer parce que même dans un contexte tendu, les fondateurs ne peuvent remettre en cause leurs intérêts financiers à ce point. Ceux qui ont négocié ont-ils manqué de faire des simulations pour vérifier la faisabilité des propositions ? En tout état de cause, c’est un accord qu’on ne peut plus ignorer sous peine de provoquer le courroux de ces vacataires trop longtemps exploités. Il n’est un secret pour personne que ce domaine est une caverne d’Ali Baba. Et si l’Etat a décidé de s’impliquer pour arriver à cet accord, c’est qu’il y a péril en la demeure.

Face à la crise de la vocation et au chômage, de jeunes étudiants ont souvent constitué la masse des ouvriers de l’enseignement en acceptant toutes conditions de rémunération. Sous-payés, sans assurance ni sécurité sociale et privés de salaire pendant les vacances, ces personnes étaient même dans plusieurs cas, peu qualifiées pour leur boulot. Aujourd’hui, les vacataires ne veulent plus se contenter de ce qu’on leur donne. De plus, les griefs ne manquent pas contre les fondateurs d’établissements qui augmentent souvent sans préavis les frais de scolarité et dont la gestion des frais APE n’est pas toujours transparente.

Il y a même des établissements qui ressemblent à des boutiques de quartier où les professeurs sont mal payés et sont obligés de faire la grève pour réclamer leurs salaires. Seulement, dans une telle situation, c’est l’Etat qui doit prendre ses responsabilités. On aurait tort de contester les fondateurs d’établissements quand ils affirment que les nouveaux taux de vacation vont fragiliser leurs équilibres financiers. En clair, si rien n’est fait, c’est l’année scolaire qui risque d’être perturbée par des retards et des non-paiements de salaire. Il faut donc que l’Etat engage des négociations nationales sur la question de la vacation, ce qui aurait l’avantage de dépasser la question des taux pour embrasser les autres aspects de ce problème. Peut-être cela permettra-t-il d’obtenir un consensus entre vacataires et fondateurs dans un "climat plus serein" et avec un sens de responsabilité élevé.

Mais, de façon globale, l’Etat ne peut se désengager totalement de l’enseignement et laisser des gens avides de gains (heureusement, les promoteurs ne sont pas tous dans le même sac) s’imposer à tous. Il doit régenter en définissant les règles nécessaires à une qualité certaine de l’éducation parce que cela relève d’un devoir régalien. Ce devoir d’offrir une bonne éducation à chaque Burkinabè passe aussi et surtout par la construction en nombre suffisant d’infrastructures scolaires publiques. On ne doit pas laisser le sort de l’éducation entre les mains du privé, comme c’est de plus en plus le cas. Que l’Etat se réveille donc !

SIDZABDA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 novembre 2011 à 11:56, par un frère En réponse à : FONDATEURS-VACATAIRES : Le nécessaire consensus

    Oui !
    L’Etat doit prendre ses responsabilités et rappeler à l’ordre ses nombreux fondateurset oudirecteurs qui font la pluie et le beau temps dans l’enseignement de manière general.
    Je vous propose de vous poser ses trois petites questions :
    1- Quel est le cursus du fondateur et ou directeur ? Quel est son niveau de scolarisation ? Combien de fois il a eu affaire à la justice ?

    2- Quel est le taux de succès réel dans son établissement ? Qui y prodigue des enseignements ?

    3- Qu’est-ce qu’on fait de l’APE ? Et des paquets de paquets rames que certains fondateurs réclament soit disant pour les examens et autre.

    Juste un exemple : un très grand établissement de la place, reconnu miraculeusement par le CAMES a pendant des années formé des informaticiens qui tous ou presque tous réussissaient à l’examen de l’école mais moins de 1% de ce même effectif réussissaient au même type examen organiser par l’université, allez-y comprendre comment dans un tel contexte ce fondateur a pu avoir la reconnaissance de son diplôme par le cames.
    De même dans ce même établissement les frais de scolarité son passé de pratiquement 150 000f au début à pratiquement 700 000 Fcfa et plus aujourd’hui (plus de 400% d’augmentation) et comme par Maggie personne n’en parle du reste l’établissement à de plus en plus d’élèves.
    Qu’est ce qui ne va pas chez les Burkinabè ?

    Vous savez des exemples comme ça font légion et j’aimerai solennellement demander aux à autorités de prendre des dispositions pour enrayer ce fléau qui détruit l’avenir de nos enfants.
    Une proposition de debut de solutionnement serait :
    1- D’évaluer chaque année les établissements en donnant des notes
    a. Les qualités des infrastructures ?
    b. La proximité avec des lieux de perditions (bar, dancing etc) et de nuisance sonore
    2- Evaluer Les enseignants (cursus et expérience, cv)
    a. Chaque établissement devrait afficher une liste complète des enseignants avant la rentrée scolaire
    b. Créer un site ou mettre à jour le site qui répertorie la liste tous les enseignants du Burkina par matière en mentionnant bien sur leur diplôme
    c. Rendre ce site accessible au publique

    3- Créer un mode d’évaluation des établissements par les parents (une fois l’an)
    4- Créer un site qui donne les taux de succès aux examens ? par établissement
    a. Avoir un classement des établissements
    b. Créer une alerte pour les établissements à éviter
    5- Fixer une limite supérieure à la scolarité.
    a. Créer un centre de suivi de respect de la limite de scolarité
    b. Ce centre pourra réceptionner les plaintes des parents (voir ce qui existe au niveau du trésor pour le marché public)
    6- Fixer un taux horaire national des frais de vacation par matière
    a. Créer un centre de suivi de respect du taux horaire
    b. Ce centre pourra réceptionner les plaintes des parents (voir ce qui existe au niveau du trésor pour le marché public)

    Juste une contribution pour une amélioration de la qualité de l’enseignement au Burkina.
    Il n’y a rien de parfait mais je pense que cela pourra servir de base.

  • Le 15 novembre 2011 à 13:59, par le juste En réponse à : FONDATEURS-VACATAIRES : Le nécessaire consensus

    je vous informe qu’actuellement il est difficile pour un etudiant d’obtenir la vacation car en realite ce sont des enseignants des etablissements pulics qui ont pris tout en otage et fermant la porte aux etudiants en fin de cycle.on boycotte parce que quelque soit alpha,on aura du pain a manger.ça vous apprendra.

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